Le directeur général des hydrocarbures, Rachid Ben Dali, a confirmé, mercredi 5 mai, dans une déclaration à l’Agence TAP, que la compagnie pétrolière Shell avait officiellement informé le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines de sa décision de quitter la Tunisie en juin 2022, date de l’expiration de l’exploitation du champs Miskar (gouvernorat de Gabès).

Le géant pétrolier a également informé le département de sa décision d’abandonner la concession Asdrubal (région de Sfax) en 2022, d’une manière anticipée et avant la date de son expiration en 2035.

Se tourner vers les énergies renouvelables

“L’entreprise a expliqué que sa décision de départ émane de sa volonté de renoncer aux activités d’exploration et de production de pétrole et de gaz. Elle a affirmé qu’elle pourrait revenir en Tunisie pour investir dans les énergies alternatives”, a encore indiqué Ben Dali.

Les stations-service “Vivo” de la société Shell continueront, toutefois, à être actives en Tunisie, a ajouté le responsable.

Le géant pétrolier Shell avait annoncé, mardi 4 mai 2021, sur son compte Twitter, qu’il quittera la Tunisie au mois de juin 2022, date de l’expiration du permis d’exploitation du champ Miskar, au sud de la Tunisie.

Perte de 60% de la production de gaz en Tunisie

Shell dispose de deux concessions gazières en Tunisie, le champ Miskar, qu’elle détient à 100%, dont la concession arrive à terme en juin 2022, et le champ Hasdrubal qu’elle détient à hauteur de 50% conjointement avec l’ETAP et dont la concession devait se poursuivre jusqu’en 2035.

Pour cette concession d’Hasdrubal, la compagnie a aussi annoncé qu’elle a demandé une restitution anticipée.

Miskar et Hasdrubal assurent à eux seuls quelque 60% de la production nationale de gaz en Tunisie. Le reste de la production est assuré par le champ Nawara (concession conjointe à 50-50 entre OMV et l’ETAP) et le champ Chergui (concession détenue à 55% par l’ETAP et à 45% par ENI).

Le climat politique et social met fin à 90 ans de présence

Présente en Tunisie depuis près de 90 ans, Shell a cédé en 2011 son activité aval mais a poursuivi l’exploration en amont.

Avec l’acquisition de BG Group en 2016, Shell est devenue propriétaire de la production de champs de gaz offshore et de leurs installations de soutien, d’une usine d’extraction de gaz de pétrole liquéfié, de pipelines, de terminaux de stockage et d’exportation.

Les majors pétroliers cherchent désormais à s’ouvrir à de nouvelles opportunités et à tenir à s’orienter vers des investissements à faible émission de carbone, selon le site oilprice.com. https://oilprice.com/Latest-Energy-News/World-News/Oil-Majors-Look-To-Exit-Tunisia.html.

Mais, le climat politique et social a son rôle à jouer dans cet exode des géants pétroliers et de leur désintérêt de la Tunisie, selon Hamed El Materi, Ingénieur-expert en Exploration & Production pétrolière, ex-conseiller auprès d’un ancien Ministre de l’Energie, en charge du portefeuille des hydrocarbures et membre du Comité Exécutif de TenS (Tunisia Energy Society).

Dans une interview accordée à l’Agence TAP, en mars 2021, Materi avait déclaré que ” ce n’est plus un secret qu’ENI et Shell, les deux seuls Majors opérant en Tunisie, cherchent acquéreur pour leurs intérêts dans le pays “.

La société autrichienne ” OMV ” avait déjà, elle aussi, entamé un ” Divestment plan ” depuis 2017, avec la cession de ses parts dans les joint-ventures (Serept & TPS), pour limiter ses activités au champ de Nawara et ses environs. “Nawara est le seul projet de l’ordre d’un milliard de dollars réalisé en Tunisie depuis 2011 “, avait-il précisé.