Le comportement du dinar tunisien dépasse la logique financière. L’évolution de la valeur du dinar exprimée dans les principales monnaies étrangères dépasse l’entendement.

En effet, on nous a toujours enseigné que la monnaie d’un pays est le reflet, le miroir, de la situation économique du pays. Si l’économie se porte bien, la monnaie de ce pays est stable, et elle pourrait même s’apprécier. Si par contre l’économie va mal, cela se reflète normalement au niveau de la monnaie, qui se déprécie.

C’est connu, la monnaie est une variable d’ajustement qui permet surtout de protéger, par sa dépréciation, la balance commerciale, et donc la balance des paiements et le niveau de l’endettement extérieur du pays.

En Tunisie les choses se passent autrement. L’économie est dans un état lamentable, nous le savons tous, mais malgré cela, le dinar s’apprécie. Ceci veut dire que le dinar est en train de monter et donc les cours des devises (euro, dollar, etc.) sont en train de baisser. Un vrai miracle tunisien. N’est-ce pas ?

Lorsque l’économie va mal, très mal, et on fait tout pour apprécier la monnaie et donc l’empêcher de jouer son rôle de variable d’ajustement, ceci aboutit à aggraver le déficit de la balance commerciale en favorisant les importations et en pénalisant les exportations.

Ceci aboutit forcément à augmenter le besoin d’endettement pour couvrir le déficit. Et cela se traduit normalement par une aggravation de l’endettement extérieur. Nous connaissons tous la situation de l’endettement excessif dans lequel se trouve la Tunisie actuellement. Nous connaissons aussi ce qui s’est passé au niveau de la notation souveraine de la Tunisie, Moody’s et Fitch Ratings.

Ceci étant dit, je vous invite à suivre de près la manière avec laquelle le crédit de 500 millions de dollars, assorti de la garantie des États-Unis, et qui vient à échéance le 5 août 2021, va être réglé. Je vous ai déjà expliqué dans un statut précédent la manière avec laquelle un crédit avec les mêmes spécifications avait été réglé le 23 juillet 2021.

Ceci s’appelle la gestion de la parité du dinar dans une économie malade, rendue malade, très malade.

Ezzeddine Saïdane