Deux groupes de la scène musicale alternative maghrébine et orientale, le Tunisien Haydar Hamdi et le Libanais Adonis, se sont produits mardi soir (19 juillet) au amphithéâtre romain de Carthage qui abrite le Festival international de Carthage (FIC).

Les deux formations revisitent les sonorités locales dans un style poétique qui révèle toute la quintessence du groove maghrébin et oriental entre reggae, rock et pop. Les paroles des chansons interprétées ou créées par ces artistes captent les maux de nos sociétés, tunisienne et libanaise, dont la réalité est assez identique.

Pour la cinquième soirée du FIC qui fête sa 56ème édition du 14 juillet au 20 août, un melting-pot de sonorités orientales et occidentales s’est traduit dans les prestations de deux bandes qui se produisent pour la première fois sur la scène mythique de Carthage.

Les deux groupes ont départagés la soirée dans deux prestations successives, devant des gradins presque vides. Le groupe Haydar Hamdi, portant le nom de son leader, a ouvert le bal dans une belle prestation. Quoiqu’en face des gradins désertés sauf les quelques fans qui se comptaient par centaines, le groupe tunisien était un peu démotivé.

Le public peu nombreux ne semblait pas déranger leurs collègues d’Adonis. Leur prestation donnée en deuxième part de la soirée, vers 23h30, était assez agréable à suivre.

Haydar Hamdi, poète et chanteur, opte pour des sonorités reggae qui puisent dans le riche patrimoine sonore maghrébin. Durant plus d’une heure, sa prestation était une valse sur des rythmes au style tunisien.

Entourée de Nidhal Jaoua au clavier, Narjess Sâad à la percussion, Slim Abida à la basse et Tarak Mâaroufi à la batterie, Haydar Hamdi avait besoin de la complicité du public pour mieux s’approprier la scène. Les contraintes techniques n’étaient pas également en faveur du groupe.

Le groupe tunisien revisite le répertoire musical national et présente ses propres chansons, comme ” Klam Sbah “, ” Klam Kadhab ” et ” Barra Ghanni “. Chez Adonis, la fusion entre les sonorités orientales et occidentales a donné naissance à des oeuvres revisitées dans des arrangements pour tous les goûts.

Le genre musical à tendance occidentale que le groupe Adonis pratique en dialectal libanais trouve un large écho auprès du public arabe en général. Son art est une arme pacifique contre la laideur du monde.

Né en 2011, le groupe qui porte le nom du quartier Adonis, près de Beyrouth, a pu s’imposer durant toute une décennie. Le leader du groupe, Anthony Khoury, claviériste, est aussi parolier, compositeur et interprète. Cet artiste complet issu de l’architecture a su s’entourer d’un groupe composée de Joy Abou Jaoudé à la guitare, Gio Fikany à la basse et Nicolas Hakim aux percussions.

Leur rencontre a donné lieu à une formation musicale assez connue au Liban et en dehors du pays à travers des concerts donnés un peu partout en région arabe et dans le monde.

Leur complicité dans la vie comme sur scène est assez palpable grâce à leur leader, un véritable maestro qui a su rendre la prestation d’Adonis assez remarquable. La notoriété du groupe est acquise au fils des années mais surtout par cette véritable communion sur scène, un aspect largement présent chez les artistes occidentaux.

La poésie des mots s’est associée à la beauté des rythmes pop rock et pop électro qui puisent dans le riche patrimoine musical libanais. Adonis revient sur un quotidien libanais dominé par l’incertitude dans des chansons qui sont un condensé d’émotions et de sensibilité.

Dans un point de presse tenu au media center à l’issue de leur spectacle à Carthage, les musiciens se sont exprimés, chacun à son tour, sur la pratique de la musique dans une région en pleine mutation.

Leur inspiration est un juste milieu entre oriental et occidental à tendance pop-jazz. Les préférences vont des chansons de Ismahane, Om Kalthoùm, Fayrouz, Melham Baraket, Wadii Essafi, Ziad Rahbani à celles de Queen, Elton John, Pink Floyd et bien d’autres monuments de la musique moderne.

Le leader du groupe a exprimé sa volonté de collaborer avec des musiciens tunisiens citant son admiration et celle de ses coéquipiers pour des artistes comme Balti

Adonis qui est à son premier passage en région maghrébine a parlé d’une telle responsabilité de se produire sur la scène d’un théâtre aussi prestigieux que celui de Carthage et de pouvoir représenter la nouvelle vague de la musique libanaise dont le groupe est à l’avant-garde. La présence d’Adonis à Carthage se situe dans la continuité de la participation libanaise à ce festival qui a toujours accueilli des artistes du pays du cèdre.

Les deux groupes, tunisien et libanais, incarnent une nouvelle vague de musiciens chanteurs qui essayent de se positionner dans une scène musicale ouverte à toutes les tendances.

La scène alternative demeure peu médiatisée et attire un public plutôt jeune qui lui seul connait les codes de ce genre de musique.