Un constat : des développeurs d’énergies renouvelables (EnRS) privés français ont remporté, ces deniers mois, des appels d’offres pour construire des fermes solaires et éoliennes en Tunisie. En l’absence de statistiques précises, la capacité programmée est estimée entre 200 et 250 mégawatts probables dont 160 MW confirmés.

Pour ne citer que les contrats remportés, récemment,  par des développeurs français, quatre projets méritent qu’on s’y attarde.

Les marchés remportés par les développeurs français

Il y a lieu de signaler, en premier lieu, le marché décroché, au mois de mai 2024, par le groupe Voltalia, entreprise française spécialisée dans la production d’électricité à base d’énergies renouvelables.

Le contrat remporté porte sur un projet de ferme solaire de 130 mégawatts localisé dans la région de Gafsa (sud-ouest de Tunisie). Les travaux de construction de cette ferme débuteront en 2025 tandis que la mise en service est prévue en 2026.

La production de cette future centrale sera équivalente à la consommation de plus de 700.000 habitants. Les revenus du projet proviendront d’un contrat de vente d’électricité de 30 ans avec la STEG, opérateur du réseau public tunisien.

Avant Voltalia, le groupe français Qair, fournisseur d’énergie renouvelable indépendant, a obtenu, début mai 2024, un financement de 7,8 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)pour construire et exploiter deux fermes solaires, d’une capacité de 10 MW chacune. Les deux fermes sont localisées dans la ville de Feriana (Kasserine,  ouest de Tunisie).

Un constat : des développeurs d’énergies renouvelables (EnRS) privés français ont remporté, ces deniers mois, des appels d’offres pour construire des fermes solaires et éoliennes en Tunisie.

Le groupe Qair s’est distingué, en juin 2022 en Tunisie en mettant en service la première centrale solaire flottante de Tunisie sur le lac de Tunis.

Pour sa part le développeur d’énergies renouvelables Avento Conseils va superviser la réalisation d’une ferme solaire de 10 MW à Gabès (sud est de Tunisie), et ce, en partenariat,  avec son associé français Hannibal énergies s’est vue attribuer, en novembre 2022.

Le parc sera constitué de 18 000 panneaux photovoltaïques bifaciaux installés sur des trackers, pour une production optimisée de 23 GWh par an. Sa mise en service est prévue, pour novembre 2025. Il devra être opérationnel pendant 20 ans, extensible de 5 ans, conformément au contrat d’achat d’électricité signé par Avento.

En l’absence de statistiques précises, la capacité programmée est estimée entre 200 et 250 mégawatts probables dont 160 MW confirmés

Et pour ne rien oublier, le groupe français EDF ENR, spécialisé dans la mise en œuvre de projets d’autoconsommation photovoltaïque (marché en pleine croissance), a inauguré,  le 28 février 2024, une nouvelle filiale en Tunisie.

Pour mémoire EDF ENR  conçoit, commercialise, installe et maintient des solutions solaires photovoltaïques pour les particuliers et les professionnels. Il a pour but d’accompagner les acteurs économiques tunisiens dans leurs stratégie de décarbonation.

La filiale mettra son expertise dans le domaine de la production d’énergie photovoltaïque à disposition de ses clients en Tunisie via un accompagnement pendant toute la durée des projets à travers des solutions clé en main, des produits innovants et un réseau de partenaires locaux.

A l’origine, l’amélioration de la visibilité du secteur pour les investisseurs

Cette percée des développeurs d’EnRs français n’a pu se réaliser, ces derniers temps, que grâce à trois initiatives prises récemment par le gouvernement tunisien pour améliorer le climat d’investissement dans le secteur du solaire.

Ia première consiste en la solution du problème du transport d’électricité produite à partir des EnRs. En vertu de l’ arrêté publié dans le JORT du 11 décembre 2023 le transport de ce type d’énergie d’un lieu à un autre est tributaire du payement par le développeur du coût du transport, et ce conformément à la loi du 11 mai 2015.

La deuxième initiative concerne l’élaboration d’un pacte de régulation devant aboutir à la création d’une autorité de régulation indépendante pour le secteur de l’électricité produite à partir des Enrs.

Le gouvernement tunisien projette de produire 35 % de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2035

Réclamée, depuis des années par les développeurs privés, cette autorité aura pour mission de réglementer les prix et les tarifs conformément à la réglementation régissant les EnRS, le règlement des litiges et l’arbitrage, ainsi que la gestion de tout le processus des appels d’offres pour les projets de production d’énergie indépendante (IPP) conventionnels et renouvelables sous trois régimes : concession, autorisation et autoproduction.

La troisième initiative en cours de gestation porte sur le projet d’élaboration d’un nouveau code dédié aux énergies renouvelables. Objectif principal : amender le cadre légal en matière de production, de transport et d’export d’électricité et d’hydrogène vert.

Le solaire, un marché en pleine croissance

Par delà ces éclairages, il faut dire que le marché du solaire est en pleine expansion. Avec 300 jours d’ensoleillement par an, l’énergie solaire en Tunisie est devenue, avec l’abandon progressif des énergies fossiles, compétitive par rapport aux centrales thermiques qui dépendent principalement du gaz naturel importé.

A fin 2022, la capacité totale installée d’énergies renouvelables en Tunisie a atteint 503 MW dont 223 MW d’éolien, 62 MW d’hydraulique, 20 MW de photovoltaïque raccordé et 158 MW de solaire en autoconsommation. Des chiffres encore très loin de l’énorme potentiel exploitable du photovoltaïque, évalué entre 340 et 844 GW par l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie (ANME). Le gouvernement tunisien projette de produire 35 % de son électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2035.