La Tunisie était parmi les premiers pays à attirer l’attention de la communauté internationale sur le danger de la pandémie Covid-19 et ses répercussions majeures (Kais Saied)

Le président de la République, Kaïs Saïed, a déclaré dans un discours adressé par vidéoconférence au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), jeudi 24 septembre 2020, à l’occasion du Sommet sur la gouvernance mondiale post-Covid-19, que la Tunisie était l’un des premiers pays à attirer l’attention de la communauté internationale sur la gravité de la pandémie Covid-19 et ses répercussions sur la paix, la sécurité et l’humanité tout entière.

Le président tunisien estime que la crise de la Covid-19 est une mise à l’épreuve pour la communauté internationale depuis la création de l’ONU, en raison de son impact sur plusieurs niveaux, saluant le rôle joué par l’ONU dans la mobilisation des efforts internationaux en vue d’aider les peuples du monde à faire face à la pandémie, contenir ses effets et limiter sa propagation.

A cet égard, il a indiqué que la Tunisie a appelé à l’adoption d’une nouvelle approche de la sécurité basée principalement sur le renforcement de la coopération et des synergies entre les Etats et les peuples, et fondée sur la conviction qu’aucun pays, quelle que soit sa force, n’est en mesure d’affronter seul, ce qu’il a qualifié d'”ennemi transfrontalier invisible”.

L’initiative tuniso-française…

Il a rappelé que la Tunisie avait, ensuite, pris l’initiative en coordination avec la France, de proposer un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, dans lequel elle avait affirmé que, faire face à la pandémie nécessitait davantage de solidarité internationale ainsi qu’une réponse conjointe, coordonnée et globale sous la supervision de l’ONU, pour un cessez-le-feu immédiat et complet dans toutes les régions du monde, et un engagement en faveur d’une trêve humanitaire dans les différentes zones de conflit, conformément à l’appel de sécurité publique.

Le président de la République s’est félicité de l’adoption, à l’unanimité, de cette décision en juillet dernier, soulignant l’importance de s’en tenir à ses résolutions et de suivre sa mise en œuvre par les différentes parties concernées, notamment à la lumière de l’aggravation des répercussions humanitaires de la pandémie dans de nombreuses zones de conflit, à l’instar de la Syrie, le Yémen, l’Afghanistan ainsi que dans d’autres régions du monde.

Le chef de l’Etat a ajouté que bien qu’elle reflète l’adhésion du Conseil de sécurité de l’ONU à la lutte contre la pandémie, l’adoption de cette décision a, cependant, nécessité quatre mois de négociations difficiles, de divisions profondes et de vives altercations politiques qui ont entravé les travaux du Conseil et limité son efficacité et sa capacité à traiter les questions inscrites à son ordre du jour, en particulier la cause palestinienne.

Accélération de la réforme de l’ONU…

Saïed a souligné la nécessité d’accélérer les travaux et d’activer la voie de la réforme de cet organisme international, afin de conférer la flexibilité nécessaire aux mécanismes de gouvernance et de prise de décision.

Il a également souligné que les répercussions immédiates et directes de la pandémie du Covid-19 sur la situation sanitaire ne doivent pas occulter son impact sur la situation socioéconomique qui “semble être la plus difficile depuis le siècle dernier voire dans l’histoire de l’humanité”, a-t-il dit.

Ceci est d’autant plus vrai, selon le chef de l’Etat, que tous les indicateurs pointent vers une forte régression de l’économie mondiale de l’ordre de 5%, et sera très probablement suivie d’une crise financière majeure dans plusieurs pays du monde, qui seront dévastés économiquement et plongeront des millions de personnes dans la pauvreté, le chaos et le chômage.

Le plaidoyer pour l’Afrique…

Saïed estime que la situation mondiale actuelle pose de nouveaux défis et dicte une réflexion sur l’impératif de pousser cet organe international à aller au-delà du concept de sécurité traditionnelle qui est incapable d’assimiler la totalité des dangers imminents dont les épidémies, les catastrophes environnementales, le changement climatique et la cybercriminalité.

Le président de la République réitère l’appel de la Tunisie à la communauté internationale de continuer de fournir le soutien nécessaire au continent africain et de l’aider à soutenir ses potentiels prometteurs à travers, notamment, la restructuration de la dette extérieure de manière à contribuer à la réalisation des aspirations des peuples à davantage de sécurité, de stabilité et de développement, en plus de la garantie des droits de l’homme, en particulier les droits socioéconomiques et culturels.

Pour un ordre mondial plus juste…

Il appelle à renforcer la coopération internationale et à établir un ordre mondial plus juste, tout en œuvrant à transformer cette crise sanitaire en un nouveau départ qui favorise l’instauration d’un système de gouvernance capable d’affronter tous les défis futurs à travers la révision des priorités et l’adhésion aux valeurs de coopération et de solidarité, qui représentent, a-t-il dit, l’une des forces les plus importantes des sociétés face aux crises et aux enjeux.

Le chef de l’Etat souligne que les perturbations d’ordre politique, économique et social résultant de cette pandémie et de cette nouvelle situation peuvent durer longtemps, et que pour les surmonter, il s’avère nécessaire de procéder à des révisions profondes au niveau des systèmes actuels de gouvernance mondiale et de l’ensemble des concepts dominants (y compris le concept de sécurité et le système de valeurs sur lequel reposent les relations internationales) afin d’instaurer un nouveau modèle de développement pour les générations futures.

Saïed a réaffirmé l’attachement de la Tunisie à l’action commune ainsi que sa ferme détermination à contribuer à l’élaboration d’une nouvelle vision de la coopération pour faire face aux impacts sécuritaires de cette pandémie et lutter contre sa propagation, ainsi que pour atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 sans laisser personne à la traîne afin de préserver la dignité de l’homme et permettre aux peuples du monde de mobiliser leurs efforts pour parvenir à un développement global.