Face aux énormes difficultés rencontrées pour accéder à un financement bancaire, des PME confrontées au spectre de la banqueroute se sont rabattues sur des usuriers de la place. A titre indicatif, sur 500 mille dinars demandés, elles doivent payer aux usuriers pas moins de 700 mille dinars.

Si certains ont pu résoudre leur problème en dépit du coût élevé du loyer de l’argent, d’autres se sont retrouvés en prison pour avoir donné des chèques qu’ils n’ont pas pu honorer.

Les usuriers étant, en général, des personnes physiques qui détiennent des capitaux qu’ils sont prêts à octroyer sous forme de crédit à haut taux d’intérêt pour gagner plus sur le dos du bénéficiaire. Cette forme de financement devient en vogue en période de crise quand les sociétés ont besoin d’argent en urgence et qu’elles ne trouvent pas une source fiable, alors elles se rabattent sur le premier venu qui est prêt à fournir les fonds nécessaires.

Selon des témoignages de victimes de ces prêteurs informels rapportés par une enquête menée par le site électronique Achariaa Al Magharibi (20 juin 2023), les usuriers ont tendance, depuis une dizaine d’années à user et abuser en toute impunité.

Au courant de ce trafic, le ministère des finances, impuissant devant ce trafic mafieux, se contente, par le biais de communiqués, de mettre en garde les citoyens contre ces pratiques.

Les victimes de ces usuriers qui reçoivent le chèque comme garantie sont généralement des commerçants (fripiers, grossistes …), des éleveurs de bétail des PME et TPE dans le textile et autres activités. D’après l’Association nationale des petites et moyennes entreprises (ANPME), 93% des PME et TPE tunisiennes utilisent le chèque comme garantie.

La plupart du temps, ces PME et TPE ont connu un ralentissement de leurs activités à cause de deux crises successives : la pandémie du corona virus covid 19 et la guerre russo- ukrainienne.

Ceux qui n’arrivent pas à payer les usuriers dans le temps par l’effet d’une maladie ou d’un autre empêchement, ils n’ont d’autre alternative que d’aller en prison ou de fuir le pays, et ce en attendant, l’amendement de l’article 411 du code du commerce qui incrimine le chèque en bois.