A son troisième congrès électif la Centrale patronale, en tant que syndicat, se veut à proximité de ses troupes. Et en tant que partenaire social, éclaireur pour les choix économiques nationaux.

CONECTVendredi 10 courant la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) a réuni à Tunis son troisième congrès. Et à l’occasion elle a organisé son assemblée générale élective. Tarak Cherif président sortant a cédé le flambeau à Me Aslan Ben Rejeb, successeur ‘’naturel’’, servi autant par son charisme personnel et ses qualités humaines que par son engagement dans l’activité de l’institution. CONECT reste toujours rivée sur le futur et se positionne comme partenaire social responsable.

De là vient son souci de peser sur les choix structurants que le pays est appelé à faire pour que l’économie reparte de bon pied, dans ce contexte de tourmente mondiale. Et c’est ce qui ressort de l’effervescence fructueuse qui a caractérisé sa plénière économique. A son troisième congrès la Centrale a fait le plein de troupes. C’est un signe de vigueur syndicale. Et dans le même temps un test, grandeur nature de la large représentativité nationale de l’institution.

Un Congrès et beaucoup d’ambition

C’est avec un brin de nostalgie empreint d’un air de fierté, au regard du travail accompli, que Tarak Cherif, a évoqué l’étincelle initiatique à l’origine de la création de CONECT. Le syndicat est né dans l’euphorie des évènements de 2011 et les travaux préparatoires se sont déroulés dans le sous-sol de la maison de l’entreprise, siège de l’IACE.

“C’est l’ambition pour un syndicalisme de proximité qui constitue la composante essentielle et le trait d’innovation de CONET”, a ajouté Tarak Cherif

Les pères fondateurs souhaitaient apporter une touche de pluralisme patronal, Tarak Cherif étant lui-même issu du Syndicat historique l’UTICA. C’est l’ambition pour un syndicalisme de proximité qui constitue la composante essentielle et le trait d’innovation de CONET. De ce fait les dirigeants ont été tout le temps sur terrain. Ils ont également cherché à être en pointe du débat national. C’est à ce prix que la CONECT protège son positionnement sur la scène ‘’patronale‘’

Reprise économique et souci de l’efficacité des filières

Le congrès a choisi de cogiter autour de la problématique de la performance économique. Les organisateurs ont privilégié le thème suivant :’’Filières économiques : menaces et aspirations, financement, accès au marché et complexité économique’’. Cela fut abordé en deux temps. Abdelkader Boudriga, président du ‘’Cercle des Financiers Tunisiens’’, avait planté le décor déplorant qu’avec autant de talents parmi nos RH bien jeunes et bien formées, l’équation managériale du moment sous carbure. Le flux de promotion d’entreprises nouvelles est faible. Et la dynamique d’expansion des entreprises existantes l’est tout autant.

La solution ne peut venir que d’un relèvement de la complexité économique, comprenez l’augmentation du taux d’intégration des filières. Pour illustrer son propos le président du Cercle de Financiers Tunisiens soutient que l’industrie des composants automobiles est moins intégrative que la construction de voitures elles-mêmes c’est-à-dire l’industrie de l’assemblage.

“Avec autant de talents parmi nos RH bien jeunes et bien formées, l’équation managériale du moment sous carbure”, a déploré Abdelkader Boudriga, président du Cercle des Financiers Tunisiens.

Et cela est vrai de tous les produits industriels complexes. Plus d’intégration renforce la croissance et donne une meilleure chance d’arrimage aux chaines de valeur mondiales. Ce fut ensuite, le tour d’un panel de managers de démontrer les carences du circuit de financement des entreprises, puis les pistes de captation des jeunes talents sollicités par l’international et tentés par le grand large.

Et enfin d’insister sur le renforcement de la recherche et développement comme leviers de renforcement de la complexité économique. Arbi Klebi, PDG de Vitalait, Nabil Chahdoura, PDG de Stusid Bank ainsi que Anas Rochdi, Innovation Officer chez Novation City de Sousse ont reconfiguré les pistes porteuses de l’amélioration de la performance des filières prenant exemple de la filière laitière comme étude de cas. L’orientation stratégique est ainsi dessinée. Et les recommandations pragmatiques abondent dans le sens que l’on devine :

Davantage de liberté économique et laisser faire le libre jeu de la concurrence.

Défendre la cause de l’entreprise et plaider en faveur du dynamisme économique

Connecte regarde l’avenir avec ambition et une volonté bien affichée de booster le mordant entrepreneurial qui habite les jeunes de ce pays. La Tunisie possède un potentiel remarquable notamment avec ses jeunes talents. Il convient de créer le climat favorable à la prolifération entrepreneuriale. Là réside la force de proposition de Conect.  Défendre les intérêts des entrepreneurs revient à suggérer les moyens de remettre l’économie sur les pistes de la performance. La posture est cohérente et la démarche est recevable.

“Davantage de liberté économique et laisser faire le libre jeu de la concurrence”, ont recommandé les experts de la plénière économique de CONECT.

Conect s’individualise par ce syndicalisme d’un genre nouveau. Il est plus dans l’intelligence stratégique et la lucidité managériale que dans la revendication des avantages et autres incitations. Ce courant nouveau ne manque pas de crédit et séduit par son originalité méthodologique.

Bon vent au nouveau président de Conect  Me Aslan Ben Rejeb et à son équipe.