Une convention de partenariat pour la mise en place d’une initiative régionale intitulée “Stress hydrique et changement climatique en Afrique du Nord” a été signée entre l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS).

Cette initiative régionale vise à alimenter le dialogue de politiques publiques dans les pays de la région (Tunisie, Algérie, Egypte, Libye) durant une période de 18 mois et d’encourager le partage de connaissances à une échelle régionale sur les enjeux et solutions permettant de faire face à ces défis, a précisé l’AFD dans un communiqué.

Elle permettra la création d’espaces de dialogue sur le sujet avec la production de documents de synthèse par pays et à l’échelle régionale et la publication de documents de recherche dans les collections de l’AFD.

Cette initiative, conclue jeudi 5 novembre, intervient dans le cadre de la Facilité d’appui au dialogue de politiques publiques et citoyen financée par l’AFD.

D’après la même source, un atelier d’échange de haut niveau sera organisé à Tunis, en juin 2021. Il ciblera et impliquera principalement, les décideurs des pays concernés ainsi que les fonctionnaires travaillant au sein des ministères sectoriels mais aussi transversaux, ainsi que la communauté scientifique, la société civile et le secteur privé.

Selon Khatim Kherraz, secrétaire exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel, ” les cinq pays concernés par ce projet sont tous en situation de stress hydrique ou de pénurie d’eau, que le changement climatique ne va pas améliorer, loin de là “.

Il est donc impératif, a-t-il dit, d’explorer toutes les voies qui permettraient, soit une meilleure gestion des ressources conventionnelles disponibles, soit la mobilisation de ressources non conventionnelles additionnelles, dans le plus grand respect possible de l’environnement.

De son côté, la chargée du programme à la direction régionale de l’AFD en Afrique du Nord, Julie Gonnet, a indiqué que cette initiative devrait favoriser les échanges, le partage de connaissances, la diffusion de bonnes pratiques et de solutions innovantes favorables à l’atteinte des objectifs de développement durable comme l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire, la préservation des ressources naturelles et la lutte contre les changements climatiques.

Selon Gonnet dont les propos sont rapportés dans le communiqué, l’augmentation des températures et la baisse relative des précipitations attendus selon les modèles climatiques de la région devraient conduire à une aggravation de la situation de stress hydrique alors que tous les pays affichent déjà des niveaux de disponibilité de la ressource largement en-deçà du seuil de pénurie défini par l’ONU (1 000 m³/hab./an) et inférieurs à 650m3/an/hab.

Dotée d’un climat naturellement aride ou semi-aride, l’Afrique du Nord, subit d’ores et déjà les effets du changement climatique comme le stress hydrique exacerbé, la baisse des rendements agricoles ainsi que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes, indique le communiqué.

Selon un récent rapport du Réseau méditerranéen des experts en environnement et changements climatiques (MedeCC), la zone subit une augmentation de températures à un rythme 20 % plus élevé que les moyennes mondiales, qui pourrait, sans action supplémentaire, atteindre +2,2°C dès 2040 et aller jusqu’à +3,8 °C dans certaines régions en 2100.Le stress hydrique actuel pourrait accroître les tensions entre les usages et les ressources conventionnelles renouvelables.

En 2019, le World Resources Institute a classé la Tunisie dans la catégorie des pays exposés à un stress hydrique ” élevé “. Avec une moyenne de 410 m³ d’eau par habitant et par an, la Tunisie se trouve clairement sous le seuil du stress hydrique (moins de 500 m³/ habitant / an), selon le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime.