L’économie nationale et principalement les finances publiques sont au plus mal, c’est une vérité de Lapalisse. Paradoxalement, certains signaux nous poussent à un peu d’optimisme​​​​​​​telles les estimations préliminaires des comptes nationaux trimestriels, publiées par l’INS, qui montrent que l’activité économique a enregistré une croissance du produit intérieur brut en volume de 2,1 % affichant une légère amélioration par rapport à la croissance au trimestre précédent (1,8 %).

Le volume du PIB a augmenté de 0,8 %, la demande intérieure a augmenté à un taux annuel de 1,8%, contribuant à hauteur de 1,9 points de pourcentage à la croissance économique du premier trimestre (2,1). Il va sans dire que les préparations pour le mois du ramadan sont le plus grand booster de la consommation qu’il s’agisse de produits alimentaires ou vestimentaires. Le solde des échanges extérieurs a contribué à hauteur de 0,2 point, du fait d’une croissance du volume des exportations de biens et services (12,3%), qui a dépassé légèrement celle des importations (10,0%). Les recettes touristiques ont augmenté de 59% au premier quadrimestre 2023, la feuille de route pour le déploiement de la 5G en Tunisie est en préparation et il y a eu signature par Orange d’un accord de construction de câbles sous-marins reliant la Tunisie à l’Europe d’ici 2025. Les chefs d’entreprise seraient plus optimistes sur la situation du secteur industriel au premier semestre 2023 et les exportations et investissements dans le secteur industriel ont augmenté de respectivement 16% et 28% au premier trimestre 2023.

La Tunisie figure parmi les pays à la compétitivité salariale la plus forte pour les cadres en Europe et au Maghreb, en témoigne le rapport du ministère français de l’Economie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Un atout de plus qui plaide en faveur du site Tunisie (Voir aussi papier consacré à la compétitivité du site Tunisie signé Khalil Laabidi, ancien DG de la FIPA).

A l’export, le secteur de l’agriculture conforte de plus en plus sa place en tant que secteur potentiellement importateur, avec des ventes en hausse de 15,5 % principalement de l’huile d’olive à destination de l’Espagne. Les industries manufacturières diverses, affichent une hausse de 8,6 %, tout comme les industries mécaniques et électriques, qui enregistrent une évolution positive de 1,6% après deux mois de baisse consécutifs.

Les indicateurs cités plus haut témoignent de la grande résilience de l’économie nationale face aux incertitudes politiques, à l’absence de grandes compétences dans les postes décisionnels et à une méconnaissance au plus haut sommet de l’Etat de la chose économique.

Mais, puisqu’il y a toujours des mais, la Tunisie fait face aujourd’hui à un déficit commercial qui s’est creusé encore plus pour s’établir en avril 2023à 2272,9 MD contre 1768,6 MD au mois de mars soit un taux de couverture qui a reculé de 5,5 points par rapport à mars 2023 pour s’établir à 68,4%.

Les exportations ont enregistré une baisse de 1,6%, alors que les importations ont affiché une hausse de 6,3%. La régression principale a concerné le secteur de l’Energie (-27,5%) et les industries minières (-23%) soit plus de 10 ans de gestion approximative d’un secteur vital pour le pays. 10 ans qui ont permis à des législateurs inquisiteurs de bloquer le secteur énergétique et de faire fuir les investisseurs. Du coup, au mois d’avril 2023, les importations ont enregistré une hausse de 6,3%. Cette augmentation est principalement attribuée à la forte reprise des importations de produits énergétiques, qui ont augmenté de 56,3% alors que les importations hors énergie ont baissé de 2,4%. Celles en provenance de l’UMA ont rebondi de 163%, principalement sous l’effet de l’importation de gaz naturel algérien.

Les industries du textile et de l’habillement ont subi les revers de la chute de la croissance en Europe (France et Allemagne) et ont reculé de 8,8%.

Et face au recul des importations de produits alimentaires et des matières premières et de demi-produits de respectivement – 15,3%, et 9,1%, les achats de biens d’équipements sont en hausse pour le deuxième mois consécutif avec une progression de 15,8% au mois d’avril. Les biens de consommation ont légèrement augmenté avec un taux de 1,3%, principalement en raison de l’augmentation des importations de voitures de tourisme.

Un bilan mitigé de l’économie nationale au vu des indicateurs publiés par l’INS. Reste que la capacité de la Tunisie à naviguer dans des eaux troubles quant aux problèmes économiques, devenus structurels, reste surprenante. Ainsi, sur le site de la BCT au mois de janvier 2023, on parlait du ralentissement prévu de l’activité économique nationale en 2023 en raison, entre autres, de la mauvaise récolte agricole or, en tout cas pour le premier trimestre de l’année, c’est l’agriculture qui réalise des progressions importantes à l’export. Le déficit pluviométrique est très relativement réduit, l’indice Tunindex a clôturé le mois d’avril 2023 à 8 278,66 points, enregistrant un gain de 1,84% après une hausse de 1,04% durant le mois de mars et l’inflation, qui était à 10,4 au mois de février, a reculé à 10,3 au mois de mars et à 10,1 au mois d’avril.

Tout ceci dans un état de léthargie gouvernementale inquiétant et presqu’une ignorance présidentielle de l’importance de décisions révolutionnaires pour sauver l’économie nationale.

La mise en forme chiffrée alarmante de l’avenir de l’économie tunisienne pourrait-elle être démentie par les impondérables des réalités changeantes et évolutives du terrain ?

Espérons que ça sera vers le mieux et non vers le pire.