La 23e session du Forum international de Réalités se tient les 1er et 2 avril 2021 à l’hôtel Al Hambra à Hammamet sous le thème : «La crise de Covid-19 et ses impacts géostratégiques dans l’espace euro-méditerranéen».

Organisé en partenariat avec la Fondation Friedrich-Ebert (Bureau Tunisie) et l’Institut Europeu de la Mediterrània, IEMed, le forum se veut un espace d’échanges et de réflexions sur les nouvelles initiatives géostratégiques à entreprendre afin de s’adapter à la nouvelle donne. L’objectif étant d’examiner en quoi et comment le partenariat stratégique euro-méditerranéen devrait évoluer pour tenir compte des évolutions post-Covid-19.

La crise sanitaire de Covid-19 s’est installée dans la durée dans le monde. Plus de 200 millions d’individus ont été testés positifs au virus (statistiques officielles – Université John Hopkins) et plus de deux millions de décès dus à ce virus. Ces chiffres sont une estimation basse de l’ampleur de la pandémie et nécessitent d’être réévalués en permanence.

Afin de limiter la progression de la pandémie, la plupart des pays ont instauré un confinement total de leurs populations et ont limité la mobilité des individus. Les impacts économiques et sociaux qui ont suivi sont sans précédents….

Les conséquences de la crise, d’un point de vue géostratégique, ne se sont pas fait attendre. De nombreuses tensions se sont ravivées – opposant la Chine, les États-Unis et la Russie – sur l’origine de la maladie et sur les enjeux du futur vaccin.

Dans ce contexte, la Covid-19 semble redessiner de nouvelles formes de relations géostratégiques au niveau mondial et dans la Méditerranée en particulier. Ainsi, elle joue comme un accélérateur de tendances…

Le partenariat que l’Union européenne (UE) souhaiterait mettre en place en Méditerranée –notamment les accords de l’ALECA – semble être voué à évoluer et à être redéfini en fonction des impacts de la crise sanitaire récente. La fragmentation de certains États – Liban, Syrie, Libye – et les difficultés financières qu’éprouvent d’autres pays de la rive sud de la Méditerranée à boucler leurs budgets (Egypte, Tunisie, Maroc) obligent l’Union européenne à repenser sa politique régionale.

Dans un contexte d’interdépendance croissante de la rive sud de la méditerranée avec l’Union Européenne, de nouvelles initiatives géostratégiques sont nécessaires afin de s’adapter à la nouvelle donne. Les initiatives devraient avoir une ampleur au moins équivalente à celles des enjeux et des plans de relance votés dans l’Union européenne.  

Le Forum de Réalités se propose d’engager le débat afin d’examiner en quoi et comment le partenariat stratégique euro-méditerranéen devrait évoluer pour tenir compte des évolutions post-Covid-19.  

Cinq axes de réflexion seront au cœur des débats :

1 – Repenser les outils du partenariat et notamment le cadre politico-juridique et l’élargissement du marché à la circulation des hommes dans le cadre d’une réciprocité revendiquée par certains pays. De manière plus particulière, la fuite des cerveaux dans certains domaines stratégiques fragilise de plus en plus le développement au sud de la Méditerranée et devrait être compensé par des accords plus équitables sur les travailleurs à faibles qualifications.

2 – Aller au-delà de l’accroissement de l’aide financière. Les pays de la rive sud de la Méditerranée souhaiteraient que l’U.E mette en place des outils de financement de la coopération dans la santé, la formation et l’éducation. Il s’agit également de comprendre le rôle stratégique que pourrait jouer l’Europe dans les plans de sauvetage des économies du Sud de la Méditerranée avec des dettes publiques de moins en moins soutenables.

3 – Mettre en place un pacte sanitaire afin de répondre de manière conjointe aux pandémies et aux menaces sanitaires. Ceci pourrait inclure les protocoles sanitaires, les échanges d’expertise et de données scientifiques, la production et la fourniture de matériel médical et la coopération autour du futur vaccin ou des médicaments. Éradiquer les pandémies et faire face aux menaces sanitaires ne pourraient être une affaire d’une zone géographique donnée.

4 – Mettre en place des mécanismes d’incitation à la relocalisation des activités des entreprises européennes dans une optique de proximité. Plusieurs analyses récentes estiment que la politique de Nearshoring est une option viable de Co-développement dans le nouveau partenariat. La crise de la Covid-19 a montré les limites du modèle de délocalisation des entreprises européennes dans l’Asie du Sud-est.

5 – Mettre en place un partenariat dans la lutte commune contre le changement climatique et les maladies émergentes associés. La Covid-19 n’est qu’un épiphénomène de ce que pourrait impliquer un changement climatique dépassant les +2°C (Accord de Paris). La lutte conjointe contre le changement climatique est une urgence absolue dans le contexte de la décennie décisive.