Elyès Fakhfakh, désigné par le président de la République pour former le gouvernement, a dévoilé une liste de 32 membres, dont deux “ministres d’Etat“ et deux secrétaires d’Etat.

Avant la présentation de cette équipe aux députés en vue d’obtenir leur confiance, une petite lecture s’impose, notamment en ce qui concerne le titre de “ministre d’Etat“.

Revenons un peu à l’histoire pour souligner, selon Wikipédia, qu’en France ce titre est apparu sous Louis XIII pour «… désigner les conseillers du roi qui siégeaient au Conseil d’en haut, futur Conseil d’État… ».

Faisons simple. Un ministre d’Etat est un ministre  qui «… jouit d’une prééminence protocolaire dans le gouvernement, devant les ministres, et qui disposeraient de la prérogative d’organiser des réunions interministérielles». C’est en quelque sorte un “vice-Premier ministre“ qu’on ne veut pas nommer.

Mais vous conviendrez avec moi dès lors que ce titre s’adapte plutôt à un pays “normal“. Et force est de constater que la Tunisie ne peut pas, actuellement du moins, être classée dans cette catégorie.

Voici une preuve éloquente. Le gouvernement Fakhfakh compte deux ministres d’Etat, en l’occurrence le “Transport“ et la “Fonction publique“. Les deux récipiendaires sont respectivement Mohamed Anouar Maarouf (Ennahdha) et Mohamed Abbou (Courant démocrate).

Mais alors, en quoi ces deux ministères ont de particulier pour être qualifiés de “ministères d’Etat“ ? Intrinsèquement, rien, notamment par rapport aux ministères de souveraineté, Défense, Affaires étrangères, intérieur et justice? Donc on peut deviner que, sous la pression d’Ennahdha et du Courant démocrate, Elyès Fakhfakh a été obligé de donner ce qualificatif à ces deux membres de son gouvernement.

Dans l’ensemble, on craint que ce futur gouvernement –qui obtiendra la confiance des députés- n’ait pas une longue vie. Car à regarder de plus près, on perçoit une sorte de rafistolage alors que le pays a besoin d’un gouvernement de combat, au figuré comme au propre, pour se sortir de la crise de confiance dans laquelle il se débat depuis plusieurs années maintenant.

Et c’est dommage, parce que cette équipe gouvernementale contient des compétences lesquelles, malheureusement, risquent de se noyer dans la masse qui est tout sauf “compétente“. Parmi les compétences, nous citons –à notre charge bien évidemment- Mohamed Fadhel Kraïem (aux Technologies et la Transition numérique), Mohamed Nizar Yaïch (aux Finances), Mongi Marzouk (à l’Energie et à la Transition énergétique), etc.

Que Dieu bénisse la Tunisie, comme dirait un Américain !

Tallal BAHOURY