L’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beït al-Hikma, accueille, mercredi 8 mars 2023 à 14h30, une rencontre sur le thème “Le technique, le numérique et l’artistique”.

La rencontre sera modérée par Faten Chouba, artiste visuelles et animée par Naceur Ben Cheikh, artiste peintre, journaliste et universitaire, et Samia Chelbi, spécialiste en ingénierie informatique.

Les arts numériques mêlent à la fois l’art, les technologies et les sciences, lit-on dans un communiqué de l’Académie qui évoque un flou sémantique du qualificatif ” numérique ” appliqué à l’art.

Cette ” confusion ” intrinsèque aux arts numériques émane du manque de discernement entre l’artiste et le technicien. L’ingénieur utilise le digital comme outil, l’artiste l’explore comme médium. Mieux encore, en art digital, la technique sort de son simple rôle d’instrument pour devenir le matériau, mais aussi l’esthétique, la métaphore, voire le caractère même de l’œuvre.

C’est au niveau du processus, de la poïétique, qu’éventuellement la distinction serait formulable. Seul l’artiste est capable de clarifier la singularité de ce médium dans la filiation de l’héritage du système de l’art. Détourner une technologie, c’est une façon pour lui de la digérer, de la remettre en question.

Par ailleurs, il est possible, aujourd’hui, de numériser toutes les formes d’arts traditionnelles (peinture, sculpture, …). Ce passage constitue un changement de paradigme artistique exigeant de l’artiste la connaissance de différents programmes des algorithmes pour pouvoir expérimenter et sonder leurs potentialités artistiques inhérentes.

Une double compétence artistique et technique est nécessaire sous forme de collaboration entre artiste et technicien, sinon l’artiste, lui-même, devient artiste ingénieur faisant parler l’imaginaire des machines en brouillant les frontières entre création humaine et numérique.

La rencontre confronte l’informaticien au processus de création de l’artiste numérique pour débattre des enjeux et perspectives de cet art.

Entre technique et esthétique, le numérique prend sens en sachant que les grecs ne disposaient que du terme “technè” pour désigner l’activité artistique, et que parler d'”art technologique”, c’est recourir à un pléonasme.