Des députés de différents blocs parlementaires ont estimé que le projet de loi de finances pour 2024 ne répond pas aux aspirations du peuple tunisien, regrettant qu’il ne soit pas élaboré selon une approche participative. Mercredi, lors de la séance plénière consacrée à l’examen de ce projet de loi, le député du bloc national indépendant, Sami Rayes a indiqué qu’il s’agit d’un texte de loi “comptable par excellence”, soulignant que le budget de 2024 sera “sous pression”.

L’année 2024 s’annonce très difficile”, a alerté le député, évoquant des problématiques liées à la pression fiscale qui continueront à alourdir les citoyens, la persistance du chômage et le climat défavorable à l’initiative privée.

De son côté, le député du bloc “Pour que le peuple triomphe”, Néjib Akermi a qualifié le budget de 2024 de “budget de gestion”, ajoutant qu’il ne s’inscrit en aucun cas dans une politique de “compter sur soi”. Selon lui, ce projet n’est pas en mesure de créer de la richesse et d’améliorer la productivité des différents secteurs. Le parlementaire a souligné qu’il ne comporte pas des mesures en faveur des petits agriculteurs et des catégories démunies dont le nombre s’élève aujourd’hui à quatre millions.

“L’année 2024 s’annonce très difficile”, a alerté le député Sami Rayes.

“Le budget actuel n’a pas pris en considération les titulaires de diplômes supérieurs, dont le nombre augmente chaque année, et n’a pas accordé suffisamment d’intérêt ni au secteur de la santé, lequel est soumis à de véritables lobbies, ni à la filière du transport du phosphate, qui draine des recettes supplémentaires permettant de renforcer le budget de l’Etat”, a encore estimé Akremi, qui préfère “l’adoption d’un budget plus libéral au lieu d’un budget basé sur les taxes”.

De son côté, le député Youssef Tarchoun, a critiqué l’absence d’une diplomatie économique révolutionnaire et le manque de volonté d’adhérer au groupe des cinq pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), au lieu de se contenter de la coopération avec l’Union européenne. Il a pointé du doigt, aussi, le retard au niveau de la mise en place d’une réforme au sein des entreprises publiques, afin qu’elles puissent contribuer efficacement à l’effort de développement et de l’autosuffisance.

Pour sa part, le député Maher Gtari, a souligné que l’année 2024 doit être l’année de relance, à travers l’adoption d’un nouveau modèle économique en reconsidérant de nombreux textes législatifs, en l’occurrence le Code de Change, la Loi sur l’investissement.

“Ce budget n’est pas en mesure de créer de la richesse et d’améliorer la productivité des différents secteurs”, a estimé Néjib Akermi.

Le député indépendant, Mokhtar Ifaoui, estime, lui, que le budget actuel reflète les anciens choix économiques et financiers et reste fidèle aux instructions du FMI, notamment en ce qui concerne le gel des salaires et des recrutements dans la fonction publique face à la montée du chômage et de l’emploi précaire.

Selon le même député, ce budget n’a pas prévu une levée de la compensation, mais n’a pas non plus prévu de solutions à l’indisponibilité de plusieurs produits de base sur le marché, ni à l’évasion fiscale. “Il contribuera ainsi à appauvrir davantage les catégories vulnérables”. Le député a par ailleurs fustigé l’absence d’une vision claire concernant l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et l’amendement de son statut, mais aussi d’une vision de réforme économique globale et d’une diplomatie économique efficace.

“Ce budget n’a pas prévu de solutions à l’indisponibilité de plusieurs produits de base sur le marché”, a fustigé Mokhtar Ifaoui.

De son côté, la députée Meriem Cherif (Bloc Voix de la République) a estimé, elle aussi, que le projet de Loi de Finances 2024 “n’est pas à la hauteur des attentes du peuple tunisien”.

“Il ne permettra ni d’appuyer l’investissement, ni de favoriser la création d’emploi et de combattre la pauvreté, la marginalisation et l’immigration des jeunes ni d’orienter la compensation vers les ayants droit”. Selon elle, ce projet de LF 2024 consacre “la philosophie de compter sur soi afin de réduire l’endettement, à travers des choix difficiles qui ne seront pas favorable aux citoyens”.