Le projet Initiative d’engagements pour la biodiversité “BIODEV2030 Tunisie” a été officiellement lancé jeudi 3 décembre à Tunis, en webinaire, par le Fonds mondial pour la Nature WWF Afrique du Nord (Bureau de Tunis), avec la participation des bailleurs de fonds et des représentants des départements et acteurs clés de la biodiversité.

II s’agit d’un projet pilote financé par l’Agence française de développement (AFD), coordonné par Expertise France et mis en œuvre par Le WWF, durant deux années (2020-2022), selon Yosr Nehdi, Cheffe de ce projet.

L’objectif de cette initiative est d’accompagner le gouvernement tunisien pour intégrer la question de la conservation de la biodiversité dans, au moins deux secteurs stratégiques qui impactent le plus la dégradation de la nature, a-t-elle dit.

Le projet, qui a pour finalité, de réduire la pression sur les écosystèmes naturels, sera mis en œuvre sur plusieurs étapes, dont la première repose sur une démarche scientifique, des études et un diagnostic pour savoir les moteurs de l’érosion de la biodiversité en Tunisie.

Dans une deuxième phase, il s’agit d’identifier les secteurs qui impactent le plus la biodiversité pour ensuite lancer des dialogues et définir des engagements possibles pour endiguer le déclin de la biodiversité durant la prochaine décennie.

La conservation de la biodiversité devrait être une priorité ! La conservation de la nature reste marginalisée dans les débats politiques, non seulement en Tunisie, mais ailleurs, ont laissé entendre les intervenants au webinaire de jeudi sur la biodiversité. Pour remettre cette question sur les agendas des acteurs politiques et sensibiliser davantage aux enjeux qui y sont liés, le WWF Afrique du Nord a œuvré à renforcer sa collaboration avec les acteurs étatiques clés, notamment, le Ministère de l’Environnement et celui de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, a déclaré Faouzi Maamouri, directeur du bureau de WWF Afrique du Nord.

Cette collaboration a abouti à ” d’excellents résultats et un impact positif concret dans les domaines des aires protégées, de la gestion durable des ressources naturelles, de l’éducation et la sensibilisation environnementales, au renforcement des capacités de la société civile et des populations locales dans les zones forestières de la Tunisie, et ce en alignant sa stratégie avec les priorités nationales “, estime le responsable.

Il a évoqué, dans ce contexte, le projet MS3C, “Mobilisation de la société civile pour mener un dialogue pour renforcer la résilience aux changements climatiques au Maroc et en Tunisie (MS3C)”, mise en œuvre avec l’appui de l’AFD.

Intervenant à ce webinaire, la ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime, Akissa Bahri, a tenu à souligner que ” la préservation de la biodiversité est un prérequis au développement durable et son intégration dans chacun des secteurs économiques s’avère essentielle. Les experts appellent à sa prise en compte dans les décisions politiques et pratiques, à la fois publiques et privées “.

Elle a précisé que le projet ” BIODEV 2030 “, sera mis en œuvre en expérimentant avec un groupe pilote de 16 pays l’analyse scientifique, la discussion et la construction participative d’engagements et de contributions à l’échelle nationale et sectorielle (avec des objectifs établis scientifiquement). ” Le but est ensuite d’accompagner ces pays, dont la Tunisie, à formaliser des engagements volontaires nationaux sur l’intégration de la biodiversité dans les secteurs à fort développement impactant la biodiversité, dans le contexte des discussions sur le Cadre mondial post 2020 pour la biodiversité qui se tiendront lors de la COP 15 en Chine “, a-t-elle précisé.

En effet, la richesse spécifique en Tunisie se trouve localisée dans 69 ensembles d’écosystèmes naturels et 12 ensembles d’agrosystèmes. Ces écosystèmes comptent 7212 espèces, dont 3749 espèces végétales et animales terrestres et 3463 espèces végétales et animales marines et aquatiques et 32 collections de microorganismes, totalisant 22650 souches.

Dans le monde, la dégradation de la biodiversité mondiale et des services écosystémiques s’aggrave à un rythme alarmant. La perte de biodiversité et des services écosystémiques affecte aujourd’hui 3,2 milliards de personnes à travers le monde. L’impact de cette perte ne pèse pas seulement sur le bien-être et la santé des populations humaines mais aussi sur l’économie mondiale. Ces enjeux seront, ainsi, au cœur des pourparlers de la 15ème conférence des parties (COP 15) signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui se tiendra, du 17 au 30 mai 2021, à Kunming en Chine. Annulée en raison de la pandémie de la Covid-19, cette COP, doit fixer la trajectoire mondiale en termes de biodiversité pour les dix prochaines années.

Il y a lieu de rappeler que durant le ” One Planet Summit de Nairobi, le 14 mars 2019, l’AFD a annoncé la création de la Facilité Biodiversité, maintenant désignée sous le nom de BIODEV2030, pour soutenir 16 pays dans l’élaboration d’engagements sectoriels volontaires multi-acteurs, inscrits dans une trajectoire de développement compatible avec la préservation de la biodiversité.

L’un des objectifs de cette initiative est l’identification des principales menaces qui pèsent sur leurs ressources naturelles en lien avec leurs trajectoires de développement ainsi que les opportunités liées à une gestion durable de ces ressources.