Souverainiste, volontaire, proactive et engagée, c’est par ces mots que nous pouvons décrire désormais la diplomatie tunisienne prônée par Kais Saied, président de la République et défendue par Nabil Ammar, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’Etranger, qui assure être convaincu à 100/% par la ligne de conduite adoptée par le président.

Ce n’est pas une diplomatie au service du « prince » à entendre les déclarations de Nabil Ammar lors d’une rencontre de presse informelle au siège du ministère. « Les temps ont changé et les us et usages diplomatiques aussi. « Nous prônons une diplomatie nouvelle où les relations entre Etats sont d’égal à égal dans le respect de la souveraineté » affirme le ministre rappelant en cela ce que décrit la Charte des Nations-Unies comme « égalité souveraine » et qui consacre le principe d’égalité entre les Etats, indépendamment de leur puissance, de leurs richesses et ressources, de leur taille et de leurs poids sur la carte géopolitique et géoéconomique mondiale. Une égalité qui se traduit par le fait que les Etats ne sont soumis qu’à leurs intérêts supérieurs et suivent les normes et les politiques qu’ils définissent par eux et pour eux.

“Les temps ont changé et les us et usages diplomatiques aussi. Nous prônons une diplomatie nouvelle où les relations entre États sont d’égal à égal dans le respect de la souveraineté.” – Nabil Ammar, ministre tunisien des Affaires étrangères

« Nous ne voulons pas que nos relations avec nos partenaires se réduisent à des actes et accords de financements. Nous voulons un respect mutuel et nous tenons à préserver les intérêts nationaux sans que cela porte atteinte à notre dignité ».

Avec l’Europe, la Tunisie n’a jamais failli à ses engagements assure le chef de la Diplomatie, malgré le cafouillage de l’été dernier. Il rappelle l’incident d’un courrier officiel fuité par un haut représentant européen en Tunisie ! Un acte inacceptable. Cela étant, le Mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global reste d’actualité et pas de blocage à l’horizon. La Tunisie tient à préserver des relations courtoises et respectueuses avec tous les pays, Europe, pays arabes « où on la tient en haute estime » et ses proches voisins, Algérie, Libye et Maroc.

Diversifier les partenariats dans l’intérêt du pays

Le monde est vaste et la Tunisie bénéficie d’un capital sympathie important à l’échelle internationale. « Nous sommes sollicités par de nombreux pays qui veulent renforcer leur coopération avec nous. Nos alliances et relations historiques classiques ne doivent pas nous empêcher de nous ouvrir sur d’autres régions dans le monde ou entraver d’autres partenariats qui peuvent beaucoup apporter au pays ».

Aujourd’hui, la diplomatie a évolué estime le ministre et l’heure est à la responsabilisation des antennes diplomatiques qui doivent apprécier par elles-mêmes les postures à observer, les positions à prendre et les actions à engager dans le respect des grandes lignes dessinées par le président de la République quant à la politique étrangère.

“Il y a un avant Gaza et un après Gaza ! Personne ne peut se permettre de donner des leçons à qui que ce soit en matière de droits de l’homme après s’être tu sur ce qui se passe en Palestine.” – Nabil Ammar, ministre tunisien des Affaires étrangères

Les processus de décision doivent suivre la logique de l’intérêt national dans ses dimensions politique, stratégique et plus que jamais économique d’où l’importance de la diplomatie économique. « Le ministère des Affaires étrangères n’a jamais failli quant à son rôle important dans la dynamisation des relation économiques de la Tunisie à l’international. Nous avons toujours été présents. Nous encouragerons des approches proactives et réactives ».

Les représentations diplomatiques tunisiennes n’hésiteront pas à informer sur les mesures d’attraction des investissements étrangers sur le sol national et à aider les opérateurs nationaux à l’international, d’où l’importance d’une plus grande coordination entre les départements ministériels concernés et d’une meilleure synergie pour l’efficience des actions de la diplomatie économique.

La diplomatie économique sera donc renforcée et aussi la communication sur et pour la Tunisie après une léthargie qui n’a que trop duré et qui a été accentuée au cours des années 2019/2022. « Savez-vous qu’après le 25 juillet 2021, des instructions ont été données à nos antennes diplomatiques pour ne pas expliquer ou défendre la décision prise ce jour-là ? ».

Il y a un avant Gaza et un après Gaza !

La décision de geler l’ARP après le 25 juillet, 2021 a, pour rappel, soulevé de nombreuses critiques et a ouvert les portes grandes ouvertes aux critiques acerbes et déplacées de certains pays « démocratiques ». Ces mêmes pays qui voient aujourd’hui le génocide du peuple palestinien à Gaza sans lever le petit doigt, pire qui justifient les exactions israéliennes.

Aujourd’hui, personne ne peut se permettre de donner des leçons à qui que ce soit en matière de droits de l’homme. « Nous avons défendu la cause palestinienne que nous trouvons légitime. La Tunisie n’a jamais failli quant au soutien accordé au peuple palestinien. Nous avons toujours œuvré pour une solution équitable et défendu le droit des Palestiniens à un Etat libre et indépendant et nous sommes aujourd’hui étonnés par le silence assourdissant du monde à propos des carnages israéliens sur une population innocente. Personne ne pourra dans l’avenir s’autoriser à nous donner des leçons sur les droits de l’homme après s’être tu sur ce qui se passe en Palestine ».

“La Tunisie prône une diplomatie souverainiste qui met les intérêts nationaux au premier plan.” – Nabil Ammar, ministre tunisien des Affaires étrangères

Les deux poids, deux mesures s’agissant d’Israël, la non-application des résolutions des Nations-Unis et du droit international par un Etat hors la loi ne sont plus admissibles.

Face aux violences israéliennes à Gaza, seules les grandes puissances et en prime les Etats-Unis d’Amérique pourront mettre fin au drame que vit le palestinien.

Face aux campagnes féroces lancées par les médias occidentaux défendant aveuglement Israël et ignorant le drame palestinien, critiquant les positions de pays comme la Tunisie, le rôle des médias nationaux est déterminant pour dénoncer, expliquer, argumenter et convaincre une opinion publique internationale dont on veut détourner le regard sur un peuple colonisé subissant les pires exactions de la vérité des atrocités israéliennes sur terrain.

C’est une nouvelle phase pour de nouvelles pratiques diplomatiques que prône Nabil Ammar dans laquelle le maintien de bonnes relations entre les Etats amis est tributaire du respect mutuel et des règles de réciprocité et non des lignes de financement. Une phase où responsables au MAE et diplomates décident et engagent des actions pour préserver les intérêts nationaux. Une phase où la Tunisie veut faire entendre sa voix et être entendue même si elle doit en payer le prix fort.

Assisterons-nous à une ère d’un néo-souverainisme made in Tunisia ?