Fondateur du premier label de jazz en Tunisie ” Jazz’It Records “, Malek Lakhoua fait partie d’une génération qui s’est fait connaître sur la scène jazz nationale. Le jazz est l’histoire d’une grande passion pour cet artiste qui se dit “passionné et amoureux de cette belle musique”.

Le vendredi 2 décembre prochain au Club Tahar Haddad, et dans le cadre du Festival de la Médina de Tunis dans sa session d’hiver, l’artiste présentera son projet “Majazz” qui est une fusion sonore, entre jazz et musique arabe.

Portrait d’un artiste multidisciplinaire habité par le jazz et retour sur ses débuts, son parcours et sur ses projets.

Les débuts dans les clubs

Musicien autodidacte, Malek Lakhoua qui est à la fois batteur, compositeur et producteur, suit un parcours artistique depuis près de 20 ans. Ses débuts étaient à l’aube des années 2000 dans des événements de musique live et dans les clubs de la capitale.

Il est initiateur d’un rendez-vous de musique live à Tunis avec les fameux ” jeudi Jazz ” au Bœuf sur le Toit, à la Soukra, qui était l’un des clubs les plus fréquentés par les mélomanes et les amateurs de la vie nocturne de Tunis.

A cette époque, il avait plusieurs projets en quintet : un projet autour de la musique blues (Blue Note Project), avec le guitariste Yassine Karoui (Tobaco Blues), en plus de ses participations ultérieures dans des festivals comme Jazz à Carthage, Sicca Jazz et le Festival de la médina avec différents projets ; l’Organic Trio avec Faouzi Chekili, Moncef Genoud Trio, son trio Take 3 ….

De ses multiples collaborations, il cite des noms comme Wajdi Cherif, Faouzi Chkili, Moncef Genoud, pianiste tuniso-suisse, Pietro Vaiana, saxophoniste belge Ian G Kent, chanteur américain, et Mourad Benhammou, batteur important de la scène parisienne. Ce dernier est son mentor et son ami depuis près de 20 ans.

Lors des jam sessions, il a eu l’occasion de côtoyer des musiciens comme Roy Hargrove, Vincent Malone, Richard Bona qui sont dit-il, des stars internationales du jazz.

Le jazzman n’oublie pas la promotion de la nouvelle génération de jazz en Tunisie à travers son label Jazzit Records. Ce projet a pour objectif de dynamiser la scène, de repérer des petites pépites, des talents et de les soutenir à travers également des collaborations internationales.

Albums et coproductions

Ce batteur de jazz et producteur est auteur de plusieurs projets qui sont “toujours dans la veine jazz”. Il adopte une stratégie d’autoproduction avec pour objectif principal la “dynamisation de la scène jazz”.

Malek Lakhoua admet que la production d’un projet artistique prend “beaucoup de temps et d’énergie et nécessite d’importants moyens financiers”. Malgré les moyens limités, il a réussi à créer son propre label “Jazz’It Records”.

Ce premier label de jazz tunisien a été lancé en décembre 2021, avec la sortie du “Trio Moncef Genoud” au nom du célèbre pianiste tuniso-suisse. Enregistré live pendant le festival de l’Ariana en 2019, l’album est sorti en décembre dernier sous le label “Jazz It Records”. Ce disque sous le nom de Moncef Genoud a été mixé dans les studios du pianiste à Genève.

Il est coproducteur avec Moncef Genoud de ce projet enregistré avec le soutien de la municipalité de l’Ariana et l’ambassade Suisse en Tunisie.

Son premier album “Besame Mucho” est sorti en octobre 2021 avec son ” Acoustic Trio ” sur un label français ” Black and Blue “, pour lequel son mentor Mourad Benhammou, a beaucoup soutenu.

Il ne cache pas sa fierté d’avoir, pour ce premier disque en leader, enregistré avec des musiciens tunisiens de la jeune génération dont Wajdy Riahi au piano et Wassim Benrhouma à la contrebasse avec l’ingénieur de son Aymen Baccar.

Cet album jazz rend hommage aux maîtres de cette musique à savoir Duke Ellington, Ahmad Jamal (de son vrai nom Frederick Russel Jones) ou encore Sonny Clark qui étaient des compositeurs jazz américains assez distingués.

L’enregistrement de l’album avait eu lieu dans un petit local du jazz club de Tunis pendant la période du Covid (entre juillet et août 2020).

” Besame Mucho ” a été un disque révélation au Jazz magazine avec une très belle revue sur France musique et dans la presse tunisienne.

Après avoir fait une tournée dans trois villes tunisiennes à savoir à Tunis, Sousse et Sfax qui les a menés également à Paris, le trio va prochainement, enregistrer le volume 2 de l'” Acoustic Trio “.

Parmi ses projets en cours, deux disques enregistrés à Singapore. Entre 2019 et 2021, il dit avoir eu la chance de rencontrer “des musiciens formidables, un saxophoniste italien Andreas Marinello, le pianiste d’origine indienne Sharik Hassan.

De cette rencontre, il a formé Exile Quartet dont il est le co-leader, avec le saxophoniste A.Marinello, présenté lors du festival de jazz singaporien ” Jazz in July “.

Exile Quartet est un projet de musique originale et aussi des arrangements de musique arabe. Le disque a été enregistré avec A.Marinello au saxophone, Sharik Hassan au piano et le contrebassiste américain basé à Singapore Chris Smith à la contrebasse, (contrebassiste américain basé à Singapore).

Un deuxième disque enregistré en duo avec le pianiste Sharik Hassan, sortira bientôt. Il est actuellement au stade du mixage. L’artiste est impatient de présenter ce disque qui est une conversation sonore en duo avec son ami indien.

Majaz au festival de la médina

Son nouveau projet “Majazz”, fusion entre les mots jazz et majazz, en arabe, est un clin d’œil à deux genres le jazz et la musique arabe. Ce projet réunit des jeunes talents : Aziz Essaied au oud, Wassim Benrhouma à la basse électrique, et Amine Kaabi au saxophone. Nicolas Thomas, vibraphoniste italien basé à Paris sera l’invité de Malek Lakhoua à la batterie.

Malek Lakhoua va ainsi renouer avec le public de la Médina, ce lieu magique dont il a toujours eu l’habitude de fréquenter. Pour cette session d’hiver du Festival de la médina, il présentera des compositions, des nouveaux arrangements de jazz mais aussi de la musique arabe classique réarrangée avec les sonorités jazz.

Un concert dans lequel il réunira des instruments et des sonorités assez inédites, à savoir l’instrument du Oud (luth arabe), le vibraphone, la guitare basse électrique, la batterie et le saxophone construits en Quintet.