La hausse des matières premières observée depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Omicron et les nouvelles variantes potentielles de COVID-19 pourraient ralentir la reprise économique en Tunisie et exacerber les problèmes structurels, révèle l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Dans sa dernière étude économique consacrée à la Tunisie et présentée lundi, à Tunis, l’OCDE a indiqué que le PIB devrait se redresser lentement, tandis que l’inflation pourrait s’accélérer en 2022, sous l’effet de l’évolution de prix sur les marchés mondiaux des matières premières, outre les goulots d’étranglement au niveau des chaînes d’approvisionnement et des tensions salariales dans le secteur public.

Par conséquent, souligne l’OCDE, il est important de ” s’abstenir de financer le déficit budgétaire par création monétaire et de préparer le passage à un ciblage de l’inflation “.

Elle a, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité d’accroître, à court terme, le taux de vaccination, de renforcer le soutien aux catégories plus vulnérables et de lever ” les incertitudes politiques “.Selon l’organisation, l’accélération des réformes structurelles sera ” la clé ” pour que la Tunisie puisse se remettre complètement de la récession du COVID-19 et surmonter les vulnérabilités économiques et sociales.

A plus long terme, les réformes devraient s’articuler autour de l’amélioration du climat des affaires, de l’enseignement, de la formation professionnelle et des politiques actives du marché du travail, souligne la même source.

S’agissant de l’amélioration de la note de crédit de la Tunisie, l’OCDE a jugé indispensable de réduire la vulnérabilité financière et de garantir la stabilité macroéconomique qui reste menacée par plusieurs facteurs dont le niveau élevé des déficits budgétaires, la balance des paiements, l’encours de la dette, et la montée de l’inflation.

Dans le même contexte, l’étude recommande de contenir la masse salariale du secteur public, de réformer les entreprises publiques et le système de subventions, et d’améliorer l’intégrité et le respect des obligations fiscales.

D’après le rapport, ces mesures permettraient de consolider les finances publiques tout en libérant des ressources pour financer des investissements publics indispensables dans les infrastructures, l’éducation et la santé.

Toujours selon la même source, les réformes devraient permettre de mieux tirer parti de la main-d’œuvre tunisienne qualifiée et de la proximité du pays avec l’Europe. Elle a, dans ce sens, appelé à réduire les obstacles à la concurrence intérieure et aux échanges internationaux et à alléger les charges administratives pesant sur les entreprises. Cela est de nature à favoriser le dynamisme des entreprises et à créer de l’emploi dans le secteur formel.

“Un environnement politique stable essentiel au succès économique”

Sur le plan politique, l’OCDE a estimé que la garantie d’une stabilité politique, l’achèvement de la transition institutionnelle et la consolidation des fondements de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit devraient permettre d’affermir la reprise.” Un environnement politique stable fondé sur la démocratie et l’Etat de droit est essentiel au succès économique “, a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann.

Sur un autre volet, l’étude a estimé que la Tunisie qui reste très exposée au changement climatique devra ajuster son mix énergétique pour assurer une reprise durable, notamment en augmentant la part de l’énergie solaire et des autres énergies renouvelables. Et de souligner l’importance d’attirer les investissements privés dans les infrastructures et les technologies vertes.

Pour cela, il est impératif de lever les obstacles à la concurrence, tels que l’accès au réseau de transmission et de distribution d’électricité, simplifier les procédures administratives et réduire les obstacles à l’importation du matériel nécessaire.