Mercredi après-midi, le port de Sidi Bou Saïd s’apprête à devenir le théâtre d’une scène inédite : le départ d’une flottille internationale en direction de Gaza. Vers 16 heures, heure de Tunis, des dizaines de navires prendront la mer sous les applaudissements de la foule, réunie pour saluer ces bateaux qui vogueront vers une zone assiégée depuis plus de 17 ans.
« Le port sera réservé aux participants, mais les habitants sont invités à venir sur la plage voisine pour assister au départ et dire au revoir aux navires », confie Wael Nawar, membre de la coordination maghrébine de la flottille.
Une mer, espace de liberté
Parmi les soutiens, la députée européenne Rima Hassan, élue de La France insoumise, insiste sur la portée symbolique du geste. « La mer, c’est un espace de liberté. La reprendre comme tel, c’est envoyer un signal fort », explique-t-elle, consciente de la résonance politique et humaine de cette traversée.
Des attaques qui n’entament pas la détermination
La route n’est pas sans dangers. Dans la nuit de mardi à mercredi, le navire Alma, battant pavillon britannique, a été la cible d’une attaque par drone alors qu’il était amarré dans les eaux tunisiennes. Un incendie s’est déclaré sur son pont supérieur, maîtrisé rapidement sans faire de blessés. La veille, un autre bateau avait déjà été visé. Les organisateurs dénoncent des « tentatives de sabotage » et pointent du doigt Israël, accusé de vouloir empêcher l’initiative.
« Ces attaques ne font que renforcer notre détermination », martèle Rima Hassan. « Nous savons pourquoi nous partons : pour briser le blocus et rappeler au monde l’urgence humanitaire à Gaza. »
Une mobilisation sans précédent
Jamais une flottille d’une telle ampleur n’avait pris la mer pour Gaza. Près de vingt navires venus d’Espagne et d’Italie, soutenus par des organisations de plus de 40 pays, transportent militants et cargaisons d’aide humanitaire. Dans les ruelles de Sidi Bou Saïd, l’effervescence est palpable. Les habitants se préparent à saluer ce départ inédit, entre espoir, crainte et solidarité.
Au-delà des vagues et des menaces, cette flottille porte un message universel : celui de la liberté de circuler, de la dignité et du droit d’un peuple à recevoir une aide vitale.