L’accélération du progrès technologique, appuyée par la révolution informatique, a eu une conséquence positive sur la productivité qui s’est nettement améliorée au fil des dernières années. Cette nouvelle réalité a engendré une nouvelle situation économique, à savoir l’offre qui dépasse la demande, créant dans plusieurs circonstances une stagnation de certains marchés et une chute libre des prix qui ont fini par provoquer le déclin de plusieurs entreprises, voire des secteurs entiers.

Résultat direct de ce nouveau phénomène : apparition d’une guerre des prix ici et là entraînant plusieurs abondants.

La situation s’est aggravée avec l’apparition, en août 2008, de la crise financière qui s’est transformée rapidement en crise économique ayant touché tous les pays à différents degrés. Ce qui a obligé beaucoup de stratèges et responsables économiques à réfléchir en profondeur et à se demander comment affronter la concurrence inattendue, surtout celle des pays asiatiques qui règnent déjà sur plusieurs secteurs.

Cependant, ce progrès technologique a subi depuis quelques mois un coup dur. En effet, partout le travail a pris congé et presque toutes les activités se sont interrompues. Le monde est en train de vivre une nouvelle crise sans précédent qui a touché les différentes économies, des pays faibles comme des puissants. Il s’agit de la pandémie du coronavirus qui traverse les frontières sans passeport ni visa. Un virus qui a commencé à bouleverser la bonne marche de l’économie mondiale et aura dans l’avenir d’importantes conséquences économiques.

Dans l’ensemble, tous les pays du monde ont arrêté presque des stratégies similaires de lutte contre le coronavirus avec quelques spécifications ici et là.

Aussi ne pas oublier certains pays en développement, à l’instar de la Tunisie, qui ont pu atteindre, sain et sauf, l’autre rive. C’est un succès qu’il faut reconnaître malgré les chétives ressources budgétaires de l’Etat.

Les résultats positifs de la stratégie tunisienne de lutte contre le coronavirus ont été reconnus internationalement. Et on peut dire que l’équipe sanitaire dirigée par le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a accompli son boulot avec succès.

Cette crise est complètement différente des autres crises qui ont ravagé le monde à travers les âges et surtout depuis presque un siècle. Cette pandémie a touché en profondeur la vie sociale de tout le monde et a eu un effet de cumul sur l’économie existante. Elle est multiple en ce sens qu’elle touche la santé, les finances et l’économie…

Sans se préoccuper du budget de l’Etat et de ses possibilités, la priorité passe par des actions sanitaires, comme l’achat de médicaments, para- médicaments et accessoires nécessaires pour le traitement de ce virus ou comme mesures contre sa propagation.

Faut-il signaler aussi le soutien budgétaire alloué pour certaines catégories de personnes et d’entreprises de toutes activités.

Aucun pays n’a été épargné par cette pandémie. Des perturbations sociales et économiques ont eu lieu à travers le monde. Tous les pays souffrent. L’arrête de la production a modifié l’offre et la demande, avec les conséquences qu’on connaît : ralentissement de la croissance mondiale, durcissement des conditions financières, recul des cours des produits de base.

Aussi il est important de souligner que le danger de cette crise se traduira par une secousse de la croissance surtout des pays avec lesquels la Tunisie a des relations économiques profondes, en l’occurrence ceux de l’Europe, avec une baisse attendue des exportations des produits tunisiens.

Une nouvelle réalité économique s’est imposée avec force et a obligé les puissants pays industrialisés à se poser de questions sur l’avenir de leurs économies.

Une chose est sûre, c’est que le monde économique a été bousculé, et l’économie réelle a pris un chemin qui n’est pas encore convainquant, ce qui a poussé des économistes et autres stratèges à revoir le système financier actuel et en mettant en cause le comportement de certaines banques quant à la stagnation de l’économie internationale.

Ils essayeront de convaincre les grands décideurs et les influents économistes de mettre à niveau le système financier d’une façon plus réaliste tout en tenant compte des bulles financières, et ce pour que l’économie soit juste et plus réelle.

On peut dire que cette pandémie pourrait constituer un terrain d’entente et de coopération entre certains pays d’une même région, par exemple le Grand Maghreb pour une forte collaboration dans les domaines des produits pharmaceutiques, des désinfectants, des équipements, de test de diagnostic ou des vêtements de protection. La coopération dans le domaine sanitaire s’avère très importante et urgente. De telles décisions devront être prises et mises en œuvre très rapidement.

L’histoire nous a appris que ce genre de crise a toujours un impact à long terme, et pour amoindrir les dégâts et rectifier le tir, il est nécessaire d’agir rapidement ; ensemble et solidairement. Une menace commune qui ne se résout qu’avec une entente internationale et une solidarité sincère. Les pays riches sont censés aider les pays pauvres.

Aucun économiste ou stratège ne peut certifier les futurs impacts financiers et économiques sans faire participer les autres acteurs de l’économie… Beaucoup de facteurs sont encore inconnus. Quels sont les possibilités réelles de chaque pays ? Comment coordonner les efforts des pays et comment remédier en temps réel les futurs symptômes d’une nouvelle épidémie…?

Malgré la bonne fin de cette épidémie en la Tunisie, il faut bien reconnaître que la situation économique est préoccupante et pourrait devenir alarmante si on ne prend pas en urgence des décisions de correction de l’allure de l’économie actuelle.

La situation aura des effets négatifs : durcissement d’octroi des crédits, début de la chute de la croissance, augmentation du chômage… Sachant que la mobilisation des deniers publics pour la lutte contre cette épidémie réduira les fonds disponibles mis pour le développement économique et social.

Ce qui est dangereux pour l’économie du pays et surtout pour le marché du travail, c’est la possibilité d’un déséquilibre structural suite à l’effet du ralentissement de l’activité économique. En Tunisie, le secteur privé fait travailler environ 2 millions de personnes sur un total de 3 millions. Le marché du travail se caractérise par un déséquilibre structurel. Une bonne partie des entreprises sont à l’arrêt et certaines ont repris dernièrement  leurs activités.

La majorité des intervenants dans la vie économique et surtout les chefs d’entreprise cherchent un nouveau chemin ou autrement ils préfèrent réagir une fois que la visibilité sera claire. Ils vont attaquer tout ce qui est urgent, essayeront de trouver le bon chemin qui mène à la sécurité de leurs salariés.

Il est important de distinguer entre la crise sanitaire impulsée due au coronavirus et la crise économique qui en découle. En fait, la crise sanitaire prendra fin prochainement, mais la crise économique prendra la relève. Actuellement la crise économique en Tunisie n’est pas palpable et fera surface surtout quand les entreprises seront vis-à-vis de leurs créanciers privés et étatiques.

Le danger dans l’avenir, c’est l’augmentation du nombre de chômeurs surtout ceux les diplômés…

Il est important pour les décideurs économiques et financiers du pays de bien saisir que la crise actuelle n’est pas une situation passagère, une affaire de quelques semaines ou de quelques mois. Au contraire, elle peut durer quelques années, donc il est primordial, dès maintenant, de tracer une stratégie.

L’exécution de stratégie à petits pas demande beaucoup de temps  puisqu’elle se focalise sur les actions immédiates et urgentes. Tout ceci ne permet pas au chef d’entreprise de voir l’avenir avec un œil ouvert, car il est conditionné par une analyse de la concurrence et non par une analyse stratégique, qui englobe tous les phénomènes économiques actuels et futurs. Une approche qui cherche l’actuel et une autre qui cherche l’avenir et le futur des situations et ses anticipations.

La première conséquence est l’ouverture davantage des frontières commerciales où les activités de tout genre seront renforcées et  développées partout à travers le monde, mais sans créer une relation économique gagnant-gagnant même partiellement dont la part importante reviendra toujours aux pays industrialisés, car les rapports de forces sont encore en leur faveur, et ce pour plusieurs raisons.

Cette ouverture pourrait permettre à certaines entreprises d’avoir une certaine place sur le marché international, surtout pour celles qui ont entrepris une stratégie innovante, basée sur une offre de produits modernes à prix abordable et une qualité prononcée.

Suivra une deuxième partie 

Nouredine ben Mansour

Dr.Ing. Gen., Ex ministère de l’industrie