autorouteL’inauguration dernièrement, par le chef de l’Etat, de l’avant dernier tronçon de l’autoroute devant relier le sud et le nord-ouest du pays sur une longueur totale de 850 Km, figure parmi les bonnes nouvelles qui viennent remonter le moral et embaumer le cœur dans la grisaille qui prévaut en Tunisie.

Ce tronçon, qui relie Gabès à Ras Jedir (frontière libyenne) sur une longueur de 176 km, est également l’avant dernier lot de la partie que la Tunisie s’est engagée à réaliser dans le cadre de l’autoroute Tansmaghrébine qui devrait traverser, dans le futur, la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Ce projet de plus de 3 500 km est retenu comme l’un « des 30 plus grands projets d’infrastructure dans le monde ».

chaînonL’autoroute Gabès-Médenine-Ras Jedir, un ouvrage hydraulique socioéconomique

Le chaînon manquant concerne le tronçon «Bousalem/Frontière Algérienne». L’étude de faisabilité technico-économique, prête depuis 2016, nous apprend que ce tronçon se propose de dynamiser les échanges commerciaux entre la Tunisie et l’Algérie.

A signaler que du côté algérien, les travaux de construction de l’Autoroute Est/Ouest sur une distance de 1 216 km (1 720 km en comptant les routes annexes et les bretelles) est également fin prête. Les travaux du tronçon arrivant au niveau de la frontière tunisienne (Melloula à Tabarka) sont à un stade avancé (95% de taux d’avancement).

Autoroute

Parallèlement au renforcement de l’intégration régionale, l’autoroute jouera aussi un important rôle de dynamisation économique des zones traversées par cette autoroute. En effet, l’ensemble du tronçon à réaliser se situe dans le gouvernorat de Jendouba à 150 km de la région du Grand Tunis.

On lit aussi dans cette étude que la zone du projet se caractérise notamment par : un milieu naturel presque exclusivement forestier (chêne liège, chêne zen, maquis) au niveau des zones à relief escarpé, un milieu artificiel composé d’agriculture et de forêts de reboisement à base d’eucalyptus et d’acacias, en relief plat, notamment au niveau de la vallée Medjerda.

Présentation à Tunis de l’étude de faisabilité de la ligne Transmaghrébine

Elaborée par le bureau d’études STUDI, l’étude avant projets a porté sur l’étude économique et de trafic, l’impact environnemental et social, les choix possibles de tracés, la proposition des options de base et des variantes d’aménagement, l’étude géologique et géotechnique, les études hydrologiques et hydrauliques sommaires, les ouvrages d’art, l’analyse multicritères et le choix de la variante optimale…

Pépins et tergiversations

Le premier lot reliera la ville de Boussalem et la ville de Bulla Regia (12 Km); le deuxième lot reliera la ville de Bulla Regia et la ville de Jendouba (16,50 Km pour une variante nord et une variante sud de 25,80 Km); le 3ème lot reliera la ville de Jendouba et la localité d’Ain El Baya (une variante nord de 9,50 Km et une variante sud de 9,90 Km). Le 4ème lot reliera Ain El Baya et la frontière algérienne avec deux variantes, une avec passage en tunnel (1 400 à 1 600 mètres) de longueur variant entre 20,50 Km à 21,40 Km, et une autre avec passage en surface de longueur 25 Km.

L’idéal serait que ce dernier itinéraire soit retenu en raison de la beauté des paysages que cette autoroute va traverser et de son impact sur le tourisme et surtout sur le désenclavement de communautés démunies.

Nous disons cela, car, à un certain moment, la possibilité de la révision de l’itinéraire initial de ce tronçon (Boussalem-Frontière algérienne) a été envisagée. Le premier tracé initial Boussalem-Melloula (Tabarka) s’est avéré très coûteux: plus de 30 MDT le kilomètre. L’alternative proposée serait de changer l’itinéraire dans le sens de Boussalem-Ghardimaou, ce qui supposerait la construction sur le territoire algérien d’une voie expresse ou d’un tronçon autoroutier devant relier l’A3 à l’autoroute algérienne menant à Melloula (Tunisie).

Outre son coût élevé, estimé initialement à 2,3 milliard de dinars, le tracé retenu n’a pas été du goût des agriculteurs de la zone Balta-Bouaouane (proximité de Boussalem). Dans une pétition, ils considèrent que le nouveau tracé porte préjudice aux intérêts de quelque 70 agriculteurs et citoyens : arrachage d’oliveraies, démolition d’habitations, condamnation de centaines d’hectares de terres fertiles…

Les autorités régionales ont promis de trouver une solution à ce problème. Espérons seulement que cette problématique ne durera pas une dizaine d’années comme cela a été le cas avec les agriculteurs jouxtant l’autoroute Gabès-Médenine.

Pour mémoire, cette problématique n’a pas été résolue même avec l’entrée en fonction du tronçon.

Et pour ne rien oublier, la dernière fois où l’actuelle ministre de l’Equipement et de l’Habitat, Sarra Zaâfrani Zenzeri, a évoqué ce projet, c’était le 27 juin 2022 à Alger, à la 73ème session du comité de liaison du projet de la route transsaharienne (Algérie, Tunisie, Niger, Nigeria, Mali et Tchad). La ministre avait indiqué que le tronçon Boussalem-frontière algériennes serait «encore en phase d’étude», ce qui signifie que le projet, en dépit de son urgence, n’a pas bougé d’un iota.