Les représentants des instances constitutionnelles et des structures syndicales et professionnelles du secteur de l’information ont souligné l’existence d’une “volonté de mainmise” sur les acquis constitutionnels réalisés après la révolution, particulièrement dans le domaine des libertés individuelles et collectives.

Lors d’une conférence de presse, organisée mercredi 17 juin 2020, par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), ces derniers ont estimé que “l’initiative du bloc parlementaire de la Coalition al-Karama visant à amender le décret-loi n°116 en est la preuve vivante”.

A ce propos, Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), indiquera que le projet de loi proposé par le bloc de la Coalition al-Karama est de nature à “légitimer la création de médias hors-la-loi” qui ne sont que “les porte-paroles de lobbies politiques ou financiers sous couvert de religion et de modernité”.

Bghouri a fait part de sa crainte que “les mafias prennent en otage les rouages de l’Etat et sabotent tous les acquis réalisés à ce jour”.

Pour lui, “régler la question du renouvellement de la composition des instances ne se fait pas à travers la mise en place de lois sur-mesure”. Car, “le projet de loi proposé par la coalition al-Karama apporte la preuve sur le lien existant entre les Ligues de protection de la révolution (coalition al-Karama), le mouvement Ennahdha et le parti Qalb Tounes qui soutiennent les lobbies et œuvrent à faire voler en éclat les libertés acquises”, s’est-il indigné.

De son côté, Chawki Tabib, président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), a soulevé la question des campagnes de diffamation et des tentatives visant à remettre en question le rôle des instances constitutionnelles.

Il a dénoncé une volonté d’affaiblir le processus démocratique et les instances indépendantes.

Tabib a fait remarquer que les prérogatives qui seront attribuées au Conseil de l’instance de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption et à son président sont considérablement en deçà des prérogatives attribuées par le décret en question.

Pour Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne de travail (UGTT) chargé de l’information, “l’initiative législative proposée par la coalition al-Karama visant à remplacer “l’autorisation” par “la déclaration” peut paraître séduisante en apparence, mais elle a pour but le maintien en place des lobbies financiers et des centres de pouvoir aspirant à retrouver leur position autoritariste”.

La coalition al-Karama a présenté, le 4 mai 2020, une initiative législative visant à amender le décret-loi n° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle.

L’initiative propose le renouvellement de la composition des membres de la HAICA à travers l’organisation d’élections au sein de l’Assemblée des représentants du peuple et l’ajout d’un article sur l’annulation des autorisations pour la création et l’exploitation de chaînes de radio ou de télévision satellitaires.