Caractère génétique ? Héritage culturel ? Habitude ? La posture est la même : les Tunisiens adorent le « raccourci arabe ». C’est un réflexe que nulle règle, nulle procédure, nulle loi n’a pu vaincre à ce jour et en plus, nos concitoyens ont de l’imagination lorsqu’il s’agit de prendre le raccourci !

Dans les intersections indiquées par une signalisation dite stop ou “cédez le passage”, au lieu de marquer un temps d’arrêt pour permettre le passage aux véhicules circulant sur les autres routes, le conducteur tunisien s’arrange pour mettre la partie avant de la voiture au beau milieu de la route contraignant les autres conducteurs à stopper net, lui donnant la priorité.

Si un conducteur circule sur une voie rapide qui finit par un rond-point ou un feu de la route, il trouve le moyen de dénicher une bifurcation à gauche ou à droite avant le rond-point, même si conduisant à un complexe administratif ou réservé à des institutions privées ou autres, et il évite ainsi le tronçon feu ou agent de la circulation pour se trouver devant tous les autres conducteurs sur l’autre bout de la voie.

Nos chers conducteurs vont plus loin. Ils empiètent très souvent sur les voies métriques des trains légers prenant le risque de voir un métro surgir de nulle part. Ceci sans oublier le chevauchement d’une ligne continue, la circulation sur la bande d’arrêt d’urgence, le refus de priorité, la circulation en sens interdit et j’en passe !

C’est comme cela, les Tunisiens ne veulent pas se casser la tête ! Déjà qu’ils sont trop épuisés par une fatigue insupportable au travail, une productivité impensable dans d’autres pays et un dévouement sans faille à leurs devoirs et obligations citoyens. (Sic)

C’est d’ailleurs pour cela que vous ne verrez jamais un Tunisien enfreindre les règles écrites ou non écrites régissant la collectivité dans laquelle il vit. Il est d’ailleurs connu par sa posture disciplinée. Ainsi, il se met automatiquement en rang et attend son tour, il ne dépose jamais ses ordures ménagères sur la voie publique ou devant les portes des voisins par respect pour la salubrité publique. Il ne jette jamais les sachets en plastique par terre par respect pour l’environnement et ne fonce jamais dans les grandes surfaces à la moindre rumeur vidant les rayons dans une frénésie d’achat qui prive ses compatriotes de disposer de produits de première nécessité. Au contraire le Tunisien est responsable, altruiste, fait preuve de courtoisie et applique les règles de conduites favorisant le vivre-ensemble. (Resic)

Le Tunisien qui assiste chaque jour, que le bon Dieu fait, aux campagnes frénétiques pour la lutte contre la corruption ne cherchera pas le moyen de faire de l’évasion fiscale ou de se faire épauler pour avoir un avantage dans l’administration publique, nommer un proche ou vendre un poste administratif ! En bon citoyen, il ne tirera pas les bénéfices individuels égoïstes lors d’une prise de décision démocratique, il verra le mieux pour tous ses compatriotes et le pays dans son ensemble et instaurera un climat de confiance et de paix ! (Re-re-sic).

Devrons-nous en rire plutôt qu’en pleurer ?

Pourquoi le Tunisien perd de plus en plus son sens civique ?

Pourquoi n’a-t-il plus le sentiment d’être un citoyen appartenant à une entité, une nation appelée Tunisie ?

Est-ce parce qu’il a été déçu par des politiques qui sont les premiers à enfreindre les lois sous différents prétextes rayant la valeur de l’exemplarité de la scène sociopolitique ?

Est-ce parce que les institutions ont été tellement affaiblies et ont dévié à leur rôle essentiel d’assurer la justice, l’égalité et la prospérité au pays que lui-même ne les respecte plus et ne s’y soumet plus usant de tous les subterfuges et de tous les raccourcis pour atteindre des objectifs égoïstes ?

Ou porte-t-il les gènes de l’opportunisme et de l’individualisme ? Des gènes qu’il transmet de génération à génération ?

Les Tunisiens auraient-ils hérité de l’égoïsme, de la paresse, de l’individualisme et du “raccourcis-me” d’une longue histoire de plus de 7000 ans et d’une multitude de races conquérantes et puis assimilées ?

Comment sauver l’Être tunisien de lui-même ? Par une révolution culturelle ? Ou grâce à l’apparition d’un leader visionnaire et clairvoyant ?