Le bloc parlementaire du parti destourien libre (PDL) a présenté une initiative législative relative à la création de l’agence “Tunisie Trésor” qui sera chargée de rationaliser la dette du pays et une autre concernant l’adoption de “la règle d’or” visant à maîtriser le déficit budgétaire qui ne doit pas dépasser 3% du PIB lors de la préparation du budget de l’Etat

La présidente du parti, Abir Moussi, a indiqué, lors d’une conférence de presse tenue, dimanche 2 février à Tunis, que ces deux initiatives ont été déposées, la semaine dernière, au bureau d’ordre de l’Assemblée des représentants du peuple(ARP).

Elle a exprimé son souhait que ces deux initiatives seront acceptées par les autres partis représentatifs à l’assemblée afin de contribuer à assurer une bonne gouvernance de la dette laquelle a atteint, au cours de ces dernières années des “niveaux inquiétants”.

Pour la présidente du PDL, la hausse vertigineuse du niveau des dettes, notamment extérieurs, est devenue un sujet de préoccupation, selon la plupart des experts économiques, évoquant que les niveaux effrayants d’endettement constituent une menace pour la souveraineté nationale, l’indépendance de la décision tunisienne et l’avenir des générations futures.

La proposition présentée par le PDL (17 députés à l’ARP) concerne la création d’une agence technique chargée de la gestion de la dette publique, la mobilisation des ressources financières du pays, la rationalisation de l’endettement ainsi que le choix du moment opportun pour obtenir des prêts, en particulier, les moyens et les modalités d’obtention des prêts extérieurs.

L’agence “Tunisie Trésor” sera chargée d’assurer l’audit des crédits, souligne Moussi, critiquant l’utilisation de plusieurs crédits dans le financement des dépenses et des salaires au lieu de les orienter vers le développement et le renforcement de l’investissement.

La deuxième proposition législative déposée par le parti, vendredi dernier, concerne l’amendement de la loi organique relative au budget de l’Etat.

Il s’agit de préciser que le plafond du déficit budgétaire ne doit pas dépasser 3% lors de la préparation du budget de l’Etat et qu’une autorisation de 4% sera accordée dans les cas exceptionnels.

Un Conseil économique, social et du développement durable (CESDD)

Par ailleurs, Abir Moussi a annoncé que le parti compte déposer, au bureau de l’ARP, une nouvelle initiative législative qui consiste en la création d’un conseil économique, social et du développement durable.

Cette structure œuvrera, selon elle, à rationaliser les initiatives législatives dans les domaines économiques, sociales et environnemental.

De son côté, l’expert économique, Moez El Joudi (indépendant) considère que le niveau de l’endettement en Tunisie a atteint des niveaux inquiétants et que les besoins d’emprunts internes et externes devront atteindre, cette année, environ 12 milliards de dinars.

Dans une déclaration à l’Agence TAP, il a qualifié les initiatives législatives présentées par le PDL de “positives”, car elles contribueront à mieux rationaliser l’endettement, soulignant que le recours à la dette ne doit pas être automatique pour financer des dépenses publiques censées être financés par les ressources propres de l’Etat.

De même, il a estimé que la création de l’Agence “Tunisie Trésor” est une initiative très importante qui facilitera la gestion et la gouvernance de la dette.

Quant à l’économiste Ezzedine Saidane (indépendant), il a tiré la sonnette d’alarme, indiquant que l’accumulation du montant de la dette publique et de la dette extérieure constitue “l’un des plus grands défis auxquels la Tunisie doit fait face”.

La dette publique, selon les normes internationales, ne devrait pas dépasser 60% du produit intérieur brut (PIB), sans compter les dettes des institutions publiques, explique-t-il. Et de rappeler que la dette de la Tunisie a atteint, jusqu’à présent, 75% du PIB, soit environ 86 milliards de dinars, contre 25 milliards de dinars en 2010, outre la dette extérieure qui représente près de 100% (en devises) du PIB.