L’année a commencé sous un ton général d’optimisme, soutenu par des perspectives de croissance économique favorables, des cycles de réduction des taux directeurs par les banques centrales des principales économies avancées, et un sentiment globalement constructif des investisseurs. À ce moment-là, les investisseurs et les analystes concentraient leur attention sur tout signe susceptible de révéler l’orientation de l’économie américaine sous la nouvelle administration du président Trump. Le nouveau gouvernement a été inauguré avec un mandat fort, ainsi qu’une volonté claire de bouleverser les politiques et de soutenir un programme favorable aux entreprises, suggérant la fin d’une prise de décision « comme d’habitude ». Ce changement a d’abord été accueilli avec optimisme, les marchés attendant des réductions d’impôts supplémentaires et une profonde déréglementation. Ces attentes ont soutenu un rallye des actions américaines et du dollar, indiquant une surperformance mondiale des États-Unis.
Cependant, le sentiment du marché a commencé à s’inverser fortement lorsque le nouveau gouvernement a commencé à dévoiler son programme politique. Le 2 avril, le président Trump a déclaré le « Jour de la Libération », annonçant des droits de douane massifs – incluant un taux de base de 10 % sur toutes les importations, et des taux plus élevés sur certains pays – avec pour objectif vague d’affirmer l’indépendance économique des États-Unis. Les marchés financiers ont réagi négativement à ces annonces, les rendements des bons du Trésor américain augmentant sous l’effet des craintes d’une déstabilisation des anticipations d’inflation et d’un affaiblissement de la crédibilité des politiques, tandis que les discours sur la croissance débattaient des risques de récession, et que les principaux marchés boursiers revenaient à leurs niveaux d’avant l’élection.
L’indice des conditions financières (FCI) fournit un résumé informatif de l’état global des marchés dans les économies avancées. Le FCI a grimpé après le Jour de la Libération, atteignant brièvement des niveaux typiquement associés à des périodes de stress, interrompant la tendance antérieure à l’assouplissement des conditions. À notre avis, ces perturbations du marché s’avéreront temporaires, et les conditions financières devraient s’améliorer et reprendre une tendance plus favorable. Nous examinons les trois principaux facteurs qui soutiennent notre perspective.
Premièrement, les banques centrales des deux principales économies avancées devraient poursuivre leurs cycles de réduction des taux directeurs, ce qui contribuera à faire baisser les taux d’intérêt mondiaux. Aux États-Unis, l’inflation revient progressivement à l’objectif de 2 % fixé par la politique monétaire, tandis que le consensus de croissance économique a été revu à la baisse à 1,4 % pour cette année, soit la moitié du taux de 2,8 % en 2024. Ces conditions devraient inciter la Réserve fédérale à procéder à deux nouvelles baisses de 25 points de base (p.b.) de son taux directeur au cours de l’année, portant la borne supérieure du taux de référence à 4 %. Dans la zone euro, la modération des pressions salariales et des prix des services soutient la tendance à la désinflation, tandis que les perspectives de croissance continuent de se dégrader. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) devrait procéder à une baisse supplémentaire de 25 p.b. au cours de l’année, portant le taux de dépôt de référence à 1,75 % d’ici fin 2025. Des taux directeurs plus bas de la part de la Fed et de la BCE réduiront davantage les coûts d’emprunt pour les ménages et les entreprises, soutenant ainsi la consommation et l’investissement.


Dans l’ensemble, selon nous, après une période de forte volatilité des marchés, les conditions financières dans les économies avancées reprendront progressivement leur tendance positive vers un environnement plus favorable, soutenu par des cycles d’assouplissement monétaire, une amélioration des écarts de crédit des entreprises et un environnement propice aux marchés boursiers.


