C’est à 7 500 DT que s’élève, en principe, la prime de contrôle et de recouvrement dédiée aux agents et cadres du ministère des Finances ; une indemnité annuelle dont ils bénéficient conformément au décret N° 3399 du 05 novembre 2011 et attribuée aux personnels titulaires, temporaires et contractuels exerçant au ministère des Finances et à l’Ecole nationale des finances, à l’exception des agents de la Direction générale des douanes.

Cette indemnité est plafonnée compte tenu de la catégorie à laquelle appartient chaque bénéficiaire, et sa contribution dans les opérations de contrôle et de recouvrement et depuis 2013 ; les montants maximum de l’indemnité sont révisés vers la hausse annuellement sur la base du taux d’évolution des recettes à l’échelle nationale. Une augmentation concrétisée par décision du ministre des Finances.

Il faudrait peut-être marquer de deux traits cette dernière phrase stipulée dans le décret en question. Ce qui se traduit par la possibilité d’appréciation accordé au ministre qui a la responsabilité d’évaluer les augmentations en fonction des efforts fournies et du volume des recettes fiscales réalisé par les recouvreurs.

Le fait que les indemnités de cette année ont légèrement diminué lèse-t-il les bénéficiaires ? La réponse est évidement oui, même si elle est justifiée par le fait que les recettes fiscales en 2020 ont diminué. Mais est-ce à dire que l’on doit soumettre tout le pays à un chantage abject dont la seule victime est le peuple ?

Comment peut-on être aussi irresponsables, lorsque nous savons que les gens ne peuvent contracter des prêts sans les timbres fiscaux, que les contrats, passeports et CIN exigent des timbres fiscaux et même les dossiers que l’on doit déposer auprès des tribunaux ?

Les grévistes sont-ils conscients que les bacheliers ne pourront pas passer leurs examens sans CIN et qu’on ne peut avoir de CIN sans timbres fiscaux ?

Le ministre justifie sa décision par le recul des recettes fiscales dues à la crise économique que traverse le pays ; recettes fiscales récoltées en grande partie grâce au paiement en ligne via le service de télédéclaration fiscale qui permet aux contribuables adhérents de liquider et payer leurs impôts à partir de leur poste de travail.

La fermeture des recettes des finances à cause de la pandémie ne serait pas, d’après le ministère des Finances, la raison principale du recul des recettes fiscales. La baisse serait plutôt due à la crise économique gravissime à laquelle est confronté le pays. Les syndicats ont appelé à considérer l’année 2020 comme étant exceptionnelle et à faire bénéficier les agents des mêmes indemnités que celles perçues au titre de l’année 2019 où la pandémie Covid-19 ne sévissait pas, ce qui est illogique pour le ministère. Sachant que, comme expliqué plus haut, ces indemnités dépendent du volume des ressources fiscales qui ont fortement baissé en 2020 et continueront leur recul en 2021. Est-ce à dire que nous devons chaque année nous attendre à des grèves ouvertes de la part des services concernés aux dépens des intérêts du pauvre citoyen ?

Et jusqu’à quand continuera la logique du chantage à la grève dans un pays qui risque la faillite ?

Qui paiera les pots cassés ? Qui assumera cette lourde responsabilité ? Sachant que les agents du ministère des Finances sont les mieux payés de la fonction publique et ont été à l’origine de l’hémorragie des augmentations salariales entamée avec le ministre des Finances du gouvernement BCE, Jalloul Ayed, en 2011.

[…] On ressent une certaine forme de vulgarité et de grossièreté provenant de personnes prétendant représenter la haute administration publique est la plus grande preuve de la déliquescence de l’Etat tunisien et de l’impunité dont jouissent certains cols blancs du pays. C’est la loi du plus fort face à l’absence de l’Etat !

Jusqu’à quand ?

A.B.A