La Tunisie est appelée à opérer un véritable changement de paradigme, pour pouvoir surmonter les chocs mondiaux successifs, notamment géopolitiques, qui mettent systématiquement en lumière les dysfonctionnements et les risques liés aux réformes de libéralisation des prix fortement encouragées par les institutions financières internationales, selon l’OTE.
Dans sa note intitulée «En Tunisie, les pompes de carburant craignent les guerres», l’Observatoire Tunisien de l’Économie.
appelle à l’élaboration d’une stratégie nationale centrée sur l’indépendance énergétique comme axe directeur. Cette dernière repose, essentiellement, sur “la nécessité de la reprise de la production nationale à travers de nouveaux contrats d’exploration et d’exploitation”.
“Cette stratégie devra être également accompagnée par une révision du code des hydrocarbures et des contrats en place ou en fin de vie, afin de les renégocier selon une stratégie de l’Etat qui prônerait la souveraineté énergétique”.
En 2024, la production intérieure tunisienne en pétrole ne couvrait que 36% de la demande annuelle en produits pétroliers, observe l’organisation, précisant que 99,9% des importations de pétrole brut durant cette même année proviennent d’Azerbaidjan (1960 Millions de dinars). Cette situation reflète une forte dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur, souligne l’Observatoire.
La Tunisie demeure, ainsi, vulnérable aux aléas du marché international, pouvant être confrontée à des arbitrages défavorables, des retards d’approvisionnement, voire à des hausses brutales des coûts en cas de tensions géopolitiques ou de perturbations logistiques, estime la même source.
Accorder plus d’attention à la STIR
L’Observatoire a, d’autre part, insisté sur l’importance d’accorder plus d’attention à la Société Tunisienne des Industries de Raffinage (STIR), en lui consacrant plus de moyens financiers et humains, étant donnée que les produits pétroliers représentent le plus gros fardeau et coût énergétique supporté par l’Etat. L’objectif étant de renforcer la production d’hydrocarbures et de réduire les importations de produits finis.
En 2024, la STIR n’a produit que 25% des besoins en produits pétroliers du pays et ce taux de couverture chute à 11% si l’on ne considère que la production destinée au marché local, rappelle l’observatoire, faisant remarquer que l’unité de platforming, essentielle à la production d’essence sans plomb a connu un arrêt total durant la même année.
«Cela vient renforcer les besoins stratégiques d’investissement dans la STIR et le raffinage du pétrole et l’inscrire dans le plan de développement 2026-2030 », observe l’OTE.
Par ailleurs, il est essential d’instaurer une stratégie de transition vers une mobilité « verte » pour réduire la consommation de produits pétroliers, recommande encore l’organisation. Cette transition implique, d’une part, le renforcement du transport public, afin de limiter l’usage des véhicules individuels et, d’autre part, la mise en place d’orientations stratégiques claires en matière de véhicules à propulsion alternative (électrique, hybride, hydrogène, etc.).
Il s’agira, également, de favoriser l’accessibilité financière de ces véhicules pour les citoyens, tout en développant les infrastructures nécessaires, notamment les stations de recharge, afin de soutenir efficacement cette évolution vers une mobilité plus durable.