La CEMAC à la recherche de 3,4 milliards d’euros pour des projets d’intégration régionale

La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a ouvert, lundi 16 novembre 2020 à Paris, une table ronde destinée à lever 3,4 milliards d’euros pour le financement des projets intégrateurs d’infrastructures de transport et d’énergie dans ses six pays membres.

Organisée les 16 et 17 courant en format hybride (présentiel et virtuel), la table ronde vise à lever des fonds auprès de partenaires bilatéraux et multilatéraux, traditionnels et émergents, publics et privés, afin de couvrir le besoin de financement de onze projets intégrateurs à réaliser entre 2021 et 2025 dans la sous-région. Leur coût total s’élève à 4,072 milliards d’euros, dont 596,74 millions d’euros (14,65%) sont déjà mobilisés. Le déficit de financement s’élève donc à 3,48 milliards d’euros (85,35%).

Le schéma retenu consiste à mobiliser, auprès des bailleurs institutionnels, des prêts à taux concessionnels ou des mixages prêts et dons (« blended finance ») et le secteur privé pour la réalisation de projets en PPP (partenariat public-privé). Les organisateurs comptent aussi attirer la finance islamique, par le biais des sukuk.

« Ces projets pour lesquels nous sollicitons des financements s’inscrivent dans le cadre du plan de relance communautaire et viennent à cet égard renforcer le Programme de réforme économique et financière de la CEMAC. C’est parce que le secteur privé nous paraît le canal le mieux approprié pour une allocation optimale des ressources et, par ailleurs, face aux contraintes d’endettement qui nous imposent de nous consacrer à la viabilisation des finances publiques et de l’endettement, nos Etats ont fait le choix des investissements directs étrangers pour accompagner leurs efforts de développement et de transformation structurelle de nos économies », a souligné le président de la Commission de la CEMAC, Daniel Ona Ondo.

« A cet égard, la plupart des projets présentés à l’occasion de notre table ronde sont prédestinés au partenariat public-privé pour lesquels nous avons dans la sous-région des exemples patents de réussite de ce mode de financement des infrastructures », ajoute-t-il.

Le Premier ministre congolais, Clément Mouamba, représentant le président congolais Denis Sassou N’Guesso, président dédié du Programme de réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), a souligné que « nous recherchons tout particulièrement des prêts à des conditions concessionnelles, ou des mixages prêts et dons et des financements privés pour la viabilisation de certains projets en mode partenariat public-privé ».

En tant que chef de file des partenaires techniques et financiers pour le développement des infrastructures en Afrique centrale, la Banque africaine de développement a déjà fourni un appui pour la réalisation des études nécessaires à la maturation de nombreux projets inscrits dans le Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC), qui fait l’objet de cette table‑ronde. Sur la période 2015-2019, la Banque a mobilisé, en faveur de projets du secteur des transports en Afrique centrale, 1,13 milliard d’euros (768 milliards de francs CFA). Environ 30% de ces financements ont été consacrés, principalement, au développement et à la rénovation de corridors routiers entre États de la sous-région.

À travers sa Stratégie d’intégration régionale pour l’Afrique centrale, la Banque table sur un triplement des échanges commerciaux intrarégionaux, de 2% à 6%, à l’horizon 2025. Les investissements portent sur 3,2 milliards d’UC (4,4 milliards de dollars américains) dans des projets régionaux, avec un partenariat accru avec les autres bailleurs et le secteur privé.

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, dont le discours a été prononcé par Solomane Koné, directeur général par intérim de la Banque pour l’Afrique centrale, a souligné « l’importance des financements pour la réalisation des grands projets structurants en Afrique centrale dans un contexte économique marqué par des tensions budgétaires et l’endettement des États ; ce qui requiert un véritable partenariat stratégique entre les États concernés, les Communautés économiques régionales, les institutions de financement du développement et le secteur privé, en particulier », a-t-il souligné. Il s’est réjoui de la large présence des acteurs, malgré un contexte mondial perturbé par la pandémie de Covid-19.

« La Banque s’appuiera sur son leadership en matière de développement des infrastructures, de dialogue et de renforcement des capacités pour attirer des cofinancements, accélérer la diversification économique, renforcer la gouvernance et faciliter les transformations structurelles en Afrique centrale », a-t-il affirmé dans sa déclaration.