Trois scénarios ont été envisagés par Bloomberg à la suite du déclenchement de la guerre entre la Palestine et l’occupant israélien.

Le premier scénario prévoit l’invasion terrestre de Gaza, une guerre limitée au périmètre Gaza-Israël et une modeste réduction de la production du brut iranien avec pour résultat : une hausse de 4$ du prix du baril de pétrole et aucun impact sur le VIX (Indice de la Volatilité). Néanmoins, il y’aura -0.1 du GDP (Produit intérieur Brut) et +0,1% d’inflation.

Le deuxième scénario : une guerre multi-fronts : Gaza, Cisjordanie, Liban et Syrie et une instabilité au Moyen-Orient dont les conséquences seraient : +8$ du prix du baril de pétrole et +8% de VIX avec -o,3 points du GDP et +0,2% d’inflation.

Le troisième scénario pourrait être envisageable s’il y a un conflit direct entre Israël et L’Iran, de grands troubles au Moyen-Orient dont l’impact serait : +64$ du prix du baril de pétrole, un VI 16 points, -1% du GDP et +1.2% d’inflation.

La guerre en Palestine pourrait avoir un impact négatif sur l’économie tunisienne, notamment en faisant flamber les prix du pétrole

Goldman Sachs a pour sa part, indiqué que les contrats à terme sur le pétrole Brent ont augmenté de 6% depuis le début du conflit au Moyen-Orient au début du mois, et s’échangent autour de 89 dollars le baril. Les analystes s’attendent à ce que le Brent termine l’année à 88 dollars le baril. Selon Goldman Sachs, la hausse des prix du pétrole pourrait bien se traduire par une augmentation des revenus, ce qui profitera aux secteurs liés aux matières premières, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour un pays comme la Tunisie.

Un tout autre son de cloche vient de l’Agence de Prévisions économiques (https://tauxde.com/petrole) qui estime que les cours du pétrole en janvier 2024 s’élèveront à 95.74$ avec un maximum de 102.06$ et un minimum 92.34$ pour un cours moyen de 96.84. L’année se terminera pour le mois de décembre 2024 avec 93.60 $. Soit un maximum de 93.60 et un minimum de 83.41$ avec un cours moyen de 89.60$.

Des politiques économiques approximatives pourraient-elles sauver la Tunisie dans un contexte géopolitique mondial extrêmement tendu ?

Dans pareil contexte de flambée des prix pétroliers, quels pourraient être les conséquences sur un pays comme la Tunisie dépendant des énergies fossiles importés ?

La réponse pourrait être : tout dépendra de la durée du conflit au Moyen-Orient et de la possibilité ou non que d’autres pays soient impliqués dans la guerre qui oppose les Palestiniens de Gaza.

La question est : des politiques économiques approximatives pourraient-elles sauver la Tunisie dans un contexte géopolitique mondial extrêmement tendu ?

Les politiques économiques approximatives de la Tunisie pourraient mettre le pays en danger, notamment en cas de conflit au Moyen-Orient

En 2023, la Tunisie a eu la part belle car ayant prévu un cours du baril de pétrole de 89$, le prix moyen du Brent a été réduit à 82,3$, ce qui a relativement permis de réduire le déficit budgétaire de la balance énergétique mais pas le déficit budgétaire ou le taux d’endettement de l’Etat qui devrait atteindre à fin 2023 les 127,2 milliards de dinars soit 80,2% du PIB.

Pour l’année 2024 et contre toute attente, la tendance baissière pétrolière de 2023 pourrait bien se transformer en une tendance haussière, sur toute l’année, en raison de la guerre en Palestine et de ses répercussions sur le monde et principalement sur la région MENA. Ce qui laisse présager, d’ores et déjà une loi des Finances rectificative en 2024, le projet de loi de Finances initial ayant prévu 81$ le baril de Brent.

La zone euro, principal partenaire de la Tunisie pourrait souffrir l’année prochaine de stagflation. C’est ce que prédit le journal Financial Times repris par Ecoweek. « Le conflit israélo-palestinien pourrait être stagflationniste. C’est ce qu’a déclaré au Financial Times mercredi, le responsable de la politique de la Banque centrale européenne (BCE) et gouverneur de la banque centrale grecque. Étant donné que la zone euro reste un importateur net d’énergie, le conflit est susceptible d’avoir un impact stagflationniste. En outre, il estime que les troubles au Moyen-Orient plaident en défaveur d’un nouveau resserrement de la politique monétaire de la BCE ».

La stagflation menace l’économie tunisienne, ce qui pourrait entraîner une hausse du chômage et une baisse du PIB

La Tunisie qui suit ces dernières années des politiques économiques catastrophiques caractérisées par une forte empreinte populiste conjuguée à une ignorance manifeste de la chose économique n’est pas au bout de ses peines. Selon la banque mondiale, une sécheresse modérée réduit la croissance dans les pays en développement, en moyenne, d’environ 0,39 point de pourcentage, tandis qu’une sécheresse extrême réduit la croissance d’environ 0,85 point de pourcentage. Dans un scénario où la croissance globale est inférieure à 3 %, même des chocs modérés peuvent provoquer un ralentissement économique.

Après le choc climatique, le pays pourrait aussi souffrir d’un choc pétrolier, les sociétés communautaires pourraient-elles relancer l’investissement ? (Sic).

Hechmi Alaya réponds à cette question dans le numéro 38 d’Ecoweek dans son édito où il cite les huit axes fiscaux & financiers constituant l’ossature du projet de budget 2024 : « Sur ces huit, deux sont concernés par le rôle social de l’État en matière d’approvisionnement du pays en produits de première nécessité et la subvention de leurs prix, deux autres sont affectés à la lutte contre l’évitement fiscal…un sixième axe qui sous couvert d’inclusion financière de la petite entreprise est surtout destiné à encourager les « sociétés communautaires » chères à K. Saïed, un septième qui sacrifie à la mode du verdissement de l’économie et des économies d’énergie et enfin, un incontournable dédié à la préservation des équilibres budgétaires. En l’absence de hausse des impôts, l’État n’a d’autre choix que de se résoudre à augmenter les taxes et droits de timbre ».
Il est évident dans pareille situation, seul la relance de l’investissement peut dynamiser la croissance mais comment, avec quels moyens et par quels biais ?

A quand un « aiguilleur de la terre » pour une économie à la dérive.