Kairouan, région du centre de la Tunisie a occupé, en 2019 et aussi en 2020, la tête de liste des gouvernorats tunisiens, où ont été enregistrées le plus de protestations réclamant le droit d’accès à l’eau, selon l’Observatoire social tunisien, relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).

En juillet 2020, le gouvernorat a enregistré 55 mouvements de protestation pour réclamer l’approvisionnement en eau potable, sur un total de 77 mouvements enregistrés dans les 24 gouvernorats du pays.

Sur toute l’année 2019, l’Observatoire fait état de 318 mouvements de protestation, dont 117 ont eu lieu au gouvernorat de Kairouan.

Le nombre de mouvements a encore augmenté avec la propagation de la pandémie du Covid 19, parce qu’il était impossible d’appliquer le protocole sanitaire dans des localités où l’eau est une denrée rare. Dans plusieurs délégations, les habitants se retrouvent dans l’obligation de marcher des kilomètres pour s’approvisionner en eau des sources, selon le rapport annuel publié récemment par le service de la justice environnementale au FTDES.

Le Covid-19 n’est pas la seule menace qui plane sur la santé des habitants et surtout les élèves des écoles primaires dans la région de Kairouan. Car, l’absence de l’eau est aussi une menace réelle et peut engendrer d’autres maladies dans les milieux ruraux, où les élèves des écoles primaires dans les milieux ruraux, n’ont ni le droit à une propre, ni à une éducation dans des conditions convenables et décentes.

Le nombre d’écoles non raccordées au réseau national d’eau potable à Kairouan est estimé, durant la période 2018-2019, à 175 écoles sur un total de 313. Ce nombre était de l’ordre de 179 au cours des années 2014-2015, ce qui prouve que les autorités ne sont parvenues à résoudre ce problème d’accès à l’eau que dans 4 écoles seulement, durant presque quatre années.

Paradoxalement, la région de Kairouan, dont la plupart des habitants de ses délégations souffrent de l’accès difficile à l’eau et même de la soif, compte une dizaine d’unités de conditionnement d’eau minérale. Celles-ci “exercent une pression sur la nappe phréatique, provoquant une baisse progressive des ressources en eau souterraines”, selon le rapport du Ftdes.

Ces habitants, qui sont principalement raccordés à l’eau à travers les Groupements de développement agricole, qui sont au nombre de 150 dans la région de Kairouan, refusent aujourd’hui, selon le rapport précité, de dépendre de ces structures qui ont montré leurs limites et qui se trouvent de plus en plus endettés et mal gérés.

En effet, la région de Kairouan, qui est une plaine de la Tunisie centrale à vocation principalement agricole, n’est pas la seule région qui souffre de la pénurie de l’eau. Gafsa vient en deuxième rang en termes de protestations réclamant le droit d’accès à l’eau potable.

Selon certains experts, les stratégies de l’Etat devraient être révisées et recentrées tout en reconsidérant la ressource en eau et en “se basant sur des analyses des secteurs, de leurs performances et de leurs interactions au niveau local”.

L’experte en agriculture comparée et développement agricole, Rim Ben Zid, avait déclaré, dans une interview accordée à l’Agence TAP, que “”seule une analyse des secteurs et de leurs performances dans les régions, pourra favoriser l’émergence d’alternatives au modèle économique dominant “.