Il est évident que les Africains n’ont pas les moyens matériels et financiers pour lutter efficacement contre la pandémie du coronavirus. Par contre, dans beaucoup de pays, les populations étant des oubliés du développement voire du progrès, alors on a appris à “se débrouiller” tant bien que mal.

Et figurez-vous bien, l’Afrique pourrait sortir gagnante de cette pandémie, tant on voit ici et là d’applications numériques plus ingénieuses les unes que les autres, comme l’a souligné dans une interview le Franco-Malien Karim Sy, président de Digital Africa.

Et il y croit. Car, selon lui, “la progression inégalée du téléphone et d’Internet ainsi que la jeunesse des populations africaines pourraient se révéler des atouts contre la pandémie…”.

On estime qu’en Afrique “malgré les difficultés en Afrique de confiner des populations, majoritairement employées dans l’informel et qui ont besoin de sortir de chez elles pour générer des revenus, jamais l’utilisation d’Internet n’aura été aussi cruciale pour assurer le cours normal de la vie”.

Il faut souligner que dans la plupart des pays du continent, l’armée est mise à contribution pour confiner la population, c’est le cas notamment au Nigeria, au Burkina Faso, en Afrique du Sud…

Mais il en va de la survie des populations de ces pays, démunis qu’ils sont en termes de centres de santé, de matériels de test, de lits d’hôpitaux, d’appareils respiratoires, de médicaments, sans parler de médecins. “… Une autarcie qui va aller en s’amplifiant puisque, compte tenu de leurs relations avec la Chine et des pays européens parmi les plus touchés comme l’Italie, l’Espagne ou la France, nombre d’États africains n’ont pas eu d’autre choix que de suspendre les liaisons aériennes et de fermer leurs frontières pour se protéger”.

En tout cas, le Franco-Malien, fondateur de l’initiative Jokkolabs en 2010, a réussi à tisser un réseau d’infrastructures «invisibles» dans toute l’Afrique et au-delà. “Aujourd’hui devenue l’un des principaux réseaux de hubs d’innovation sur le continent, Jokkolabs se veut l’un des premiers pôles d’innovation en Afrique subsaharienne. À l’instar de la GSM Association, qui représente 800 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile dans 220 pays, ou bien du think tank Briter Bridges fondé par Dario Guilani pour donner plus de visibilité aux start-up marocaines”, apprend-on.

Karim Sy fédère donc, à partir de Dakar au Sénégal, des jeunes entrepreneurs de l’économie digitale grâce à la création de différentes «communautés d’innovation».
D’août 2017 à juillet 2019, il a siégé dans le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), après avoir été coopté par les équipes d’Emmanuel Macron. Avant d’être élu, en octobre 2018, président de Digital Africa, une alliance à but non lucratif voulue par le Président français et financée par l’Agence française de développement (AFD), ainsi que sa filiale pour le secteur privé, Proparco. C’est donc avec une «immense fierté» qu’il a accepté de diriger Digital Africa dont la mission est de «façonner et de renforcer l’écosystème africain de l’entrepreneuriat et de l’innovation afin de libérer des opportunités pour les entrepreneurs en Afrique», déclare-t-il sans ambages.