L’Etat a émis un ‘’souverain’’ en devises sur la place de Tunis. Une escapade de secours en ces temps où le marché international de la dette boude le risque tunisien.

Les finances publiques sont à la peine. Le pays a besoin d’un appoint en devises notamment pour faire face au service de la dette. Un ‘’Eurobond’’ d’un montant de 500 millions d’euros, du ‘’lourd’’ en somme et ce ‘’gros pavé’’ vient à échéance. Sous pression d’un stress budgétaire obéré, le pays tout en étant en difficultés n’a pas manqué de ressort grâce une culbute de circonstance. Un souverain pour environ la moitié de la somme à régler a pu être levé, in extremis, sur le marché monétaire domestique, en devises. Et, ça passe…

Les agences nous prédisaient un risque de défaut

La croissance nous a joué un mauvais tour. Elle n’est toujours pas au rendez-vous. Pour user du langage d’ados, on dira qu’elle nous a posé un lapin. L’affaire a pris une tournure inquiétante mettant à mal les rentrées budgétaires. Il était inévitable de prendre appui sur la dette. De fait, notre solvabilité s’est trouvée surexposée.

Toutes les agences de notation ont cyniquement spéculé sur un éventuel risque de défaut à l’échéance de l’Eurobond. Et sans ménagement, ont dégradé notre rating en série jusqu’à l’antichambre du grade de défaut. Leur hypothèse de travail laissait entendre que faute d’un accord avec le FMI, la Tunisie ne pourrait émettre sur le marché international de la dette. Par conséquent le pays serait en situation d’illiquidité. Et là, Coup de théâtre !

Soudain, Le ‘’Happy End’’

Et voilà, un crédit syndiqué a pu être bouclé à domicile. En effet, une syndication au tour d’un pool de 18 banques de la place de Tunis a pu être mise sur pied. Le présent crédit syndiqué n’a pas été arrangé à la sauvette. Il a bien fait l’objet d’un accord de l’Assemblée des Représentants du Peuple. Ce crédit s’est fait sur deux monnaies à savoir l’euro et le dollar US. Sa contrevaleur est de 750 millions de TND. Les deux tranches du crédit se composent de 213 millions d’euros et 13 millions de dollars. Les taux de référence sont le ‘’Libor 6 mois’’ et ‘’ l’Euribor 6 mois’’ avec un taux de marge qui varie de 40 à 100 points de base au-dessus du Libor et de l’Euribor. Les maturités étant de 1 à deux ans.

Un pari risqué

Emettre un souverain sur un marché monétaire revient à faire de la transformation. Cela reste risqué mais ça passe. Ce n’est pas une hérésie, mais c’est tout de même un écart technique. C’est pardonnable, au vu des circonstances actuelles. Nous irions même jusqu’à soutenir que c’est de bon augure car cela préfigure un compartiment de marché de la dette, intra-muros.

L’architecture d’une telle annexe de marché est dans l’esprit de nombre de nos cambistes.

Quoi qu’il en soit le risque de défaut est loin de se réaliser. Du fait du principe de fongibilité des ressources, nos réserves de change, pouvaient subvenir à la tombée de l’eurobond. La finalité de ce souverain, en l’apparence une couverture de trésorerie, servirait-elle d’expérimentation à un futur compartiment de marché de la dette, que l’on n’en serait pas surpris. C’est également une preuve de confiance dans la robustesse du système bancaire national.

Du Grand art!