Les changements climatiques provoquent une perturbation significative du calendrier agricole en Tunisie et menacent la sécurité alimentaire en raison de l’instabilité des récoltes, c’est ce qui ressort d’une étude, publiée, récemment, par le Bureau “Heinrich Böll Stiftung” Tunis (Fondation allemande), sur “Les petits agriculteurs face au changement climatique: perceptions et mécanismes de résilience”.
Cette étude met en lumière la profondeur et l’importance des effets des changements climatiques sur le secteur agricole en Tunisie, en révélant, notamment, les menaces qui pèsent sur les écosystèmes, qu’ils soient végétaux ou animaux.
Passant en revue les divers mécanismes d’adaptation, adoptés par les agriculteurs, pour faire face aux impacts de ce fléau, l’étude a souligné que ces mesures « manquent de durabilité et d’efficacité lorsqu’ils ne sont pas intégrés dans un cadre plus général, ce qui exige une approche globale de la part de l’État ».
A ce propos, l’étude a relevé que « les politiques et les engagements de l’Etat ne suffisent pas à faire face aux répercussions de ce phénomène ».
Ainsi, elle présente une série de recommandations pour «lutter contre les répercussions du changement climatique dans le secteur agricole, tout en suivant un cadre analytique basé sur le concept des “communs””, désignant des formes d’usage et de gestion collective d’une ressource ou d’une chose par une communauté. Il s’agit d’«un modèle alternatif capable d’offrir à l’agriculture les moyens de résister au dérèglement climatique ». L’objectif étant de garantir la résilience et la durabilité du secteur agricole.
Tout d’abord, l’étude propose de «refuser de soumettre le développement national aux contraintes de la mondialisation», ce qui « implique de réorienter la production agricole vers la consommation locale dans le but d’approvisionner la société, tout en soutenant les agriculteurs tunisiens ».
ans ce contexte, le rapport estime que « la majorité de la production agricole tunisienne est orientée vers l’exportation, en se basant sur les avantages comparatifs, finalement illusoires, sans tenir compte des priorités de l’économie nationale et des objectifs de développement local ».
Par ailleurs, il souligne que l’Etat doit réviser les systèmes de production considérés stratégiques (l’olivier, les dattes, les agrumes, etc.) et les remplacer par d’autres systèmes (céréales, viandes, fourrage, etc.), ce qui permettrait de garantir l’autosuffisance de la population et de se libérer de l’emprise des marchés mondiaux.
L’Etat est appelé, aussi, à investir dans le développement rural en créant une infrastructure qui assure une vie décente aux habitants des zones rurales, tout en préservant les terres, les ressources naturelles et les écosystèmes ; à augmenter les dépenses publiques au profit de l’agriculture ; à promouvoir les marchés de proximité afin de réduire les coûts à long terme liés au transport et au stockage des denrées alimentaires, …
D’après l’étude, il est impératif, également, d’encourager les systèmes de production axés sur la diversification des produits ; de soutenir les choix de produits agricoles qui ne nécessitent pas des ressources en eau en grandes quantités et qui sont adaptés aux conditions climatiques locales ; de revaloriser l’élevage, secteur qui présente plusieurs avantages pour la régénération des écosystèmes ; de créer des coopératives de production et de consommation pour implanter des méthodes de prise de décisions participatives