“La santé de nos citoyens passe évidemment avant tout et nous félicitons nos autorités sanitaires pour leur bonne gestion de la crise engendrée par la pandémie du Covid-19 ! Des messages rassurants ont été émis aussi par notre gouvernement quant à sa détermination à venir en aide à notre tissu économique et à nos entreprises confrontées à des difficultés qui risquent de s’aggraver dans les semaines et les mois à venir”.

Espérons que les mesures de soutien arrivent RAPIDEMENT

“Et en attendant cela, un seul souhait : que l’on arrête ce lynchage en règle des chefs d’entreprise, les vrais. Ceux qui se battent depuis des années pour maintenir à flot leurs activités productives et leurs emplois, malgré des conditions plus que difficiles”.

“Des chefs d’entreprise responsables dans leur majorité, et qui, outre leur inquiétude sur la santé de leurs proches et de leurs collaborateurs, ont aujourd’hui de nombreuses préoccupations”. L’appel émane de Nafaa Ennaifer, membre du bureau exécutif de l’IACE et vice-président de la Fédération des Textiles.

Il faut dire que les Chefs d’entreprises auxquels on demande des gestes forts de solidarité, ce qui apparaît évident en période de crise, peinent dans leur grande majorité à joindre les deux bouts.

S’acharner sur des PME et des TPE et même de grands groupes en souffrance au vu de la conjoncture économique internationale, ne sert qu’à nourrir des sentiments malveillants et creuser le fossé entre Tunisiens de différents milieux socioprofessionnels.

Sachant que le secteur privé emploie 2 millions de personnes qui ne doivent pas mourir de faim s’ils échappent au virus.

Le monde est en guerre mais pas seulement contre le coronavirus, l’économie mondiale bat de l’aile et la crise se profile à l’horizon d’où les nombreuses mesures prises par les pays développés et émergents pour soutenir leur tissu économique et se préparer à la relance.

Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie n’a pas cessé de clamer que son pays est en pleine guerre économique et financière. Outre les 300 milliards d’euros de garantie de l’État français pour les prêts bancaires et 1.000 milliards d’euros de garantie européenne pour les prêts bancaires, il a annoncé une aide de 45 milliards d’euros en faveur des entreprises et des salariés.

Au Maroc, un comité de veille économique a été mis en place et un Fonds de 1 milliard d’€ a été alloué à la mise à niveau du système de santé et le soutien à l’économie sans oublier la suspension des charges sociales pour les entreprises et le moratoire sur le remboursement des crédits bancaires.

En Tunisie, les mesures en faveur du soutien au tissu privé tardent à venir pendant que des voix fusent de partout «intimant l’ordre» au tissu entrepreneurial de décaisser de ses poches pour les dépenses de santé dont le pays aura besoin dans sa guerre contre le covid-19.

Certaines personnes font montre d’une hostilité déclarée envers les créateurs de richesses allant jusqu’à les accuser de profiter du système et de ne pas soutenir leur pays en détresse : «De tels commentaires dénotent d’une méconnaissance totale du rôle et de l’importance capitale du secteur privé, de son apport capital en terme de création de richesse, d’emplois, de devises et de financement du budget de l’Etat. Ni d’ailleurs des enjeux actuels et des périls encourus par le pays si des pans entiers de son industrie et de ses acteurs économiques mettent la clé sous la porte. Quand je vois ce qui se décide actuellement dans plusieurs pays (même libéraux), comme les USA, l’Allemagne, la France, l’Italie ou encore l’Egypte et le Maroc, je me dis que chaque pays aura le sort que lui veulent ses gouvernants et …ses citoyens.

Et juste un détail: “vous savez que les salaires du mois de mars du secteur public ne pourra être servi qu’avec les impôts directs et indirects qui vont être collectés durant ces jours-ci auprès du secteur privé” rétorque Nafaa Ennaifer.

Il n’est pas le seul à réagir de la sorte, Monia Jeguirime Essaidi, entrepreneure, rappelle à ceux et celles qui semblent l’oublier que “le secteur privé ce n’est pas les grands groupes prospères qui sont visibles. C’est une majorité de PME qui emploient, payent leurs impôts, leurs charges sociales, les lourdes factures de la STEG, les crédits, leurs fournisseurs étrangers qui n’attendent pas et luttent contre une administration lourde, des banques gourmandes et un système judiciaire défaillant. Le secteur privé lutte aussi contre l’informel. Hélas ceux que nous voyons aux devants de la scène ne sont pas toujours représentatifs du secteur privé”.

arrêtons de diaboliser le secteur privé c’est injuste

A situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelles

Notre gouvernement et son Chef, frileux à souhait ne semblent pas prêts à prendre les mesures qui s’imposent pour gagner aussi bien la guerre contre le coronavirus que celle pour la relance économique. Dans l’attente, l’urgence est au sauvetage de ce qui peut l’être. Et en haut des préoccupations des chefs d’entreprises, énumère Monsieur Ennaifer figure ces impératifs :

    • Trouver le moyen de limiter le risque de propagation du virus dans le milieu professionnel, et notamment dans des usines comptant souvent des centaines de personnes ?
    • Gérer l’absentéisme dû notamment à la peur compréhensible des salariés, et faire avec la réduction des heures de travail ?
    • Assurer le respect des délais de livraison des exportations pour éviter les annulations par des clients qui n’attendent que cela ?
    • Faire face aux conséquences financières des annulations de commandes par ceux qui, parmi les donneurs d’ordre étrangers, sont eux mêmes en difficulté et pourraient invoquer à n’importe quel moment le cas de force majeure pour se désengager ? (et c’est déjà le e cas) ;
    • Respecter ses engagements avec ses fournisseurs et sous-traitants et payer les salaires en temps et en heure, malgré des livraisons qui ne partent pas, des ordres en stand bye des clients en chute d’activité et qui ne payent pas ;
    • Assurer la pérennité d’entités économiques que nous avons mis des années à développer et éviter de perdre des investissements, des savoir-faire et des emplois précieux….Non la plupart des chefs d’entreprises ne passent pas leur temps à vampiriser leurs employés et les exploiter pour amasser des tonnes d’argent, acheter des yachts et des jets privés et faire le tour du monde alors que les autres triment pour eux, leur grande majorité se bat chaque jour pour survivre.

Nombreux sont emprisonnés à cause de chèques impayés pour défaut de paiement du gouvernement (le BTP comme exemple), d’autres se voient dépossédés de tous leurs biens par les banques parce qu’ils n’ont pas pu honorer leurs échéances et rembourser leurs crédits.

Les malhonnêtes existent partout et pas seulement dans le secteur privé. D’ailleurs les plus grandes entreprises sont aujourd’hui ces partis politiques qui, justement, pompent l’argent chez les opérateurs privés, lesquels, abandonnés par l’Etat et diabolisés par l’opinion publique cherchent protection chez les gouvernants potentiels, la payant cher.

Le déficit budgétaire ou les caisses vides ne doivent pas justifier la démission de l’Etat face à la détérioration du tissu économique, car lorsque le fléau du coronavirus passera, nous aurons besoin de relancer notre économie et ce n’est pas en jouant aujourd’hui aux autruches et en avançant l’argument de la santé d’abord que nous pourrons demain nourrir les bouches affamées des chômeurs de demain et de leurs familles.

Le monde entier est en guerre, une guerre contre le virus et en guerre pour survivre après le chaos sanitaire.

A situation exceptionnelle, des mesures exceptionnelle. Quand est-ce que notre gouvernement sortira de sa léthargie?

Amel Belhadj Ali