Une assemblée générale agitée et des résultats mitigés ont marqué la réunion du 29 mai 2023 de la BNA. Les actionnaires se sont insurgés contre l’annonce faite en début de séance évoquant la possibilité de ne pas distribuer de dividendes au titre de l’exercice 2022.

En dépit d’un bilan positif, les résultats de la banque sont affectés par des engagements importants en faveur des entreprises publiques, notamment avec l’Office des céréales pour un total de 4768 MD.

La BNA a clôturé l’exercice 2022, avec total bilan de 19.307 Mdt en hausse de 14,2%. Le montant des dépôts s’est élevé à 11 023 Mdt, enregistrant une augmentation de 11,8% (+1 165 MD). Les créances nettes à la clientèle ont été de 13.830 Mdt en hausse de 7,7%.

Il est évident que la BNA, comme d’autres banques de la place, reste fortement engagée avec les entreprises publiques. Encore faut-il que l’appui de la banque à ces entreprises ne devienne pas une menace pour ses équilibres financiers, même s’il s’agit d’utilité publique et de paix sociale. Il est donc urgent que l’Etat, important actionnaire de la BNA, règle le problème d’endettement des entreprises publiques.

La BNA fournit des efforts pour se frayer une place dans un univers hautement compétitifs sans disposer de l’autonomie et de la souplesse dont disposent les banques privées, et c’est loin d’être facile.

Des réalisations malgré les incertitudes

La BNA a créé son propre centre digital de recherche « Digitalab by BNA Bank » pour accélérer le processus de transformation digitale, elle a conçu un pack dédié aux TRE et baptisé « Pack Twensa » et plus que tout son engagement en tant que Banque socialement responsable est remarquable. La BNA est partout : dans l’éducation, le sport, la santé et la culture ce qui lui a valu le titre de la « Meilleure banque RSE 2022 » décerné par le Forum International de la RSE.

Et malgré sa posture de banque publique et qui subit les aléas du management public, la BNA est dans les réalisations. Elle a réussi son emprunt obligataire, une preuve de la confiance des investisseurs et a réussi à lever 150 MD avec pour objectif renforcer ses fonds propres nets et préserver les équilibres entre ressources et emplois. L’encours brut des emprunts obligataires émis a totalisé 381 MD en 2022 contre 308 MD en 2021. L’encours net des emprunts et ressources spéciales s’est ainsi établi à 731 MD en 2022 contre 653 MD en 2021.

Le produit net bancaire (PNB) de la BNA a été de 890 Mdt en hausse de 4,7% grâce comme l’a souligné Nejia Gharbi, présidente du Conseil d’Administration, à une bonne performance en termes de marge nette d’intérêt et à la progression du niveau des revenus du portefeuille d’investissement et c’est en dépit de l’augmentation des charges d’exploitation.

Les résultats nets de la banque ont été en légère baisse à 159 Mdt, (Ils étaient de 163 MD en 2021). Mme Gharbi l’explique par l’augmentation du coût du risque lié essentiellement à des provisionnements prudentiels.

La BNA a conforté sa participation au financement du secteur agricole affichant un encours de 1.202 MD en 2022 contre 1.162 MD en 2021. Lors de la campagne agricole, les déblocages de crédits à court terme ont atteint les 146 MD contre 126 MD à fin 2021. Les crédits commerciaux, industriels et de services, ont pour leurs parts, progressé de 7,7% passant de 13.654 MD en 2021 à 14.700 MD en 2022.

La BNA dispose des compétences et de l’engagement de ses cadres pour atteindre de meilleurs résultats, à condition de ne pas être acculée par les engagements envers les entreprises publiques imposés par l’État. Malgré cette contrainte, la banque a le potentiel de réaliser de bien meilleures performances. Afin de couvrir les prêts colossaux accordés à l’Office des Céréales, l’État a fini par consentir un remboursement partiel de 2,4 milliards de dinars, tirés sur les fonds de l’Office des Céréales, et a fourni des garanties par arrêtés.

Au terme de la séance des question et réponses, les actionnaires ont obtenu, avec l’accord du représentant de l’État, membre du conseil d’administration de la BNA, la distribution d’un dividende équivalent à celui de l’année dernière, soit 800 millimes par action.

“Nous pouvons compter sur la capacité des décideurs et des agents de la BNA pour créer de la valeur, renforcer leur engagement aux côtés des clients et atteindre les objectifs stratégiques nécessaires pour relever les grands défis à venir.” a souligné Néjia Gharbi, présidente du Conseil d’Administration, à la clôture de la réunion de l’AGO.

Amel Belhadj Ali