Les députés ont de nouveau critiqué, mardi, le recours de l’Etat aux emprunts, lors d’une plénière consacrée à l’examen d’un projet de loi portant approbation de l’accord de crédit, signé le 31 janvier 2020, entre le ministère des Finances et des banques locales pour le financement du budget de l’Etat.

Il s’agit de l’accord de crédit en devises d’un montant de 455 millions d’euros (1417,17 MD), signé par le département des Finances et 17 établissements financiers locaux.

Il est destiné à alimenter le budget de l’Etat pour l’exercice 2020, “conformément aux dispositions de la Loi de finances 2020 et aux équilibres budgétaires”, selon l’ex-ministre des Finances, Ridha Chalghoum.

Le taux d’intérêt de ce crédit a été fixé à 2% en cas de remboursement sur deux ans, à 2,25% en cas de remboursement sur trois ans, et à 2,75% en cas de remboursement sur cinq ans.

Dans leurs interventions, des parlementaires ont estimé que ce crédit risque d’anéantir la liquidité des banques tunisiennes et du coup affectera leur capacité à octroyer des crédits aux entreprises en difficultés économiques et aussi aux particuliers.

“La charge de la dette continue de s’alourdir pour les citoyens et les entreprises économiques à la fois”, ont encore fait remarquer les parlementaires. D’après eux, ça pourrait ouvrir la voie à “des choix douloureux” pour sortir de la crise.

Des députés sont allés jusqu’à dire que le recours de l’Etat à l’emprunt est devenu une habitude et un besoin systématique, dénonçant l’orientation des fonds empruntés vers des besoins de consommation en non pas vers l’investissement ou la création d’emplois.

Certains parlementaires sont revenus, dans ce contexte, sur l’importation par l’Etat, de produits qui ne sont pas tous nécessaires aux besoins des tunisiens, appelant à limiter les importations aux produits de première nécessité.

Des députés ont qualifié la situation de la finance publique “d’alarmante”, contrairement aux déclarations plutôt “rassurantes” de l’ex-ministre de la Finance.

Le gouvernement est appelé, d’après leurs dires, à rétablir le climat de confiance, à bien se préparer aux prochaines négociations avec le FMI, prévues le 20 mars 2020 et à introduire des réformes urgentes pour lutter contre l’évasion fiscale, l’économie parallèle et la contrebande.

Ils ont mis en garde, à cet effet, contre le risque de voir se reproduire en Tunisie, l’expérience douloureuse du Liban et de la Grèce, où l’endettement a mené à un effondrement de l’économie nationale.