L’essentiel de la liquidité en Tunisie circule dans le circuit formel, et ce contrairement aux informations relayées par certaines parties. C’est ce qu’a assuré, mercredi 3 juin 2020, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, qui précise que cette liquidité est actuellement estimée à 15 milliards de dinars.

“Il y a presque un milliard de plus de liquidité sortis des banques durant ces deux derniers mois, et ce en raison de la pandémie de la Covid-19 qui a provoqué un mouvement de panique chez les citoyens. Avec la crise, les citoyens ont eu peur de ne pas pouvoir retirer de l’argent”, a-t-il expliqué, a-t-il indiqué lors d’un webinaire organisé par l’Institut des Hautes Etudes sur le thème “De la tempête pandémique au sauvetage de l’entreprise : la bouée de sauvegarde monétaire”.

Interrogé par l’universitaire Tahar El Almi sur la possibilité de mettre en place une mesure visant la refonte de la politique financière via notamment un changement de billets de banque, Abassi a fait savoir qu’il vient d’envoyer une note dans ce sens approuvée par le conseil d’administration de la BCT et adressée au gouvernement.

D’après lui, le cash circulant dans l’activité informelle (contrebande, blanchiment d’argent) est évalué aujourd’hui à seulement 4 milliards de dinars.

Sur ces 4 milliards de dinars, 2 milliards de dinars circulent dans les zones frontalières (Libye et Algérie) et sont donc utilisés dans le commerce transfrontalier.

Sur la question d’envisager une amnistie fiscale pour les personnes exerçant dans le secteur informel afin de ramener le cash dans le circuit bancaire comme c’est le cas en Algérie, le gouverneur de la BCT a souligné que c’est le Groupe d’action financière (GAFI) de la région MENA qui doit trancher cette question.

Selon lui, “même si la Tunisie est parvenue à sortir de la liste grise du GAFI qui englobe les pays considérés comme étant exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, il n’en demeure pas moins qu’elle reste soumise aux réglementations instituées par cet organisme. Il est donc impératif de discuter d’une telle mesure au préalable avec le GAFI MENA.

Il a expliqué que l’Algérie a été considérée par le GAFI comme “pays exposé au blanchiment d’argent” lorsqu’elle a adopté l’amnistie fiscale.