Dans une étude sur la désinformation médiatique, un groupe d’experts de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) mettent en avant la nécessité de renforcer le rôle des médias publics, en tant que force alternative aux fake news relayés sur les réseaux sociaux.

L’étude s’est penchée sur les tactiques de la manipulation de l’opinion, explique l’universitaire Sadok Hammami qui a supervisé ce travail.

Réalisée sur la base de campagnes de monitoring sur les réseaux sociaux à partir de mars 2022, l’étude a été présentée vendredi 14 avril 2023 lors d’une rencontre sur le thème “La fabrique de la désinformation politique: approches théoriques, acteurs et tactiques de la désinformation dans le contexte tunisien”.

Prévenir les répercussions de la désinformation

La désinformation conduit à la manipulation de l’opinion et porte atteinte à la sécurité nationale, conclut l’étude. D’où la nécessité de prévenir ses répercussions sur la vie politique et la société.

Il est également recommandé de doter le secteur des médias publics des moyens nécessaires lui permettant de s’autodéfendre ardemment, tout en restant soumis au principe de reddition de compte.

Le président du projet LABTRACK au réseau Mourakiboun, Mohamed Hedi Fahem, qui a participé à la réalisation de ce travail, estime qu’il est nécessaire d’adresser les recommandations de cette étude à toutes les parties prenantes dont les institutions particulièrement concernées par la désinformation à l’instar des gouvernements, des médias et des acteurs politiques.

Quid du financement de pages sur les réseaux sociaux… 

Dans ce travail, les experts se sont par ailleurs intéressés à la question de financement de pages sur les réseaux sociaux au profit d’hommes politiques et de partis politiques, ainsi que sur la création de pages dédiées à la propagande qui se présentent comme étant des pages fournissant de l’information crédible.

Autre phénomène sur lequel cette étude a mis la lumière, la création de pages provisoires imitant la presse d’investigation et recourant à de faux experts, et qui disparaissent une fois leur mission achevée pendant les campagnes politiques.

Selon les résultats de ce projet réalisé avec l’appui de l’Organisation internationale du travail, la gestion de ces pages sur les réseaux sociaux est assurée à partir de l’étranger afin de contourner la loi nationale et créer des réseaux ressassant les mêmes contenus.

Il en ressort également que la nature de ces pages changent en période électorale par le recours au sensationnel, l’exagération et la manipulation des chiffres et statistiques dans le but de toucher le plus grand nombre de personnes.