FITA - AfriqueL’Afrique entend sensibiliser les États à activer, de manière concertée, l’effet de levier des grands chantiers d’infrastructure. Au final, cela pourrait déboucher sur un vaste plan d’aménagement continental ?

FITA 8 : une plateforme pour penser les infrastructures

FITA 8, comme les éditions précédentes, a réservé un espace de réflexion au dossier essentiel de la connectivité des réseaux d’infrastructure. Auparavant, la conférence se concentrait sur les connexions routières, désignées comme les « Corridors de la croissance ». Une approche logique, puisque FITA accorde une priorité à l’expansion des échanges intra-africains. Dans cette perspective, la logistique devient cruciale, et les réseaux ainsi que les ports sont au cœur des objectifs.

« L’Afrique ne veut pas se barricader, mais bâtir avec ses propres compétences. »

 

FITA 8 reste sur cette trajectoire, tout en élargissant le champ aux grands chantiers en tant que catalyseurs de la croissance durable en Afrique. Une orientation qui correspond à la réalité : quand le bâtiment va…

L’Afrique, terrain de jeu des opérateurs étrangers

Selon certains experts, les besoins en investissement dans les infrastructures africaines s’élèveraient à 170 milliards de dollars par an. Or, les réalisations effectives n’en représentent que 70 milliards. Le déficit annuel est donc de 100 milliards, attisant les convoitises.

Les opérateurs internationaux – comprenez extra-continentaux – affluent, forts de moyens considérables et d’un avantage structurel dans la chaîne EPC (Engineering, Procurement, Construction). À cela s’ajoute un meilleur accès aux financements internationaux et aux crédits publics, grâce à des réseaux d’influence plus étendus. Les opérateurs locaux, eux, se retrouvent relégués au rôle d’exécutants.

« Labelliser les expertises africaines, c’est renforcer la confiance des États en leurs propres opérateurs. »

 

Quelques exceptions existent néanmoins : le barrage de Rufiji en Tanzanie ou le port de Gabès en Tunisie ont été réalisés sous maîtrise locale. Mais dans l’ensemble, l’offre internationale, mieux structurée, finit par s’imposer.

Vers une souveraineté infrastructurelle africaine

Face à cette réalité, les opérateurs locaux aspirent à un changement. Non pas pour fermer le Continent, mais pour pouvoir rivaliser à armes égales, via des partenariats équilibrés. Pour y parvenir, ils misent sur la labellisation continentale des compétences dans la chaîne EPC, avec des standards communs inspirant confiance aux États.

Ce système faciliterait également les accords de mobilité entre pays africains pour les professionnels qualifiés. En matière de financement, le recours au partenariat public-privé (PPP) est privilégié, évitant ainsi la dépendance à l’aide étrangère.

« Construire l’Afrique par les Africains : une ambition devenue urgence. »

Un plan d’aménagement continental en perspective ?

Poussée à son terme, cette dynamique pourrait aboutir à la création d’une autorité « Build Africa », en lien avec la volonté d’intégration continentale. L’objectif : loger l’Afrique sous son propre toit. Une ambition claire, fondée sur une logique de souveraineté, d’ingénierie locale et de solidité durable.

Ali DRISS

Indicateurs clés

  • 170 milliards $ : besoins annuels en infrastructure en Afrique.
  • 70 milliards $ : investissements réalisés chaque année.
  • 100 milliards $ : déficit annuel en travaux d’infrastructure.
  • 2 exemples notables : barrage de Rufiji (Tanzanie), port de Gabès (Tunisie).
  • 1 proposition forte : création d’une autorité “Build Africa”.