Dans le contexte d’ouverture, la seule façon de préserver la souveraineté d’un pays est de savoir composer avec la globalisation.

Intervenant dans la cadre de la 36ème édition des Journées de l’entreprise (JES), Matteo Renzi, qui fut le plus jeune président du Conseil italien et classé parmi le cercle des “100 meilleurs penseurs au monde”, a eu des mots pertinents pour saluer l’amitié tuniso-italienne.

Il a rappelé que Tunis, et non Paris ou Berlin, a été la destination de son premier voyage officiel lorsqu’il a été nommé président du Conseil italien.

Matteo Renzi considère également que la relation entre l’Europe et l’Afrique est fondamentale. Et, dans ce sillage, il reconnaît un rôle de trait d’union à la Tunisie.

Eviter le piège du protectionnisme

Tout de go, Houbab Ajmi, modératrice du panel, a demandé à Matteo Renzi si la souveraineté est compatible avec la mondialisation. L’ancien dirigeant italien n’y est pas allé par quatre chemins. Il n’existe pas d’alternative à la globalisation, a-t-il soutenu.

En réalité, Renzi pensait certainement à la mondialisation en utilisant le concept anglais de globalisation. Sa certitude est que l’ouverture est garante de la rationalité économique, qui est une composante incontournable. Cela procède de l’optimisation de l’allocation des ressources, prélude à l’efficacité économique.

En situation de crise, le spectre de la perturbation de l’approvisionnement en matières essentielles telles la nourriture, ou l’énergie, ou l’éventualité d’une pénurie, le pays se met en émoi. Dans ces conditions on peut être gagné par la tentation protectionniste.

Cependant, l’ancien président du Conseil rappelle que le protectionnisme conduit à une dérive dont on ne peut mesurer les conséquences. Il est vrai que l’économie administrée peut donner la sensation d’une maîtrise de la situation économique par les pouvoirs publics. Mais c’est une sensation illusoire.

Oui à la souveraineté, non au souverainisme

Faut-il penser dans le cadre des regroupements régionaux faute d’un consensus planétaire, ajoute Houbab Ajmi ? Matteo Renzi soutient que le repli est un premier risque politique. Car penser au sein de regroupements peut conduire à un cloisonnement. L’ennui est que l’on peut glisser vers un discours politique dangereux. Ce n’est pas par le cloisonnement que l’on préservera la souveraineté mais bien par la connectivité.

Ainsi, la connexion de la Tunisie à la Sicile pour l’énergie est une idée prometteuse et qui relève d’une vision à large champ. Et il ne faut pas s’en écarter. Ne jamais s’enfermer dans un schéma identitaire, car le glissement vers le souverainisme devient plausible. Et c’est la porte ouverte à tous les périls.

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