“Un premier draft d’un protocole sanitaire du tourisme tunisien a été adressé aux professionnels du secteur, afin qu’ils y apportent leurs propositions.

Il sera bientôt, discuté entre le ministère du Tourisme et de l’Artisanat et les structures professionnelles avant d’être validé ” a indiqué, mardi après-midi, le ministre du tourisme et de l’artisanat, Mohamed Ali Toumi.

Intervenant lors d’un webinaire ayant pour thème ” De Berlin à Tunis : le Tourisme après le COVID19 ” organisé par la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté en partenariat avec Tunisia Hospitality Symposium (IHEC), le ministre a souligné que ” pour préparer le post-covid, il faut prévoir des mesures de soutien au profit du secteur touristique qui figure parmi les secteurs les plus touchés par la crise. Pour cela, un CMR sera consacré à l’examen des mesures de soutien nécessaires d’ici 48h.”

Il s’est félicité par ailleurs, des déclarations du ministre allemand du développement, Gerd Müller, qui estimait que des vacances en Tunisie, pour les touristes allemands seraient possibles cet été, affirmant que “la Tunisie devrait être prête sur les plans sanitaire et sécuritaire pour recevoir ses clients “.

De son côté, l’Ambassadeur d’Allemagne en Tunisie, Andreas Reinicke, a considéré qu’il faut ” regarder vers l’avant et de chercher l’opportunité dans la crise “.

Il a souligné l’importance du potentiel touristique tunisien, exhortant les tunisiens à profiter des financements et des programmes de coopération prévus par la coopération européenne et la coopération bilatérale avec l’Allemagne pour mettre davantage en valeur ce potentiel “.

Pour sa part, Feriel Gadhoumi, Coordinatrice au sein du Ministère du Tourisme et de l’artisanat, a indiqué que ” le tourisme tunisien a bien démarré en 2020, mais cette tendance a été interrompue à cause de la crise du coronavirus. On estime le manque à gagner causé par cette crise à 6 milliards de dinars “.

Et d’ajouter ” le tourisme tunisien a démontré une certaine résilience face aux crises successives auxquelles il a été confronté. Mais ce qui caractérise la crise actuelle, c’est la forte incertitude et le manque flagrant de visibilité qu’elle engendre et c’est la raison pour laquelle les secteurs directement touchés tels que le tourisme doivent être soutenus pour pouvoir la surmonter “.

Toujours selon elle ” un premier lot de mesures de soutien a déjà été mis en place par les autorités.

Un deuxième lot de mesures va être discuté lors du CMR évoqué par le ministre. Dans le cadre de ce deuxième lot, nous allons proposer la mise en place d’une ligne de crédit destinée à soutenir le secteur “.

S’agissant du protocole sanitaire, Gadhoumi a estimé ” qu’il s’agit d’une obligation et d’un vrai argument de commercialisation, du tourisme tunisien.

Un benchmark international a été effectué pour adapter au mieux ce protocole aux exigences internationales. Une fois validé, ce protocole sera transféré à nos représentants de par le monde, pour le communiquer à nos partenaires.

Ce protocole couvrira toute la chaîne de l’activité touristique depuis l’arrivée du touriste à l’aéroport, jusqu’à son départ “. Gadhoumi a, en outre, affirmé, que ” si la mise en place de la ligne de crédit qui sera discutée lors du CMR,est validée, cette ligne permettra de couvrir les dépenses qu’exigera la conformité aux exigences du protocole sanitaire “.

Dans son intervention, Markus Pillmayer, Professeur à l’Ecole Supérieure de Munich, a déclaré que ” la Tunisie constitue l’une des destinations les plus prisées par les allemands, toutefois, il est encore tôt pour se prononcer sur la possibilité d’envisager des vacances en Tunisie “.

” Les restrictions sur les déplacements sont encore, en vigueur en Allemagne. L’allègement de ces restrictions se fera d’une manière progressive selon les régions.

Les voyages locaux seront favorisés en premier lieu. Il y aura probablement ensuite une ouverture sur les pays voisins et puis, dans une prochaine étape sur le reste des pays.

Cela dépendra aussi, de la reprise et des conditions de reprise des vols internationaux, et des mesures sanitaires prises par les pays vers lesquels les allemands pourraient se diriger “, a-t-il encore noté.

Invitée à donner son témoignage, Mouna Allani Ben Halima, Fondatrice et PDG de l’hôtel La Badira et membre du Bureau Exécutif de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie, a souligné que ” le tourisme tunisien traverse sa quatrième crise après celle de la révolution en 2011, celle en relation avec les attentats en 2015 et celle en rapport avec la faillite de Thomas Cook. Ces crises ont ôté au secteur hôtelier, toute capacité de résilience “.

” Les hôteliers sont aujourd’hui, très inquiets quant à la durée de cette crise mais aussi quant à la pérennité de leurs unités. Les autorités parlent de mesures de soutien, mais on n’a jusqu’à présent rien vu de concret. En 2015 aussi, on a longtemps parlé de mesures de soutien au profit du secteur mais au final les professionnels ont été livrés à leur sort et j’espère que ce scénario ne se reproduira pas “.

Ben Halima a également appelé l’Etat à assumer une contribution dans les salaires des employés durant tous les mois que prendra la crise.

“Dans le meilleur des cas, nous nous attendons à passer une saison estivale avec la clientèle locale seulement. Mais cette clientèle qui a vu son pouvoir d’achat se détériorer fortement à cause de la crise et dont une large frange a déjà liquidé ses soldes de congé durant la période du confinement, sera-t-elle vraiment au rendez-vous ? ” s’est-elle amèrement, interrogée.

Prenant part au débat, Chérifa Lakhoua, Présidente de l’Association Internationale de l’Hospitalité et du Tourisme et coordinatrice générale du Tunisia Hospitality Symposium a axé son intervention sur la nécessité de ” profiter de la crise pour jeter les bases d’une gestion durable et d’un développement durable du secteur pour lui conférer une certaine résilience face aux chocs internes et externes “.