Passer de l’entrepreneuriat de nécessité à celui d’opportunité. Voici une piste d’avenir.

L’entrepreneuriat est l’œuvre la plus utile socialement car il procure de l’emploi. L’entrepreneuriat crée de la valeur. Plus concrètement, il crée de la richesse. Alors quantifier l’approche d’entrepreneuriat devient une option d’intérêt national. C’est dans cette perspective que l’on accueille le 3ème le rapport “Global Entreprenership Monitor” (GEM). Et même s’il nous classe au 47ème rang sur 51 pays, il nous ouvre les yeux sur notre réalité. Ses enseignements sont exploitables et peuvent nous éclairer sur les éventuelles améliorations à apporter autant à notre environnement qu’à notre climat d’affaires.

L’approche “GEM”

Le Global Entreprenership Monitor sert d’abord à donner le pouls pour l’esprit d’entreprendre chez les citoyens d’un pays. Et dans le même temps, il assure un travail de suivi pour détecter toutes les entraves sur le parcours du primo entrepreneuriat. Et cela va de l’idéation jusqu’à la réalisation et même au-delà.

En effet, l’approche GEM poursuit le suivi des projets jusqu’au terme des deux premières années, période décrite comme l’”âge critique” où le taux de chute est élevé. Les Anglo-saxons parlent de “Death Valley” (ou “vallée de la mort” en français), étant donné que le projet est en prise directe avec le marché réel et qu’il est susceptible de subir un choc fatal. Pour faire court, on dira que c’est le test de vérité ou de viabilité du projet. Alors l’équipe GEM, anglo américaine au départ et qui s’est diversifiée depuis, s’appuie sur une méthodologie robuste. Elle procède pour chaque pays à une ‘’National Expert Survey’’, une étude technique.

Dans le cas de la Tunisie, elle a réuni 36 experts qui sont proches de la pratique de l’entrepreneuriat. La task force d’experts conduit une enquête nationale auprès de la population adulte dite “Adult Population Survey” à l’effet de faire les enquêtes sur terrain.

Pour la Tunisie, 2000 adultes âgés de 16 à 64 ans ont été sondés. L’IACE est partenaire du rapport GEM.

Rappelons que l’IACE est également partenaire du WEF pour le rapport mondial sur la compétitivité, ainsi que de la BM pour le rapport “Doing Business”’. Il est en situation de tiers de confiance pour le rapport GEM.

Les éclairages utiles du rapport GEM                 

Le rapport est fait de sorte à ce que ses conclusions soient exploitables. Hélas toutes ne nous sont pas favorables. Cela vient nous confirmer, chiffres et enquêtes à l’appui, ce que nous savions déjà sur notre écosystème de l’entrepreneuriat.

L’on découvre que les jeunes tunisiens choisissent cette voie en désespoir de cause, quand ils ne trouvent pas d’emploi au moment où ils arrivent sur le marché du travail. “Gagner sa vie car les emplois sont rares” est une motivation dominante (89,7%) chez les primo entrepreneurs, ce qui n’est pas forcément un gage de succès.

Seulement 17 % des adultes ont soit créé, soit dirigé une entreprise, ce qui est un seuil minimum. Près de 50% des projets nouveaux appartiennent au secteur des services aux consommateurs. Et l’on sait combien ce domaine est à haut risque.

La plupart des primo entrepreneurs, soit 87% du total, ciblent le marché local et tous pensent créer de la différence au niveau strictement local et jamais à l’international. Tous les projets qui ont survécu sont dirigés par des promoteurs qui ont un niveau secondaire sans le bac. Et ceux qui échouent reviennent aux bureaux de l’ANETI, sans emploi et de surcroît endettés.

Revaloriser l’entrepreneuriat

Nous regrettons que le rapport GEM n’ait pas associé à ses travaux la BTS Bank et les divers circuits du FONAPRA – qui est destiné au financement des petits métiers. Divers plans d’éveil à l’entrepreneurship ont été initiés dans le pays et c’est avant 2011.

Nous citons l’initiative des pépinières de l’API, qui est toujours en cours. L’ennui est que cette expérience pilote reste in vitro, c’est-à-dire avec un faible vécu réel.

Et il y a eu l’essaimage ! Nous considérons que l’essaimage, c’est-à-dire la promotion de projets par des salariés d’une entreprise en extension ou en prolongement du cœur de métier de cette entreprise, reste une idée hautement bénéfique. Sa réactivation changerait sensiblement la donne dans le domaine de l’entreprenership.

Et dans ce cas, quel sort réserver aux primo entrepreneurs sans expérience professionnelle ? Nous pensons qu’il est moins coûteux pour la collectivité nationale de faire pression pour les embaucher en CDD avec option d’essaimage que de les laisser aller à l’aventure seuls.