Le monde après la Covid-19 : Les propositions de l’université d’été d’ACMACO (Partie 3 et fin)

L’événement : l’Association Club Mohamed Ali de la Culture ouvrière (ACMACO) a organisé, du 7 au 9 août 2020 à Hammamet, sa 27ème université d’été sur le thème «Le monde après la pandémie de la Covid-19 : pour un nouvel ordre mondial, de la nécessité du changement de paradigme. Quel changement pour la Tunisie ? ».

Cette université d’été a essayé d’apporter des éclairages sur trois questions majeures :

  • Quel état des lieux de la catastrophe humaine, sa face cachée et la nécessité d’un nouvel ordre mondial ? 
  • Quel changement en Tunisie après la pandémie Covid-19 ?
  • Quel rôle dévolu à la société civile dans ce changement?

L’objectif recherché est double. Il s’agit de mettre fin à l’héritage makhzénien qui soutient un système politico-rentier bloquant les évolutions nécessaires aux plans social, écologique et économique, et d’engager la société dans un nouveau contrat social : un Contrat social Citoyen.

Concrètement, cette manifestation s’est distinguée par le fait qu’elle a associé la réflexion à l’action.

La réflexion d’abord, à travers le fait que les conférenciers ont développé une approche théorique multidimensionnelle des facteurs qui ont généré cette grave crise.

Dans une première partie, nous avons évoqué l’état des lieux de la pandémie et son impact socio-économie. Dans une seconde partie, l’accent a été mis sur les fondements du changement à opérer en Tunisie après la pandémie. Dans cette troisième et dernière partie, nous traiterons d’actions concrètes proposées dans le cadre de cette université d’été d’ACMACO.

Abou SARRA

En effet, après les analyses et les débats académiques qui ont marqué les deux premières journées de la 27ème université d’été de l’ACMACO, la troisième journée a été consacrée à la proposition de trois actions concrètes : le lancement du Mouvement Social Citoyen (MOSC), l’organisation d’un festival de solidarité, et le lancement d’un financement citoyen en partenariat avec Enda.

MOSC, ou le mouvement “des sans-pouvoirs“

Présenté par Habib Guiza, président de l’ACMACO, le MOSC, qui regrouperait organisations de la société civile et individus, est un mouvement qui vise à agréger autour de propositions ouvertes les forces sociales de la société civile qui ont porté les ambitions du soulèvement de 2011 sur une base citoyenne.

Concrètement, il s’agit d’un outil de regroupement, d’information des acteurs de la société civile, une outil de mobilisation, un outil de démocratie participative, en complément à la démocratie représentative prise en charge par les partis politiques.

« Sans être ni une association classique de la société civile ni un parti politique traditionnel, le MOSC est un espace pour faire la politique autrement », a-t-on indiqué au cours de cette université d’été.

En plus clair encore, le mouvement social citoyen se propose de devenir “le pouvoir des sans-pouvoirs“, le contre-pouvoir et la force de veille oeuvrant pour la réussite du processus démocratique et agissant comme barrage au retour de toute forme de dictature.

Il servira de plateforme aux sans-pouvoirs afin qu’ils retrouvent suffisamment confiance en leur pays et se comporter en « responsables » de leurs conduites et choix.

En somme, le MOSC serait un outil permanent de solidarité et de vigilance démocratique pour préserver l’Etat de droit et les acquis des citoyens.

Sept grands axes de transformation guideront l’action du MOSC pour faire évoluer la société. Il s’agit de passer de l’assujettissement à la citoyenneté, du nationalisme à l’ouverture, du patriarcat au partenariat, de la rente à la productivité, du gaspillage à la durabilité, d’une société dominée par la loi du marché vers une société socialement régionalement équilibrée et du centralisme au régional et au local.

Point d’orgue de la cérémonie du lancement du MOSC, des femmes et jeunes, membres du comité de pilotage dudit mouvement, ont témoigné de leur action dans le cadre de leurs associations, notamment en direction des populations enclavées et coupées du monde.

Un festival de la solidarité ?

Pour l’ancrer dans la tradition, le MOSC, qui nourrit l’ambition de s’autofinancer, sera adossé à une manifestation mobilisatrice et festive dénommée “festival solidaire“ ou “festival de solidarité“.

Au cours de ce festival, la solidarité de nouveaux acteurs regroupés au sein du MOSC devrait être déclinée sous toutes ses formes pour toutes les couches de la population et toutes les expressions culturelles.

Joli programme pour égayer la société civile.

Il est prévu d’organiser un grand festival de la solidarité citoyenne les 3-4-5 décembre 2020 à Tunis.

Intérêt des structures de microfinance pour le MOSC

La troisième action concrète concerne le financement citoyen du mouvement. A cette fin, un partenariat a été établi entre le MOSC et l’institution de microfinance Enda interarabe dans le cadre de l’Economie sociale et solidaire, de l’auto-entrepreneuriat ou travail indépendant et du financement participatif (crowdfunding).

Souhaieb Belgheith, représentant d’Enda, a tenu à préciser lors de cette université d’été que ce partenariat est conclu avec la filiale d’Enda, association à but non lucratif et non par Enda Tamweel, société anonyme dont les taux d’intérêts sont jugés très élevés (+18%).

Le MOSC doit avoir les moyens de ses ambitions

Au regard de l’ampleur des objectifs fixés au MOSC et de la noblesse des valeurs qu’il véhicule, les participants ont suggéré d’associer à ses activités le corps enseignant, les élèves et étudiants, les parents d’élèves et surtout les artistes.

L’ultime objectif est de diffuser la culture de citoyenneté et de l’enraciner dans l’imaginaire social des Tunisiens.

C’est sur cette note qui a valeur d’un véritable programme politique que la 27ème université d’ACMACO a achevé ses travaux de trois jours.

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