Le 5 juillet 2017 j’avais publié un statut sur ma page officielle avec comme titre «La planche à billets se déchaîne». Il me semble que la planche à billets se déchaîne de nouveau, mais de manière encore plus dangereuse. En effet la Tunisie devait rembourser le 23 juillet 2021 un crédit obtenu sur le marché financier international en juillet 2014 sur 7 ans avec remboursement en une seule échéance (bullet payment). Ce crédit avait été garanti par les États Unis. Donc si la Tunisie n’honorait son échéance (ne payait pas à temps) les États Unis devaient payer à sa place. Ce qui aurait constitué un incident majeur qui devait accélérer l’invitation au club de Paris et l’engagement du processus de rééchelonnement de la dette extérieure .

Mais nous savions que le budget de l’État ne disposait pas des liquidités nécessaires pour honorer l’échéance. Nous savions aussi que l’État avait déjà du mal à payer les salaires de la fonction publique à temps, et à faire face à ses autres dépenses courantes. La Banque Centrale avait depuis novembre 2020 exprimé son refus, à l’occasion de la loi des finances complémentaire de 2020, de financer le déficit budgétaire. Ce refus était exprimé de manière de manière quasi-spectaculaire. La BCT voulait en effet jouer le rôle de champion de l’orthodoxie financière et monétaire afin de se disculper de sa contribution aux malheurs économiques et financiers que connaît la Tunisie (j’ai défini et détaillé ce rôle dans des statuts précédents). Mais rappelez-vous la BCT avait fini par financer le déficit budgétaire en faisant fonctionner la planche à billets en décembre 2020 et ce en prêtant directement à l’État 2,810 milliards de Dinars sur 5 ans et sans intérêts.

Le crédit qui a été payé le 23 juillet 2021 a été payé en faisant fonctionner de nouveau la planche à billets, mais de manière encore plus stressante. En effet le 22 juillet 2021 l’État, dans une opération inédite, a emprunté auprès des banques tunisiennes 1,4 milliard de Dinars sous forme de BTC (Bons de Trésor à Court terme) sur 3 mois, oui vous avez bien lu sur trois mois, à 6,52%. Le montant de 1,4 milliard de Dinars correspond exactement à la contrevaleur du montant du crédit (500 millions de Dollars).

Cependant les banques tunisiennes ne disposent pas des liquidités nécessaires. Elles se font donc refinancer chez la BCT qui, ce faisant, ne fait que financer le déficit budgétaire à travers la planche à billets et en passant par les banques tunisiennes qui gagnent une marge au passage. D’ailleurs ceux qui suivent de près les données de la BCT ont dû constater que le refinancement des banques par la BCT a bondi en quelques jours de 7,4 milliards de Dinars à 11,4 milliards de Dinars le 22 juillet 2021. Le refinancement des banques par la BCT est bel et bien de la création monétaire à travers la planche à billets.

Question: sur quelles ressources l’État va-t-il pouvoir rembourser les banques tunisiennes le même montant de 1,4 milliard de Dinars le 20 octobre 2021?

Le 5 août 2021 un autre crédit de même montant et de même nature doit être remboursé. Ce crédit est lui aussi garanti par les États Unis. L’État tunisien va devoir procéder de la même manière. Attendez-vous donc à ce que le refinancement des banques par la BCT va de nouveau bondir pour passer à un minimum de 13 milliards de Dinars. L’État tunisien est véritablement aux abois et LA PLANCHE À BILLETS SE DÉCHAÎNE ………….. DE NOUVEAU, sans aucune solution viable en vue.

Toutes les recommandations faites et toutes les solutions proposées jusque-là ne semblent avoir servi à rien.

Ezzeddine Saidane