La création de “marchés paysans en Tunisie” constitue une alternative pour promouvoir un système alimentaire plus équitable et durable. L’expérience italienne dans ce domaine est duplicable dans le pays, affirme Carmelo Troccoli, secrétaire général de la Coalition mondiale des marchés paysans (World Farmers Market Coalition- WFMC), une alliance d’agriculteurs lancée juste après la crise du Covid-19, pour promouvoir et soutenir les marchés de producteurs agricoles dans le monde entier.

Cette coalition, dont la présence est de plus en plus renforcée à travers plus de 40 représentations dans le monde, est disposée à accompagner la mise en place d’un système de marchés paysans en Tunisie, selon Troccoli.

Cela nécessite l’intervention d’une partie intermédiaire qui se charge d’assurer la coordination et le contact avec les agriculteurs, de repérage et du réseautage entre les petits exploitants ainsi que de la préparation des règles ou cahier des charges régissant ces marchés et des espaces destinés à les abriter, a expliqué le responsable.

“Tous les facteurs existent en Tunisie pour créer ce réseau de marchés qui favorise un lien direct entre producteurs et consommateurs, promeut un système de consommation plus sain à travers la vente de produits frais et aide les paysans à améliorer leurs revenus sans abandonner leurs fermes et leurs cultures dans les campagnes”, a affirmé Troccoli, lors d’une conférence présentée, dimanche 5 mars 2023 à Chbedda (Ben Arous) sur “le rôle des marchés paysans dans la garantie d’un système alimentaire local”.

Invité par l’Association tunisienne de permaculture (ATP) à l’occasion de la première édition du Festival “Je mange tunisien”, le secrétaire général de la WFMC est revenu sur l’expérience italienne en matière de vente de produits agricoles et de terroir, par le biais d’un réseau solide de marchés paysans.

“Nous avons développé un réseau de 1 200 marchés paysans après la pandémie, sous le label “Campagna Amica” (Campagne amicale), fondation italienne créée en 2008 pour défendre la valeur et la dignité de l’agriculture italienne. Le chiffre d’affaires de ces marchés est estimé aujourd’hui à 4 milliards d’euros par an” (environ 13,4 milliards d’euros), a-t-il dit.

“La finalité n’est pas de créer un système alimentaire parallèle, mais plutôt de rendre le système alimentaire actuel plus équitable et durable et de donner l’opportunité aux petits exploitants de vendre leurs produits à des prix équitables sans l’intervention des intermédiaires”.

Selon Carmelo Troccoli, face à la question de la sécurité alimentaire qui revient au centre des débats à l’échelle internationale après la pandémie, les marchés paysans constituent une alternative pour mieux stabiliser les revenus agricoles et les canaux de distribution conventionnels et garantir un revenu équitable aux petits agriculteurs en faisant la promotion d’une agriculture saine qui préserve la biodiversité et respecte la saisonnalité grâce a un faible impact environnemental.

“Les marchés de producteurs peuvent également aider à relancer les économies locales et rurales, permettant une perspective plus profonde de l’agriculture soutenue par la communauté”, selon un premier rapport publié par la coalition en 2022 “First World Farmers Markets Report” (premier rapport mondial sur les marchés paysans).

La première édition du festival “Je mange tunisien”, dédiée à la souveraineté alimentaire, aux semences paysannes et aux traditions culinaires tunisiennes, s’est tenue les 4 et 5 mars 2023 au Centre de formation de la femme rurale à Chbedda.

Une exposition vente de produits de terroir a eu lieu dans le cadre de ce festival soutenu par l’Alliance africaine de la souveraineté alimentaire (AFSA), dans le cadre de son initiative “Je mange africain”.