« L’effondrement du tourisme pourrait coûter plus de 4.000 milliards de dollars à l’économie mondiale ».

C’est le titre à La Une de plusieurs sites web francophones, reprenant ainsi les inquiétudes de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) dans son dernier annuel.

L’organisation onusienne souligne : « alors que le nombre d’arrivées de touristes internationaux a diminué de 74% en 2020 par rapport à 2019, l’année en cours s’annonce encore plus sombre… et seule la vaccination permettra de limiter les dégâts ».

Pourtant, en mai dernier, la CNUCED semblait très optimiste pour le commerce mondial qui devrait, selon ses prévisions, connaître une croissance de 16% en 2021. Mais aujourd’hui c’est un autre ton : « Des aéroports vides, des hôtels et des sites touristiques en manque de réservation et de visiteurs… l’effondrement du tourisme international dû à la pandémie de Covid-19 pourrait entraîner une perte de plus de 4 000 milliards de dollars pour le PIB mondial sur les années 2020 et 2021 », prévoit la CNUCED.

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La vaccination, l’espoir…

Les experts de la CNUCED fondent leurs espoirs sur la progression de la vaccination dans le monde, essentiellement «… dans les pays en développement, largement à la traîne des autres » en la matière par faute d’accès aux différents vaccins.

En effet, l’organisation onusienne indique que « le tourisme international et les secteurs qui en dépendent ont subi une perte estimée à 2 400 milliards de dollars en 2020. Ce, en raison des impacts directs et indirects d’une forte chute des arrivées de touristes internationaux. Et une perte de même ampleur pourrait être enregistrée cette année encore ».

Autant dire que les auteurs du rapport de la CNUCED sont convaincu que «… la reprise du tourisme dépendra en grande partie de la distribution massive de vaccins contre la Covid-19 à l’échelle mondiale. Alors même que les taux de vaccination restent largement inégaux avec moins de 1 % de la population vaccinée dans certains pays et plus de 60 % ailleurs ».

Et ce n’est pas la seule inquiétude de la CNUCED. « Les travailleurs non qualifiés mis au chômage par la baisse des arrivées de touristes ne trouveront probablement pas d’emploi ailleurs ». De son côté, « l’OMT estime que 100 à 120 millions d’emplois directs liés au tourisme sont menacés ».

Dans cette optique, Isabelle Durant, secrétaire générale par intérim de la CNUCED, estime que « le monde a besoin d’un effort global en faveur de la vaccination qui permettra de protéger les travailleurs, d’atténuer les dommages sociaux et de prendre des décisions stratégiques concernant le tourisme, en tenant compte des changements structurels potentiels ».

Mais les perspectives de reprise du tourisme ne sont pas bonnes, car on prévoit au meilleur des cas que “les arrivées de touristes dans le monde s’effondreraient de 63% en moyenne. Conséquence directe des fermetures et quarantaines imposées par de nombreux pays et de la prudence de nombreux consommateurs qui préfèrent limiter leurs voyages“.

Et Zoritsa Urosevic (de l’OMT) de rappeler qu’« aujourd’hui, le tourisme international ressemble à celui d’il y a 30 ans. C’est comme si nous étions dans les années 1980 en termes de flux »…

Les régions du monde les plus touchées par la baisse des arrivées sont l’Asie du Nord-Est, l’Asie du Sud-Est, l’Océanie, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud ; alors que les moins touchées sont l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et les Caraïbes.

Pour paraphraser un illustre agronome français, disons que “le monde est vraiment mal parti“. Quand se relèvera-t-il ?