Peu connu dans le passé, le phénomène des faillites d’entreprises industrielles commence à être visible. En 2024, trois entreprises cottées en bourse ont été amenées, par décision judiciaire, à se déclarer en faillite.
Ces entreprises ont fait l’objet d’une procédure de liquidation judiciaire. Principalement, cette procédure concerne les entreprises qui sont en état de cessation de paiements ou qui se trouvent dans l’impossibilité de se redresser efficacement. En effet, les entreprises en liquidation judiciaire se retrouvent généralement dans une situation d’endettement, voire elles ne peuvent pas faire face à leurs passifs exigibles avec leurs actifs disponibles. Cette procédure se met en place dans le but de mettre une fin à l’activité d’une entreprise en difficulté de manière définitive.
Gif Filter liquidée au mois d’Octobre 2024
Pour revenir aux liquidations des entreprises précitées, la plus récente a été celle de la société « Gif Filter », spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de filtres de voitures. Elle a été déclarée, le 22 octobre 2024, en faillite par le tribunal de première instance de Grombalia.
Cette décision a été justifiée par l’insolvabilité de l’entreprise et l’impossibilité de son sauvetage.
“La multiplication des liquidations judiciaires dans le secteur industriel tunisien sonne l’alarme.”
Première conséquence de cette décision, la suspension, à partir du 25 octobre 2024, de la cotation en bourse des titres «Gif Filter». 2ème conséquence : la décision du tribunal implique la vente de l’usine et des propriétés de cette société, dont une ferme située à proximité de son siège et deux entrepôts à Sfax et Djerba.
Employant 150 personnes, l’entreprise était confrontée à plusieurs difficultés depuis trois ans. Elle a été mise en redressement judiciaire depuis septembre 2022.
Electrostar liquidée au mois de juillet 2024
Vient ensuite la liquidation de l’entreprise Electrostar, société spécialisée dans l’électroménager.
La société a été déclarée en faillite par le tribunal de première instance de Ben Arous, le 15 juillet 2024. Cette décision signifie que la société ne peut plus payer ses dettes et est désormais en liquidation judiciaire.
“Les difficultés financières, l’endettement et les retards de paiement de l’État sont parmi les principales causes de ces faillites.”
Cette décision judiciaire nous apprend également que la société n’a pas pu bénéficier d’un plan de redressement judiciaire. Cette décision a été motivée par l’incapacité de la société à régler ses dettes depuis le 6 juillet 2023.
Servicom liquidée au mois de mars 2024
La troisième faillite est à l’actif du groupe Servicom, société spécialisée dans les services liés aux travaux publics.
Le tribunal de première instance de Tunis a confirmé, au mois de mars 2024, l’état de cessation de paiement du groupe Servicom (société mère et filiale Servicom Industrie), et prononcé, en conséquence, la mise en faillite du groupe.
A l’origine de cette liquidation, les difficultés financières rencontrées par une des principales filiales du groupe, en l’occurrence Servitra qui représentait près de 70% du chiffre d’affaires consolidé du groupe.
“Les autorités doivent mettre en place des mesures pour soutenir les entreprises en difficulté et prévenir les faillites.”
Selon les dirigeants de Servicom, la filiale a été déclarée en faillite, le 11 janvier 2022, en raison du retard de paiement de ses factures par l’Etat et de la fluctuation importante de ses coûts d’achats cumulés avec l’absence d’un mécanisme efficace qui reflète la variation des prix dans les marchés publics.
Comme le stipule la législation, suite à ces liquidations, des syndics de faillite ont été désignés pour gérer la cession de ces entreprises et de leurs actifs en coordination avec le juge d’entreprise. Les revenus de la cession serviront à rembourser les dettes de la société envers la recette des finances et la caisse nationale de sécurité sociale, en donnant la priorité au remboursement des montants dus aux employés.