Si le gouvernement de Najla Bouden ne fait pas preuve de vigilance, voire d’extrême vigilance, la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), prévue en Tunisie en 2022, pourrait connaître le même sort que celle du 18ème Sommet de la francophonie, lequel vient d’être reporté sine die pour 2022, et ce pour des raisons en lien avec la crise politique dans le pays.

Au regard de la capacité de nuisance des opposants à l’initiative du 25 juillet 2021, qui seraient nombreux, un récent sondage de l’institut américain, Zogby Research Services assure que 51% de la population tunisienne appelle l’équipe du président de Kaïs Saïed à anticiper et à déjouer, au plan diplomatique, les projets déstabilisateurs de ses détracteurs.

Au commencement, une “infox“ criminelle

D’ailleurs, leur acharnement est tel qu’à peine le Sommet de la francophonie reporté (12 octobre 2021), ces mêmes détracteurs ont commencé à travailler sur le sabotage de la TICAD 8 et à porter préjudice au partenariat tuniso-japonais en diffusant des rumeurs néfastes.

Pour preuve, selon une infox (fake news) diffusée le 14 octobre 2021 par une chaîne de télévision acquise aux thèses de la « 5ème colonne » qui travaille contre le coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021 et relayée par des médias locaux – non professionnels ou malintentionnés -, le Groupe Yazaki, fabricant japonais de composants automobiles implanté en Tunisie et employant 5 400 personnes, à Bizerte et à Gafsa, aurait mis les clefs sous la porte et quitté la Tunisie pour s’installer au Maroc.

Le groupe, par la voix de son directeur général à Bizerte, Safouen Hkiri, a très vite démenti l’information et relevé, par la même occasion, que la diffusion de cette fake news a « perturbé l’activité des usines Yazaki », faisant savoir que « le groupe poursuivra en justice tous ceux qui seraient impliqués dans la diffusion de ces rumeurs ».

Cette fakes news n’est pas fortuite. Elle cible les intérêts tuniso-japonais et intervient deux semaines après une déclaration fort constructive de l’ambassadeur du Japon en Tunisie, Shinsuke Shimizu.

En effet, le diplomate japonais a annoncé, le 30 septembre 2021, que « le Japon est disposé à tripler ses investissements en Tunisie dans les secteurs de la santé, des industries pharmaceutiques et autres secteurs porteurs ».

Il a ajouté que la 8ème édition du sommet nippo-africain (TICAD 8) sera l’occasion pour concrétiser cet objectif. C’est le Premier ministre japonais qui inaugure généralement ce genre de sommet et d’en faire l’annonce.

Les attentes de la TICAD 8

Cela pour dire que les avantages que pourrait tirer la Tunisie de cette 8ème TICAD, tout comme le 18ème Sommet de la francophonie avec son forum économique, sont assez significatifs. Ces deux rendez-vous constituent de précieuses opportunités pour relancer l’investissement direct étranger et le partenariat avec au moins une cinquantaine de pays intéressés par l’investissement aussi bien en Tunisie que dans le reste de l’Afrique.

C’est pour ne pas permettre au président de la république et à son équipe d’en récolter les fruits, à deux ans des élections générales, que les exclus de l’acte de rupture du 25 juillet 2021 font flèche de tous feux pour les saboter.

Néanmoins, en s’attaquant de manière si vile aux intérêts tuniso-nippons, ils font preuve d’une forte déloyauté envers la Tunisie. Ils oublient simplement que le Japon est le deuxième fournisseur d’aide au développement à la Tunisie après la France.

Par le biais de son bras financier et technique, l’Agence Japonaise de coopération internationale (JICA), le Japon a cofinancé depuis 1977 – à des taux d’intérêt préférentiels (2% en moyenne) – une soixantaine de projets structurants en Tunisie.

Mieux l’aide japonaise est déliée. Les Japonais n’imposent pas à la Tunisie d’acheter en contrepartie de l’aide fournie l’achat d’équipements “Made in Japan“.

Le Japon deuxième fournisseur d’APD à la Tunisie

Pour ne citer que le plus récent, la JICA va contribuer à hauteur de 800 millions de dinars (MDT) à la construction de la station d’eau de mer à Sfax. Le contrat a été signé le 9 juillet 2021 à Tunis par la SONEDE et la JICA.

Au nombre des projets réalisés figurent l’imposant le pont haubanais Radès – La Goulette, la centrale électrique de Radès, l’alimentation en eau potable de zones rurales, l’aménagement de périmètres irrigués au nord de Tunis, la protection des villes contre les crues des oueds, la gestion intégrée des forêts, la construction du tronçon autoroutier El Jem-Sfax, l’électrification de la ligne ferroviaire Tunis-Borj Cedria, le pôle technologique de Borj Cédria (réalisation d’instituts supérieurs dans les domaines de la recherche technologique, de l’informatique et de la communication au sein de cette ville-université), l’équipement de la nouvelle maison de télévision).

Comme on le constate, en dépit de la discrétion séculaire des Japonais qui ne font pas beaucoup de bruits quant à l’aide de qualité qu’ils apportent à la Tunisie (mais aussi à d’autres pays en développement du reste), les projets financés ou cofinancés par la JICA répondent aux besoins réels des Tunisiens en matière de développement. Cela illustre, en même temps, l’ampleur des manœuvres assassines des ennemis de la nation pour porter préjudice aux intérêts tuniso-nippons.

Abou SARRA