« L’Académie Diplomatique Internationale de Tunis est un acquis historique et un pôle de rayonnement de la diplomatie tunisienne », a déclaré son directeur général, Fayçal Gouiaa, dans une interview exclusive à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP).

« Elle ne manquera pas d’être au service des générations actuelles au niveau de sa noble mission. Ce projet représente une institution importante, non seulement dans la formation des futurs diplomates, mais aussi dans l’analyse, la perception et l’impact sur la prise de décision en matière de politique étrangère et de diplomatie », a relevé Fayçal Gouiaa.

Que représente l’inauguration de l’académie par le président de la République, Kaïs Saïed, le 15 janvier 2024, en présence du ministre des Affaires étrangères Nabil Ben Ammar et de son homologue Chinois Wang Yi ?

« L’inauguration de l’Académie par le Président de la République fut un moment historique et une opportunité unique pour le lancement de l’activité de l’académie. La présence du ministre des affaires étrangères chinois est un témoignage de profonde amitié envers la Tunisie et une expression des liens solides qui existent entre les deux pays qui célèbrent six décennies d’amitié et de coopération bilatérale », souligne M. Gouiaa.

« Les relations entre l’académie diplomatique internationale et la Chine sont des relations de partenariat, à l’instar de la coopération avec les autres pays. Les relations entre la Chine et la Tunisie sont des relations de coopération au service des deux pays amis une relation bilatérale multidisciplinaire ».

Il faut savoir que cette académie dans le domaine de la formation diplomatique représente un projet unique et une première au monde jamais réalisée dans l’histoire de la Chine émanant d’un don chinois d’environ 72 millions de dinars. L’académie diplomatique est bâtie sur près de 16.000 m2 construite sur 12.633 m2.

Les espaces de formation sont notamment composés de 5 salles de classe, de deux amphithéâtres de 60 et 120 places, d’une salle informatique, de deux laboratoires de langues, d’une bibliothèque, d’une salle multimédia et de 11 bureaux chercheurs.

L’académie dispose d’une salle polyvalente de 200 places et d’une salle de congrès de 500 places pour abriter les conférences et les meetings, rapporte M. Gouiaa.

Qui sont les personnes concernées par la formation dans l’Académie diplomatique internationale ?

« Nous formons les jeunes cadres des affaires étrangères qui ont le grade de Secrétaires des Affaires étrangères pendant deux ans après qu’ils aient réussi à un concours très consistant »,  a tenu à souligner le directeur général de l’académie.

« Après leur réussite au concours, les auditeurs suivent une année de formation théorique, puis une année pratique au ministère des affaires étrangères sous forme de stage. Ensuite, ils sont appelés à préparer un mémoire et à présenter leur soutenance face à un jury à l’académie ».
« Nous avons actuellement 50 auditeurs qui ont démarré leur formation depuis le 1er février 2024 », a ajouté M. Gouiaa.

S’agissant de la formation orientée vers l’international, dans le court et moyen terme, « nous allons former des diplomates étrangers d’où l’appellation d’Académie Internationale ».

« L’objectif pour notre établissement aussi est de former des diplomates étrangers au sein de l’académie et les demandes de certains pays pour former un certain groupe de diplomates commencent à venir petit à petit, moyennant paiement », a affirmé M. Gouiaa.

Il faut savoir que « cette institution est un établissement public à caractère non administratif (EPNA) qui a une indépendance financière, administrative et légale sous tutelle du ministère des affaires étrangères ».

«  Nous ne sommes pas un établissement à but lucratif, mais nous travaillons selon les règles de la comptabilité commerciale, et nous obéissons aux règles du droit commercial et nous sommes en train d’étudier ces demandes », a fait savoir le Directeur général de l’académie.

«L’académie diplomatique internationale a deux conseils : un conseil de l’entreprise qui met un avis sur le volet juridique, administratif et financier, et un conseil scientifique chargé des questions académiques qui émet un avis sur les programmes, les professeurs et les thèses ».

Troisième mission, la formation sur demande en matière de diplomatie et de coopération internationale des responsables tunisiens chargés de la coopération internationale au sein des ministères ou des institutions publiques qui travaillent dans les directions et ou les cellules chargées de la coopération internationale. Ces formations seront dispensées sur demande de la part de l’administration à l’instar de Présidence du gouvernement qui pourrait le décider.

Autre mission, la formation sur demande des fonctionnaires tunisiens appelés à travailler à l’étranger, tels que les cadres de l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (FIPA) ou ceux du Centre de Promotion des Exportations (Cepex).

La formation dans la diplomatie économique figure-t-elle parmi les principaux axes de l’académie diplomatique ?

« La diplomatie économique figure effectivement parmi les questions les plus importantes au programme de formation des auditeurs de l’académie. Elle est mise en relief par la formation comprenant une partie théorique, ainsi qu’une partie pratique composée de visites sur le terrain de sites tunisiens et étrangers implantés en Tunisie ».

« Pour étayer la formation, nous assurons des conférences présentées par des responsables économiques tels que ceux du Cepex ou de la Fipa et nous inviterons d’imminentes personnalités économiques et financières tunisiennes et internationales pour donner des conférences sur les institutions financières internationales, tels que des experts de la Banque Mondiale ou du FMI qui peuvent venir donner des conférences à nos jeunes diplomates », a relevé le directeur général de l’académie.

Pouvez-vous nous parler de la genèse de l’Académie ?

L’Institut diplomatique pour la Formation et les études (IDFE) était en service de 1994 à 2019, puis l’idée a été développée de passer d’un institut à une académie car elle a un rôle beaucoup plus large notamment par l’apprentissage des langues.

« En effet, nous disposons de deux laboratoires de langues. Nous enseignons les langues pour nos étudiants et aussi pour ceux qui veulent se former en langue spécialisée et nous comptons sur l’apprentissage de la langue arabe aux non-arabophones, qui constitue une activité à part au sein de l’académie ».

Avez-vous prévu l’organisation de conférences au sein de l’académie diplomatique Internationale ?

« Nous avons déjà organisé une conférence sur la réussite de l’expérience Singapourienne en matière de développement pour les auditeurs et en interne », a expliqué M. Gouiaa.

« Nous organisons cette semaine une manifestation avec l’Afrique du Sud et une autre manifestation avec les Etats-Unis d’Amérique est également prévue ».

« Généralement nos conférences sont organisées pour un public ciblé, soit aux fonctionnaires des affaires étrangères, soit aux universités tunisiennes, soit à des diplomates étrangers ».

Par ailleurs, il y aura des événements publics que les représentants de la presse seront invités à couvrir.

«  Il faut savoir l’académie peut aussi organiser deux autres types de manifestations dans le cadre de partenariats avec des institutions similaires, ou différentes pour l’organisation de conférences ou de colloques ou séminaires au profit d’autres organismes ».

« Demain par exemple, le bureau de l’ONU installé en Tunisie peut nous demander d’organiser un séminaire sur une question internationale et nous pourrons organiser conjointement cet évènement.

L’académie peut aussi offrir son centre de conférences pour abriter des colloques ou séminaires au profit aux organismes tunisiens ou étrangers qui souhaitent organiser des évènements ».

Quelles sont les principales missions de l’académie diplomatique internationale ?

« L’académie a pour mission la formation des diplomates tunisiens, le développement des compétences des diplomates tunisiens et étrangers, l’apprentissage des langues, l’élaboration d’études et de recherches dans le cadre d’un projet de think-tank et la publication d’une revue spécialisée en diplomatie et relations internationales, outre l’organisation de colloques et séminaires sur les toutes les questions d’intérêt global.

En effet, l’académie peut servir de centre de réflexion ou think-tank pour les décideurs qui donnent un avis ou et présentent une analyse sur une certaine position tunisienne sur certaines questions déterminées.

Nous sommes appelés, non seulement à former des diplomates et des futurs diplomates, mais nous agissons en tant qu’acteurs pour analyser la politique étrangère et pour aider les décideurs à prendre les décisions adéquates concernant les questions de relation internationale », a relevé M. Gouiaa.

« Autre mission de l’Académie, le développement des compétences des diplomates tunisiens et étrangers, à trois niveaux à savoir au début, au milieu de carrières et dans les positions supérieures de l’administration », a souligné Fayçal Gouiaa.

L’académie est aussi appelée à publier des revues spécialisées dans les domaines de diplomatie et de relation internationale ouvertes aux plumes nationales et internationales, qui seront dans un projet d’avenir comme le mentionne le décret gouvernemental 630 du 24 juillet 1999, a conclu le directeur général de l’Académie Diplomatique Internationale de Tunis.