L’Observatoire tunisien de l’économie a appelé, mardi 7 avril, à annuler le service de la dette des pays en développement (PED) en 2020 afin de réduire les impacts économiques et sanitaire liés à la pandémie du Covid-19.

Selon le think tank, cette annulation permettrait à des pays comme la Tunisie de libérer 6,6 milliards de dinars (soit l’équivalent du service de sa dette extérieure pour l’année 2020). “Ce montant représente 2,8 fois le budget annuel du Ministère de la Santé pour 2020 (2,5 milliards de dinars) ou encore 13,8 fois le budget annuel des établissements tunisiens de santé pour 2020 (478 millions de dinars)”, souligne l’Observatoire dans une lettre publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, en soutien à l’appel lancé par 100 organisations internationales pour annuler la dette extérieure des pays en développement.

L’Observatoire plaide, dans ce contexte, en faveur d’une annulation “permanente de tous les paiements de la dette extérieure dus en 2020 par les pays en développement, sans accumulation d’intérêts et sans pénalités”.

Cette annulation, pour qu’elle soit efficace, doit s’appliquer à tous les créanciers, y compris les prêteurs bilatéraux, multilatéraux et privés, afin que l’argent libéré serve à soutenir la lutte contre la pandémie et non à rembourser d’autres dettes.

Pour l’Observatoire, “l’annulation permanente des prochains paiements de la dette serait le moyen le plus rapide de libérer les ressources publiques existantes afin d’endiguer cette crise sans précédent et sauver des vies. La suspension du paiement de la dette des pays les plus pauvres demandée par le FMI et la Banque mondiale ne permettra pas d’atteindre cet objectif si elle ne s’applique pas aussi au pays en développement et si elle ne s’applique pas également à tous les prêteurs et ne fait que reporter les paiements”.

Selon la même source, l’annulation complète de tous les paiements de la dette extérieure est essentielle, ainsi qu’un financement d’urgence qui n’alourdisse pas le fardeau de la dette. Cette mesure doit être suivie d’une approche plus globale et à long terme pour résoudre la crise de la dette.

Et de souligner que la demande du Fonds monétaire international et de la Banque Mondiale de suspendre les paiements de la dette bilatérale des pays les plus pauvres envers d’autres gouvernements ne résoudra pas le problème puisque les effets risquent de durer des années.

“Le fait de retarder plutôt que d’annuler les paiements ne résoudra pas le problème et ne fera qu’alourdir le fardeau de ces pays au moment de la reprise des remboursements”, estime l’observatoire.

Il a, par ailleurs, appelé à mettre à disposition des pays en développement un nouveau financement supplémentaire d’urgence de 73,1 milliards de dollars, soulignant que cette aide devrait être fournie sous forme de subventions, plutôt que de prêts, afin d’éviter que les pays bénéficiaires ne s’endettent encore plus.

“Pour faire face aux pressions de la dette à long terme des pays en développement, les décideurs doivent acceptent enfin de réformer le système international de restructuration de la dette souveraine, une fois la crise aiguë de Covid-19 passée”, peut-on lire de même source.