On peut encore sauver la Tunisie, par une “Conférence des 3 plus 2“, c’est-à-dire Ennahdha, Qalb Tounes et le Courant démocrate, d’un côté, et l’UGTT et l’UTICA, de l’autre. On l’appellera les “Etats généraux des cinq pour la formation du GUN“ ou gouvernement de salut national (GSN).

Mais diable, pourquoi Elyès Fakhfakh s’est-il embourbé dans cette situation comme un lycéen ? Pourquoi a-t-il prêté “allégeance“ au président de la République qui, dans le cas présent, n’avait qu’une petite et très limitée prérogative constitutionnelle ?

En effet, le rôle du chef de l’Etat consistait à nommer le chef du gouvernement dès lors que le parti ou coalition majoritaire au Parlement a échoué. Donc, Fakhfakh devrait le savoir.

Mais au lieu de cela, il a préféré nouer son destin à celui du président de la République, alors que c’est le Parlement, comme le veut la Constitution de 2014, qui doit lui donner sa bénédiction.

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Deuxième faute grave : dès sa première conférence de presse, alors que rien ne l’y obligeait, Elyès Fakhfakh annonce l’exclusion des «partis n’ayant pas appelé à voter pour Kaïs Saïed. C’est beaucoup plus qu’une faute, UNE BÊTISE POLITQUE.

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Mais il y a une troisième maladresse : alors qu’il avait un matelas pour former –vite et bien- son gouvernement, Elyès Fakhfakh a jugé utile de se compliquer la tâche. En effet, lorsque le président a demandé aux partis politiques de lui fournir des noms de personnalités capables de conduire un gouvernement, une quarantaine de noms lui ont été donnés, parmi eux il a d’ailleurs choisi Fakhfakh. Dans le reste, ce dernier avait de quoi former son gouvernement avec beaucoup de chance de réussir, car ces noms ont été suggérés par les partis, donc logiquement ils allaient obtenir leur votes de confiance au Parlement.

Maintenant que le mal est fait, que faire ?

Nous suggérons l’organisation des “Etats généraux des cinq pour la formation du gouvernement de salut nationale“, lequel inclurait Ennahdha, Qalb Tounes et la Coalition démocrate (pour ce qui est des partis politiques), en plus l’UGTT et l’UTICA.

Cela saute à l’œil nu, en cas d’entente, ce tour de table a de quoi sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve. Puisque politiquement, ces trois partis pèsent près de 130 voix à l’Assemblée. Et socio-économiquement, l’UGTT et UTICA ont besoin que le pays ait un gouvernement et qui puisse réussir.

Mais qui peut convoquer ces états généraux ?

Compte tenu du fait que cet état de fait n’est pas prévu par la Constitution, nous estimons cependant que le président de la République pourrait jouer un rôle important voire central en ce sens.

Mais est-ce qu’il le veuille ? C’est une autre paire de manche.

Tallal BAHOURY